Appel à contribution.Numéro de Romantisme sur «La mondialisation culturelle».On connaît la fortune actuelle du mot et de l’idée de «mondialisation». On s’accorde à penser, d’autre part, que le processus actuel de mondialisation remonte à l’époque des grandes découvertes – à l’élargissement des échanges économiques et de la circulation des marchandises ainsi qu’à l’émergence d’empires coloniaux modernes. Cependant, sur le plan culturel, il apparaît que le XIXe siècle a joué un rôle décisif, et à bien des égards inaugural, dans ce phénomène de longue durée. Il a vu la naissance du premier système médiatique capable de diffuser, sur grande échelle et à un public en voie de massification, les biens culturels et les idéologies. À bien des égards, le village global d’aujourd’hui n’a fait qu’intensifier et massifier une réalité qui trouve sa source dans le romantisme –lui-même la première forme de mondialisation, alors que la culture se vivait jusque là sur le mode du cosmopolitisme. Ce numéro de Romantisme visera bien sûr à faire un état des lieux de cette mondialisation (qu’il s’agisse d’histoire culturelle, d’histoire littéraire ou d’histoire de l’art), mais aussi, cette fois dans une perspective de poétique ou d’esthétique, à s’interroger sur ses conséquences, proprement formelles, pour l’ensemble de ces formes de création.Cinq directions seront privilégiées:1) À travers l’ensemble du monde occidental (ou du moins partiellement occidentalisé), il a permis le transfert et l’évolution des modèles littéraires (notamment fictionnels, qu’il s’agisse de roman ou de théâtre). L’étude pourra ici porter, de façon plus spécifique, sur l’un des mouvements culturels qui, tout au long du XIXe siècle, se sont réellement propagés de façon globalisée (le sentimentalisme romantique, le mélodrame et le roman populaire, le réalisme-naturalisme, etc.).2) Cette propagation a aussi touché les idéologies politiques – et d’abord la pensée révolutionnaire–, à travers les crises qui se sont succédé durant le XIXe siècle, au moins en Europe et en Amérique, jusqu’à l’internationalisme qui caractérise le socialisme et le mouvement ouvrier dans la deuxième moitié du siècle. À la diffusion des idéologies politiques ou des mouvement sociaux peut s’ajouter celle des doctrines intellectuelles (comme les systèmes sociologiques et les pensées utopiques) et des théories scientifiques.3) En littérature, cette mondialisation passe évidemment par l’intensification des traductions, qui font l’objet depuis plusieurs années de travaux historiques ou littéraires et méritent de faire l’objet d’un examen particulier (là encore d’un point de vue historique ou littéraire) –notamment pour l’influence croissante de ces traductions sur les littératures nationales et sur les conceptions mêmes de la littérature.4) Sur le plan artistique, la peinture s’internationalise de plus en plus, malgré la prédominance de Paris ou grâce à elle. Cette internationalisation passe par les débats esthétiques, mais aussi par la mobilité croissante du métier d’artiste et par le développement multipolaire des foyers de création artistique.5) Lord Byron est sans doute la première grande vedette culturelle qui, grâce à la presse, acquiert une renommée internationale comparable à celui des stars contemporaines. Cette starification, qui touche aussi l’univers du spectacle (qu’on songe, par exemple, à Sarah Bernhardt ou à Buffalo Bill) et dont le XIXe siècle offrira d’autres exemples (jusqu’au scandaleux puis héroïque Zola, à la fin du siècle), est sans doute l’un des phénomènes culturels les plus spectaculaires de la mondialisation moderne.6) Cette mondialisation s’accompagne de fait de la domination, réelle ou supposée, d’un modèle national: la culture française a pu vouloir jouer ce rôle à l’époque romantique, en concurrence avec l’impérialisme anglais, alors qu’on commence déjà à parler d’américanisation du monde. On pourra s’attacher à la complémentarité ou à la concurrence de ces diverses influences.Les propositions d’articles sont à adresser à Alain Vaillant ( alaingp.vaillant@free.fr ) le 15 juin au plus tard; elles seront examinées et sélectionnées avant l’été et les articles (30000 signes, espaces et notes compris) seront à remettre avant le 31 octobre 2013.
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