L’écrivain vu par la photographie. Formes, usages, enjeux (XIX e – XXI e siècles)Sous la direction de David Martens, Jean-Pierre Montier & Anne Reverseau21-28 juin 2014 – Centre culturel de Cerisy-la-SalleCe colloque a pour objectif d’étudier, d’un point de vue historique et théorique, les photographies d’écrivains, et de prendre la pleine mesure de la variété de leurs formes et usages et de leurs enjeux pour la littérature, la photographie et, plus largement, l’ensemble du champ culturel.Les relations entre la littérature et la photographie suscitent depuis 2000 au moins un intérêt croissant. Outre des études transversales (Ortel, Thélot, Edwards, Grojnowski, Brunet), le champ de recherche a été cartographié notamment par le colloque de Cerisy de 2007 ( Littérature et photographie ). Parmi les nombreuses pistes aujourd’hui ouvertes, la recherche littéraire s’est jusqu’à présent principalement intéressée à la photographie pour son impact sur le plan de l'imaginaire littéraire et de ses formes ou pour étudier le discours des écrivains sur ce médium particulier.Les portraits photographiques de l’écrivain apparaissent en revanche comme l’un des aspects les moins explorés des relations entre photographie et littérature. Il en va de même dans le domaine de la recherche relative à la photographie, où le portrait a donné lieu à de nombreux travaux en histoire de l’art, en anthropologie ou encore en philosophie, sans que soit cependant prise en compte la spécificité de la figure de l’écrivain et, plus largement, de l’iconographie de la littérature.Pourtant, si la photographie a eu un impact déterminé sur les modes de diffusion, de médiatisation et de patrimonialisation de la littérature, c’est dans la mesure où elle est devenue l’un des principaux vecteurs de son iconographie. Elle a ainsi donné de la présence aux écrivains – mais aussi fait voir leurs lieux de vie, objets familiers ou encore manuscrits –, selon de nouveaux principes esthétiques et dans des contextes de diffusion diversifiés (livres, journaux, sphère privée...).Il semble dès lors essentiel, si l’on veut faire droit à la multiplicité des enjeux soulevés par ce type d’images, d’envisager la relation entre photographie et littérature depuis le terrain de la photographie. Il s’agit en effet d’étudier de la façon dont celle-ci s’empare du littéraire et le fait matière à représentation figurative, mais aussi, corollairement, d’examiner comment la littérature, et les écrivains en particulier, usent de ces images.De façon à rendre compte de la diversité des formes et des usages assignées aux photographies d'écrivains ainsi que des enjeux qu’elles soulèvent, le colloque invite historiens de l’art et de la photographie et spécialistes de la littérature à envisager ensemble les problèmes théoriques et historiques qu’elles soulèvent, du milieu du XIXe siècle à nos jours. Cette rencontre vise notamment à répondre aux interrogations suivantes concernant la fabrication et les usages du portrait photographique aussi bien que son esthétique et sa symbolique:Esthétique - Selon quelles modalités, critères, paramètres se constituent la relation avec l’œuvre et l’image d’auteur qui s’en dégage?- À quoi tient la photogénie particulière des écrivains ? Quels en sont les motifs privilégiés : la bibliothèque, la main, le bureau, le livre? Et dans quels types de scénographies s'inscrivent-ils?- Comment situer et comprendre la place du portrait d’écrivain dans le cadre de l'oeuvre d'un photographe particulier (par exemple Gisèle Freund ou Man Ray) ou d'un ensemble particulier de photographies (dans une biographie ou une exposition par exemple)?- Quelle est la teneur des discours de l'écrivain sur le portrait photographique ? En quoi participent-ils de leur positionnement dans le champ littéraire? Qu'est-ce que la photographie, telle que les écrivains ou leurs maisons d'édition l'utilisent, révèle des mutations de la figure de l'écrivain?- De même, quel type de discours les photographes tiennent-ils sur leur travail mettant en jeu des écrivains?Poétique- Dans l'histoire de l'iconographie des écrivains, quelles sont les ruptures et les glissements entre le portrait non-photographique et le portrait photographique?- Quelles sont les valeurs spécifiques associées au portrait photographique par rapport à d’autres types de portraits (dessin, peinture, sculpture) mais aussi au portrait écrit ou oralisé (radio, télévision…)?