CENTRE DE RECHERCHE EN TRADUCTION ET COMMUNICATION TRANSCULTURELLE ANGLAIS-FRANÇAIS / FRANÇAIS-ANGLAIS APPEL À COMMUNICATION ET/OU À ARTICLE Traduire le rythme PALIMPSESTES 27 / COLLOQUE: 11-12 OCTOBRE 2013 Si le rythme est, d’après Henri Meschonnic, une réalité fondamentale du langage, en quoi est-il important pour les traducteurs de s’interroger sur sa spécificité par rapport à d’autres termes, empruntés au vocabulaire musical, avec lesquels il est souvent confondu : tempo, cadence, allure ? On peut alors se demander jusqu’à quel point l’association entre le rythme poétique, littéraire et musical est viable. Cette proximité est-elle utile pour répondre à des questions de traduction ? Le rythme est associé à plusieurs notions (alternance, rapport, proportion, retour…), mais surtout à l’idée de régularité et de périodicité, qui varient d’une langue à l’autre et peuvent aussi répondre à des objectifs didactiques ou esthétiques. Le transfert du rythme entre deux langues aux systèmes phonétiques aussi différents que l’anglais et le français risque de relever de la gageure : l’anglais repose en effet sur une alternance de temps forts et faibles et la focalisation sémantique passe par le biais de l’accent d’intensité, tandis que le français accentue plutôt les fins de mots et les fins de phrases, recourant à la syntaxe (inversions, tours présentatifs, propositions clivées…) pour mettre un élément en relief. Nous nous interrogerons donc aussi sur les façons dont le rythme constitue une armature qui sous-tend le texte poétique ou prosodique. Comment et en quoi peut-il être caractéristique d’un ouvrage, d’un style ou d’un genre ? Et comment cette charpente peut-elle être reconstituée dans un autre système linguistique, sémantique, stylistique et culturel ? Le rythme en tant que « mouvement régulier, périodique, cadencé » (Le Robert : Dictionnaire culturel) est-il vecteur de régularité ? Ou bien, comme la lecture d’Henri Meschonnic pourrait le faire penser, ne faut-il pas y voir, au contraire, « une subjectivation maximale du discours » (Poétique du traduire, p.117) ? Ce qui supposerait une forme d’irrégularité au sein même d’un ordre ou d’une norme (poétique, prosodique, linguistique, culturelle). En conséquence, traduire du rythme consiste-t-il à passer d’un équilibre à un autre ? Ou bien à introduire une certaine instabilité qui stimule l’intérêt du récepteur ? Le rythme permet-il de mettre en place des repères ? Ou est-il au contraire ce qui vient de temps à autre les briser ? Quelle est la part d’aléatoire et de récurrence dans le rythme, sachant que la rupture ne fonctionne qu’à partir du moment où il y a régularité ? Si la cadence s’inscrit dans un ordre, le rythme ne répond-il pas au plaisir d’une attente double : celle de retrouver l’attendu mais aussi de découvrir son contraire ? Divers chercheurs et praticiens (Patrice Pavis, Henri Suhamy, Peter Hall) s’accordent à dire que le rythme est créateur de sens plutôt qu’il n’imite la vie. Changer de rythme en changeant de langue suppose-t-il changer de sens ? Finalement, le rythme d’une traduction peut-il être lui aussi création ? Modalités Les propositions de communications (résumé d’une demi-page, en français ou en anglais), ainsi qu’un court CV, sont à adresser, pour le 6 mai 2013, date butoir, à : Christine Raguet christine.raguet@univ-paris3.fr Marie Nadia Karsky mnkarsky@gmail.com
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