XXVIIe Colloque international de la SATOR à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Paris, 12-13-14 juin 2013
Fictions de l’imposture, impostures de la fiction
Imposture et fiction dans les récits d’Ancien Régime
Ce 27 ème colloque international de la SATOR a pour but d’explorer les stratégies d’impostures ou exemples de supercheries de la fiction narrative du Moyen-Âge aux Lumières.
Des ruses de Renart aux stratégies libertines de Valmont, en passant par les tours des héros picaresques, reprenant tantôt de vieilles traditions locales, tantôt influencés par des récits venus d’Orient, les héros imposteurs de la littérature d’Ancien Régime sont nombreux. Entre le masque de la vraisemblance et l’habileté de la manipulation, l’imposteur use d’une large gamme de ruses pour brouiller les apparences et en «imposer» autour de lui. Quelles sont les différentes postures qu’adopte l’imposteur pour tromper son entourage? Dans quelle mesure parvient-il à conjurer le hasard, faire accréditer son masque, et se faire acteur convaincant autant qu’habile auteur-manipuleur? Et inversement, dans la mesure où l’imposture consiste à masquer son identité véritable, quelles sont les différentes façons possibles de la démasquerou bien de la laisser volontairement voir ?
L’enjeu du colloque est double. Dans la mesure où la fiction met en place des apparences trompeuses à travers une suite d’événements soigneusement régis, il s’agit d’examiner les impostures dans la fiction autant que celles de la fiction. Ainsi, dans Jacques le Fataliste de Diderot, Mme de La Pommeraie organise une machination diabolique pour se venger de son ancien amant (fiction d’une imposture); dans le même temps, le récit-même de la supercherie constitue une imposture narrative, puisque le récit s’impose et se dévoile sans cesse comme une illusion «montée» par un narrateur habile (imposture de la fiction). Le procédé de mise en abyme tel qu’on le rencontre dans le Décaméron ou les Mille et une nuits y trouve par exemple son plein emploi.
D’une part, sur le plan des fictions de l’imposture, il s’agit de multiplier les perspectives de recherche sur les mises en forme de l’imposture: l’on explorera les dimensions thématique (par le recensement des topicités), esthétique (qui examine le rapport entre vérité et illusion), morale (l’occurrence comme critique religieuse par exemple, ou révélant le danger du mensonge), politique ou pragmatique (entre naïveté, ruse et clairvoyance), poétique (comme la teneur comique, libertine ou merveilleuse de l’occurrence), tout en tenant compte des paramètres historique (le corpus s’étalant du Moyen Âge à la fin du XVIII e siècle) et générique du corpus.
D’autre part, pour ce qui concerne l’imposture de la fiction, il s’agit d’étudier le fonctionnement de l’illusion narrative. Quels sont les procédés mis en œuvre par le récit pour se faire accréditer auprès du lecteur? À partir de quel moment le pacte de fiction s’abîme-t-il en feintise? Quelles ruses la narration emploie-t-elle auprès de son lecteur pour lui en «imposer» assez, pour qu’il accepte de s’en laisser conter (par la Shéhérazade d’Antoine Galland), de voyager imaginairement sur la lune avec un héros rocambolesque, ou d’entrer dans les stratégies les plus moralement réprouvées de héros sadiens? Dans cette perspective métatextuelle, il sera intéressant d'évaluer dans quelle mesure la fiction est conçue par l'auteur, le lecteur ou la critique de l'époque comme une imposture, avec la connotation péjorative que comporte ce terme.
Les propositions, qui pourront comprendre une dimension comparatiste, doivent être envoyées (au format .doc ou .rtf) simultanément aux membres du comité d’organisation, Nathalie Kremer, Yen-Mai Tran-Gervat, et Jean-Paul Sermain, (voir adresses de courriel ci-dessous) avant le 31 octobre 2012 . Elles seront soumises à l’approbation d’un comité scientifique dont la composition sera communiquée ultérieurement ; l’acceptation de leur proposition sera confirmée aux auteurs début janvier 2013.
Nathalie Kremer ,
Yen-Mai Tran-Gervat yen-mai.tran-gervat@univ-paris3.fr
Jean-Paul Sermain
Les communications n’excèderont pas la durée de 20 minutes par personne.
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Pour pouvoir présenter une communication, les participants devront avoir acquitté leur cotisation annuelle à la SATOR (voir le site satorbase.org). La somme de 10 € d’inscription au colloque sera par ailleurs demandée (l'ensemble sera à payer au plus tard avant le début du colloque, lors du café d’accueil le 12 juin 2013).
Tous les déjeuners seront pris en charge par les organisateurs, afin de favoriser la continuité dans les discussions au cours des journées de rencontre. Un dîner sera également offert aux participants le jeudi 13 juin 2013. Prière de vous inscrire au plus tard le 12 juin 2013 à 9h.
Des informations complémentaires et une fiche de renseignements parviendront aux participants dès l'acceptation de leur proposition.
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