- Comment les portraits d’écrivains sont-ils concrètement réalisés, sur le plan de la pose, des pratiques de studio ou de plein air? Qu'en est-il des protocoles en la matière, notamment des rôles respectifs des différents agents en jeu (écrivains, photographes, mais aussi commanditaires, agences de presse, etc.)? Selon quelles modalités s’organisent leurs sociabilités?Usages - Quels sont les fonctionnalités et les modalités d’emploi des photographies d’écrivains, pour le photographe aussi bien que pour l’auteur, l’éditeur, le lecteur, le critique ou encore l’historien de l’art et l’historien de la littérature?- Quels sont les genres mobilisant le plus volontiers les photographies de l’écrivain (biographie, entretiens, portraits, manuels scolaires, anthologies, sites, blogs, sites de maisons d’édition, devantures de librairies…) ? Quelles fonctions spécifiques y sont-elles assignées à ces images ?- Quels sont les modalités d'exercice d'une maîtrise, par les écrivains, sur la fabrique de leurs images et, partant, de leur posture auctoriale ? En quoi la photographie, et sa démocratisation, ont-elles favorisé cette reprise en main, jusqu’à sa réappropriation fictionnelle? Selon quelles finalités les photographes réalisent-ils des portraits d’écrivainset que pensent-il des multiples réemplois de ces images ?Symbolique- Que donnent à voir les photographies de l'écrivain ? Un auteur ? Celui d'une œuvre particulière ? Le représentant d'un mouvement littéraire ? D'une époque donnée?- Les mutations dans l’histoire des images, du milieu du XIXe siècle à nos jours accompagnent à la fois celles de la littérature, de la photographie et celles des différents médiums qui ont diffusé ces images. Peut-on envisager de tracer une histoire d’un sujet, la littérature, et plus particulièrement les écrivains, pour les photographes ? Quelles en seraient les lignes de force ?- Dès lors que la photographie d’écrivain peut se concevoir comme l'un des «lieux de mémoire» privilégié de la littérature moderne, comment rendre compte des multiples réemplois de mêmes images? Comment certaines photographies deviennent-elles des icônes ? Comment se transforment-elles en patrimoine?ModalitésLes propositions de communication (entre 250 et 350 mots, en français, accompagnés d’une bio-bibliographie) sont attendues pour le 15 septembre 2013 au plus tard. Elles peuvent porter sur tous les types de corpus, sans restrictions d’aires linguistiques particulières.Elles sont à adresser à David Martens, à Jean-Pierre Montier et à Anne Reverseau, à l’adresse suivante: photolit.cerisy2014@gmail.com. Les réponses seront envoyées au début du mois de novembre 2013.Bibliographie indicative:François Brunet, Photography and Literature , London, Reaktion Books, 2009.Nausicaa Dewez & David Martens (dir.), Iconographies de l’écrivain , dans Interférences littéraires , n° 2, mai 2009. [En ligne], URL : http://www.interferenceslitteraires.be/nr2Federico Ferrari & Jean-Luc Nancy, Iconographie de l’auteur , Paris, Galilée, « Lignes fictives », 2005.Jean-François Louette & Roger-Yves Roche (dir.), Portraits de l’écrivain contemporain , Seyssel, Champ Vallon, 2003.David Martens & Anne Reverseau (dir.), Figurations iconographiques de l'écrivain , dans Image and Narrative , vol. 13, n° 4, 2012. [En ligne], URL : http://www.imageandnarrative.be/index.php/imagenarrative/issue/view/26Jean-Pierre Montier, Liliane Louvel, Danièle Méaux & Philippe Ortel (dir.), Littérature et photographie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, «Interférences», 2008.Magali Nachtergael, Les Mythologies individuelles . Récit de soi et photographie au XX e siècle , Amsterdam-New-York, Rodopi, « Faux Titre », 2012.Jean-Marie Schaeffer , préface, Philippe Arbaïzar (dir.), Portraits , singulier pluriel , Paris, Hazan / Bibliothèque nationale de France, 1997.Adeline Wrona, Face au portrait. De Sainte-Beuve à Facebook , Paris, Hermann, « Cultures numériques », 2012.Ce colloque aura lieu au Centre Culturel International de Cerisy ( www.ccic-cerisy.asso.fr ). Il est organisé dans le cadre du programme de recherche Photolittérature ( www.phlit.org ), des activités de recherche du groupe MDRN ( www.mdrn.be ) de la KULeuven (Belgique) et du Pôle d’Attraction Interuniversitaire «Literature and Media innovation» ( lmi.arts.kuleuven.be ), soutenu par Belspo (Belgian Science Policy Office).Pour tout renseignement, écrire à l'adresse suivante : photolit.cerisy2014@gmail.com
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