La présence: discours et voix, image et représentation
Colloque international de l'équipe EA 3816 FoReLL
B1 "Poétiques de la représentation"
Resp. Isabelle Gadoin, Anne-Cécile Guilbard, Michel Briand
17-18-19 octobre 2013
Comité d'organisation :
Michel Briand, Isabelle Gadoin, Anne-Cécile Guilbard, Liliane Louvel
La notion de «présence» se construit en relation dialectique avec celles de «représentation» (traditionnellement liée à une «interprétation» [1] ), d’«absence» (voire d’«abstraction») et de «virtualité». Il s’agira ici d’étudier, à nouveaux frais, les modalités et usages de la «présence», dans les littératures françaises, francophones, anciennes (latine et grecque) et étrangères (d’expression anglaise, allemande, italienne, portugaise …), de genre varié (poésie, roman, théâtre, rhétorique, essai …), les arts plastiques (peinture et photographie, mais aussi illustration, affiche, video, installation …), et les arts du spectacle (théâtre, danse, cinéma, performance [2] …), en insistant sur les effets d’intermédialité, d’hybridation et croisements génériques et de correspondance esthétique et éthique. Ce qui permettrait d’approcher, dans leur hétérogénéité historique et culturelle, des objets, textuels / artistiques, relevant de ce que l’on pourrait appeler «pratiques et pensées de la présence» [3] .
Le rapport lisible / visible, mais aussi les polarités reproduction / création ou sens / performance, seront au cœur de la réflexion, telle que la motivent les deux citations suivantes, aux perspectives à la fois proches et divergentes:
«Faire image, c'est donner du relief, du saillant, du trait, de la présence. L'image avant tout donne présence. C'est manière de présence. On l'a souvent dit : aucun discours ne peut rivaliser avec la puissance d'une image. (reste que discours n'est pas texte).» Jean-Luc Nancy, Au fond des images, Paris Galilée, 2003.
«L’art ne reproduit pas le visible; il rend visible. Et le domaine graphique, de par sa nature même, pousse à bon droit aisément à l’abstraction. Le merveilleux et le schématisme propres à l’Imaginaire s’y trouvent donnés d’avance et, dans le même temps, s’y expriment, avec une grande précision.» Paul Klee, Théorie de l’art moderne , éd. et trad. Pierre-Henri Gonthier, Denoël, 1985
Au couple «lisible / visible», s’adjoignent aussi l’«audible» et le «dicible», du fait que la notion de présence peut être un outil efficace dans l’analyse des relations, métaphoriques ou non, entre les pragmatiques et esthétiques du texte écrit et oral (en littérature, au théâtre, au cinéma) et de l’image, voire de la voix, du chant ou de la musique [4] . On pourra insister particulièrement sur les composantes matérielles du texte (écrit et oral, jusqu’à la profération) et de l’image (fixe ou en mouvement, plastique ou spectaculaire, voire imaginaire, ou encore sur écran, ou en mode numérique), l’engagement de l’énonciateur (auteur, acteur, artiste) dans la présentation de l’œuvre, et les rapports entre effets d’expression et de communication, interactivité et projection ou encore entre fiction, virtualité et représentation. Un point également important, d’un point de vue théorique et historique, est la dialectique de la présence et de l’immanence / transcendance, dans le texte, dans l’image, sur la scène ou sur l’écran, en relation avec les notions de manifestation, aura, incarnation, ritualité, puissance, diffusion, exposition …
On prévoit environ 25 communications , sélectionnées par un comité scientifique. Les Actes, comme ceux des colloques précédents de l’équipe FoReLL B1 «Poétique de la représentation» (sur la résistance, l’intensité, le ravissement …), seront publiés aux Presses Universitaires de Rennes, dans la revue La Licorne .
Les propositions de communication seront adressées d’ici le 1er mars 2013 à michel.briand@univ-poitiers.fr, isabelle.gadoin@univ-poitiers.fr, et anne.cecile.guilbard@univ-poitiers.fr.
Les propositions, transmises sous format .doc ou .pdf, devront comprendre un titre détaillé, un résumé entre 200 et 500 mots, ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique.
[1] Hans Ulrich Gumbrecht, Éloge de la présence. Ce qui échappe à la signification , Libella - Maren Sell, 2010 ( Production of presence. What meaning cannot convey , Stanford, 2004).
[2] Cf. par exemple, Yannick Butel, Essai sur la présence au théâtre : l'effet de cerne , L'Harmattan, 2000, et Josette Féral (dir.), Pratiques performatives. Body Remix , PU de Rennes, 2012.
[3] Voir aussi la pensée poétique et critique à la fois d’Yves Bonnefoy, en particulier dans La présence et l'image , Mercure de France, 1983.
[4] Là aussi, comme exemple particulier, sur les effets de présence orale dans un récit écrit, voir Sophie Rabau, Fictions de présence : la narration orale dans le texte romanesque du roman antique au XXe s., Champion, 2000.
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