Appel à Communication
Colloque International
du 17 au 19 janvier 2013 , Port-au-Prince, Haïti
La poésie haïtienne dans le contexte latino-américain et caribéen
La place de Georges Castera fils
Organisateurs : Fondation Culture Création (FCC), Université d’Etat d’Haïti (UEH), Université Quisqueya (UniQ), Institut Français Haiti (IFH), Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), Fondation Anne Marie Morisset (FAMM), Fondation Haïtienne de l’Enseignement Privé (FONHEP), Les Ateliers Jérôme, Centre PEN Haiti, Communication Plus, Le Nouvelliste.
Comité Scientifique : Gerard Dessons (professeur de langue et littérature françaises, Paris 8), Jean-Durosier Desrivières (poète, dramaturge et critique), Claire Joubert (professeur, domaine de recherche poésie, Paris 8), Christiane Ndiaye (professeur titulaire, Département de langues françaises, Univ. de Montréal), Nadève Ménard (professeur, UEH), Darline Alexis (professeur, UniQ), Evelyne Trouillot (écrivain), Renaud Govain (linguiste, professeur UEH).
Langues d’intervention : Français et Créole
Durée d’intervention : maximum 20 minutes
Objectifs du colloque :
- Analyser la production poétique haïtienne et la place particulière qu’y occupe l’œuvre de Georges Castera.
- Prendre connaissance des réflexions en cours sur la poésie des auteurs de la Caraïbe et de l’Amérique latine.
Argumentaire:
Tandis que la poésie paraît être reléguée au second plan ailleurs, elle demeure encore dans beaucoup de pays de l’Amérique latine et dans certaines îles de la Caraïbe un genre privilégié. En Haïti, on parle même d’un genre majeur, avec une forte production à la clé. Car, d’un point de vue purement générique, de nombreux auteurs se sont manifestés a priori comme poètes dans le champ littéraire haïtien, avant de devenir romanciers, nouvellistes, dramaturges ou essayistes; d’autres continuent à entretenir leur lien avec la poésie, tout en produisant des écrits ou des œuvres d’art d’une autre nature et envergure.
La poésie moderne et contemporaine haïtienne, à la fois locale et migrante, évolue et se pratique intensément dans les deux langues officielles du pays désormais: d’abord, le français qui s’arcboute sur une grande mémoire culturelle et littéraire, puis le créole qui s’est affirmé, depuis près d’une quarantaine d’années, en tant que langue d’écriture, au terme d’interminables luttes, travaux et recherches soutenus, menés tant par des linguistes, des didacticiens, des pédagogues, des théoriciens, que par des créateurs, notamment le poète Georges Castera fils qui pratique les deux langues à un rythme régulier, au regard de ses parutions qui constituent une œuvre imposante.
Le but de ce colloque est donc entre autres de dévoiler, d’abord, tout un pan du patrimoine littéraire haïtien en tenant compte de sa dimension moderne, ses hiatus et ses cohérences, ses faiblesses et ses avancées, sa portée et son impact; ensuite, de dégager les rapports que cette poésie et ses auteurs entretiennent avec des sphères culturelles et géographiques proches, en soulignant certaines singularités – l’occasion d’interroger la poétique castérienne, par exemple; enfin, de chercher à élucider un certain nombre de problématiques renvoyant aux situations de cette poésie.
Axes d’études proposés:
1 – Mouvance, tendance et / ou sensibilité : cet axe tend à présenter le cheminement de la poésie des espaces ciblés et ses auteurs d’un point de vue historique. Il s’agit d’attirer l’attention sur les démarches de groupe et d’isolement, les conséquences de l’exil ou des départs sur les écrits de nombreux auteurs, les effets de ruptures et / ou de continuité, les rencontres (entre poètes haïtiens, français, cubains, canadiens, martiniquais, etc.), la nécessité ou non de l’ancrage dans le réel et l’imaginaire national ou de l’exploration d’autres lieux, d’autres perspectives. Dans le cas d’Haïti, on pourra mettre en avant le passage de témoin d’une génération ancienne (René Depestre, Frankétienne, Anthony Phelps, Georges Castera, etc.) à une génération intermédiaire (Marc Exavier, Rodney Saint-Eloi, Joubert Satyre, Kettly Mars, etc.), puis aux nouveaux souffles de cette poésie (Emmelie Prophète, Bonel Auguste, Mackenzy Orcel, James Noël, etc.) tout en insistant sur les rapports que ces générations entretiennent entre elles.
2 – Poésie: esthétique, idéologie et politique : cet axe, faisant suite au premier, permet d’interroger les écritures et les actes créateurs, traversés par des courants de pensée (indigénisme, négritude, marxisme, surréalisme, spiralisme, etc.) auxquels s’attachent parfois auteurs haïtiens et caribéens. Il s’agit d’aborder les questions de forme et de structure des œuvres ou des compositions, en interaction à la formation sociale et politique ou non. La préoccupation, chez certains poètes, du champ visuel du poème, de sa mise en scène sur la page blanche et de sa musique pure, hors toute pensée établie, mérite également d’être approchée. On ne saurait négliger la dimension poétique nouvelle que révèlent quelques textes relatifs aux styles rap, hip-hop et dancehall, pratiqués par des poètes émergents.
3 – Thématiques liées aux choix et questions de langue, questions de langage : cet axe interrogera les notions de «bilinguisme d’autonomisation» pratiqué par certains poètes (Georges Castera fils, par exemple) et le «bilinguisme hybride» pratiqué par d’autres (Frankétienne, par exemple). On peut évaluer le traitement de certains thèmes ou sujets, de l’abstrait et du concret, selon que l’on passe d’une langue à l’autre dans les écrits d’un même auteur; examiner l’inscription de la culture ou du chant populaire dans le chant/champ poétique et interroger le degré de son expression, d’un poète à l’autre.
4 – Modes d’édition et de diffusion, réception et jeux d’influence : cet axe porte à interroger les aléas éditoriaux, les notions de compte d’éditeur et compte d’auteur, les possibilités et conditions de diffusion du texte poétique (journaux, revues, cassettes, disques) pour le poète confronté à un «marché du livre» informel. On s’intéressera aux textes de poètes mis en chanson ou en musique, aux lieux de rencontres où les poèmes sont dits ou mis en espace, aux expériences d’écritures collectives, aux émissions de radio, aux différents statuts des lecteurs et auditeurs dont certains deviendront poètes à leur tour. Les questions de l’enseignement de la poésie haïtienne et caribéenne dans les écoles et universités (nationales et étrangères), des influences des textes au-delà des frontières se posent aussi ici. On étudiera l’interrelation intense qui s’établit souvent entre poètes, peintres et dessinateurs: un coup de projecteur sur les dessins de Georges Castera fils s’avère donc nécessaire.
5 – Discours théorique et critique : cet axe invite à faire l’état des lieux de la production théorique et critique sur la poésie haïtienne (articles littéraires, notes de lecture, essais), à débattre de l’existence ou de l’insuffisance de discours conceptuels autour des écrits poétiques. On peut se poser la question de l’urgence et des difficultés à enrichir le champ de l’herméneutique (l’art de lire, d’interpréter les textes) dans le cas précis de la poésie haïtienne.
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