Pascal et la charité15-16 janvier 2014Maison des Sciences de l’Homme, 4 rue Ledru, 63 000 Clermont-FerrandResponsable scientifique: Alberto FrigoMercredi 15 janvierOuverture: Dominique Descotes (Université Blaise Pascal – Clermont-Ferrand)Théologie et spiritualité9h00: Simon Icard (CNRS, Laboratoire d’Études sur les Monothéismes),«Jansénius, Pascal et la charité: de l’ Augustinus aux Pensées »10h00: Alberto Frigo (GRAC, Université Lyon 2),«"Comme les trois personnes": Bérulle, Condren, Pascal et l’unité de la charité»11h00: Père José Rafael Solano Duran (Pontificia Universidade Católica do Paraná, Brésil),«Grâce, justice et charité: la vraie théologie des commandements chez Pascal»Histoire de la charité14h00: Micheal Moriarty (University of Cambridge),«Pascal et Malebranche: de la charité à l’amour de l’ordre»15h00: Kenneth Berg (The Danish Lutheran Church, Toronto),«Pascal dans l’histoire de l’amour : pour une lecture schelerienne des Pensées »Jeudi 16 janvier Pratiques et paradoxes9h00: Jean-Louis Quantin (EPHE, Paris),«Port-Royal et l’aumône chrétienne»10h00: Laurent Thirouin (Université Lyon 2),«Les rigueurs de la charité»Poétique et rhétorique11h00: Michel Le Guern (Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon),«Sens et référence de "charité" chez Pascal»14h00: Pierre Force (Columbia University),«Charité et interprétation chez Pascal»15h00: Hubert Aupetit (Lycée Louis-le-Grand),«"Aller à la charité": la dynamique figurative des Pensées »16h00: Dominque Descotes (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand),«La charité a-t-elle sa place dans l’ordre des esprits?»Contact: albertofrigo@hotmail.itPASCAL ET LA CHARITÉL’ ordre de la charité semble briller d’une lumière obscure. Si ses relations avec l’ordre des corps et celui des esprits ont fait l’objet de multiples analyses de la part des interprètes, on s’est cependant rarement interrogé sur sa logique interne et sur les objets qui le définissent. Pourtant, la charité constitue un thème majeur de la réflexion pascalienne qui jalonne sa méditation depuis les lettres de 1648 jusqu’à la liasse «morale chrétienne» des Pensées . Il nous a donc paru utile de réunir des spécialistes de différentes disciplines pour rendre compte de cet effort pascalien de penser l’ ordre de la charité . Il faudra interroger tout d’abord le concept de charité dans sa dimension proprement théologique. Comme on le rappellera, le verset de saint Paul « charitas Dei diffusa est in cordibus nostris L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs» domine le frontispice de l’ Augustinus et l’identité entre charité et grâce est centrale dans la spiritualité de Saint-Cyran. Notre colloque sera donc l’occasion d’aborder à nouveaux frais le rapport entre Pascal et Jansénius et de mieux analyser l’influence du «premier Port-Royal» sur l’auteur des Pensées . Mais l’opposition de la charité et de la concupiscence est aussi, comme on le sait, le fondement de la réflexion politique de Pascal. «Grandeur de l’homme dans sa concupiscence même, d’en avoir su tirer un règlement admirable et en avoir fait un tableau de charité», lit-on dans une pensée célèbre. Quel type de relation faut-il instituer entre ce tableau et son modèle? Comment concevoir l’utilité politique de la concupiscence en tant que capable de diriger vers «le bien public» des hommes qui «se haïssent naturellement l’un l’autre», en leur donnant «des règles admirables de police, de morale et de justice»? Nicole, et plus tard les penseurs utilitaristes, n’hésiteront pas à souligner la perfection de «ce règlement admirable» que Pascal dénonce pourtant comme une «fausse image de la charité». Cependant, même une fausse image garde un souvenir de son modèle. Concept théologique indispensable pour définir la nature et le rôle de la politique, la charité est aussi – voire surtout – un élément de la poétique pascalienne. Le dossier des figuratifs et la fonction de la charité comme principe directeur de l’herméneutique biblique seront ainsi au centre des analyses de ce colloque. D’autre part, on ne pourra pas ne pas s’attarder sur le rôle joué par la charité dans la stratégie rhétorique des Provinciales . Si l’on peut «rire sans blesser la charité», et si «la même charité oblige aussi quelquefois à repousser [les erreurs] avec colère», c’est précisément parce que l’on a affaire à une charité «nouvelle» et «étrange» telle que celle prêchée par les jésuites. Mais pour Pascal la charité n’est pas seulement un concept, elle est aussi une pratique qui s’explicite concrètement dans l’amour pour les pauvres. On pourra ainsi en souligner les raisons conceptuelles qui reposent sur une véritable mystique de la pauvreté dont les sources sont peut-être à rechercher dans les pages de Saint-Cyran et Saint Vincent de Paul. Mais ce sera aussi l’occasion de revenir sur les donnés historiques de l’action caritative de Pascal et des solitaires de Port-Royal, en jetant des lumières nouvelles sur des initiatives telle que celle des Carrosses à cinq sols . Pascal ne cesse donc jamais de pratiquer et de penser la charité, non seulement pour définir son rôle au sommet des trois ordres mais aussi pour en reconstruire la logique interne et l’intime cohérence.Ce colloque, on l’aura compris, vise plus à ouvrir des pistes nouvelles qu’à proposer une synthèse. En résultera, espérons-nous, l’image inédite d’un Pascal qui ne se limite pas à ouvrir l’espace du troisième ordre mais qui s’engage aussi à l’explorer, à en définir la sagesse, bref, tout simplement, à penser la charité.
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