Thierry Groensteen, Building stories , ou le pari de l’intimitéArticle publié sur le site "neuvième art 2.0", août 2013." (...) Le lecteur qui navigue à vue parmi ces éléments épars ne peut s’empêcher de chercher à dégager le sujet ou le thème fédérateur de l’œuvre. Il semble que Ware se soit un peu écarté de son projet initial, qui consistait à relater l’histoire d’un immeuble et de ses occupants (un peu à la façon d’un Perec et de sa Vie mode d’emploi , à ceci près que les proportions de cet édifice-ci sont beaucoup plus modestes). Peu à peu, son intérêt s’est focalisé sur l’un des personnages, la jeune femme handicapée (l’une de ses jambes a été amputée sous le genou) − dont, curieusement, ni le nom ni même le prénom ne sont à aucun moment mentionnés − venue habiter sous les combles. Ce personnage, que je me permettrai d’appeler «la fleuriste» (elle travaille de façon intermittente dans une boutique de fleurs), occupe une place centrale et relègue tous les autres au rang de supporting cast .C’est par une phrase qui semble anodine, perdue au détour d’une page de cette œuvre tentaculaire, que l’ambition de Ware peut être cernée plus précisément. La fleuriste, sur le point de partir en vacances avec son mari, cherche un livre à emporter. Ceux qu’elle a sous la main ne lui conviennent pas: elle souhaite, non pas un de ces livres qui parlerait encore de criminels et de pervers, mais un livre qui, tout simplement, s’attacherait à «des gens ordinaires vaquant à leur vie quotidienne» ( regular people living everyday life ).En adoptant la forme d’un puzzle narratif, Building Stories matérialise le fait qu’une vie humaine ne correspond pas à un grand récit unifié, cohérent, linéaire. Notre vie est en vrac, faite de blocs d’expériences et de souvenirs, de songes et de fantasmes récurrents, de projections dans le futur et d’anticipations (...)"Lire la suite : http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article650
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