Colloque international "Eric Chevillard"
Présentation synthétique de la manifestation
Etude d’ensemble de l’œuvre d’Eric Chevillard sous tous ses aspects (le romancier, le blogueur, le critique littéraire) permettant de mettre en lumière un pan original de la littérature contemporaine, où la création la plus exigeante est engagée dans la médiation.
- Axes principaux:
Le colloque propose les pistes d’étude suivantes:
Le sens du loufoque chez Eric Chevillard, goût du nonsense ou amour des paradoxes? Bouffonnerie gratuite ou rationalisation extrême par l’absurde?
L’écriture selon Chevillard, pirouettes, bons mots, anecdotes inattendues, phrases élastiques et perspectives toujours inédites…
L’évolution du récit chez Chevillard depuis Mourir m’enrhume, un abandon progressif du roman, une évolution vers le fragment et l’écriture de soi brisée, telle qu’elle se développe sur son blog L’Autofictif.
Chevillard critique littéraire: depuis ses quelques textes sur Alexandre Jardin à ses feuilletons dans Le Monde, Chevillard n’a cessé de préciser sa conception de la littérature. Etude des grandes lignes de sa vision des lettres.
Chevillard, un auteur d’entretiens: comme Michon, Chevillard est un auteur d’une grande densité de pensée dont les entretiens sont parmi les plus stimulants et les plus drôles; sans doute un recueil des meilleurs de ses textes est-il à prévoir un jour. Etude des grandes thématiques abordées dans ces entretiens.
Le monde moderne selon Chevillard: peu d’auteurs moquent avec autant de constance et d’acidité l’époque contemporaine que Chevillard qui dans son blog comme dans ses œuvres principales démonte tous les travers de ses semblables. Etude de la société d’aujourd’hui au travers de ses textes.
Chevillard est aussi un grand lecteur de littérature vivante: attentif aux œuvres de Volodine, de Lydie Salvayre, de Pierre Senges et quelques autres, il se nourrit du meilleur de ces auteurs. Etude des cousinages possibles entre son œuvre et celle d’autres auteurs contemporains.
Programme de la manifestation
Eric Chevillard, qui ne paraît pratiquement jamais en public, a accepté d’être présent au colloque et de participer aux discussions. Le colloque s’accompagnera d’une séance de signature et d’une lecture des textes de l’auteur à la médiathèque de Valence. La plus grande place sera accordée aux débats, sur la base de communications rapides (15 à 20 minutes maximum), qui s’attacheront à aller à l’essentiel de la réflexion et à donner des pistes pour la discussion. Le colloque aura lieu la dernière semaine de mars 2013, sur le site de l’antenne universitaire de Valence, université Stendhal-Grenoble III. Il sera organisé sous l’égide de l’équipe «Traverses» (Grenoble III), dirigée par Chantal Massol, en collaboration avec l’équipe «Telem» de Bordeaux III, dirigée par Martine Mathieu-Job.
Programme détaillé
Tous les sujets de communication n’ont pas encore été précisés par les intervenants
Sur deux jours et 6 séances, 21 communications, 22 participants.
Premier jour, 26 mars
12h 00: accueil des participants et déjeuner.
13h 15: ouverture du colloque par Pierre Jourde et Olivier Bessard-Banquy
13h 30-15h 00: séance 1: le sens de l’absurde, présidence Jean-Bernard Vray.
Aurélie Adler: «Hétérotopies et contre-utopies».
Claude Coste, «Chevillard et la mauvaise foi».
Marie-Odile André, «Chevillard moraliste».
15h 00: séance 2: Questions de style, Présidence: Alexandre Gefen.
Lia Kurts, «la pensée descellée».
Jean-Bernard Vray, «virulence de Chevillard»,
Christelle Reggiani: «Demolir la phrase».
16h 30: pause café
16h 45-18h 00: séance 3: fiction et autofiction, Présidence: Claude Coste.
Alexandre Gefen: «la littérature sans la littérature»
Christine Jérusalem: «Oreille rouge»
Béatrice Bloch: «L’auteur et moi».
18h 30: lecture et signature à la médiathèque de Valence.
20h 30: dîner
Deuxième jour, 27 mars
9h 00-10h 30: Séance 4, textes et contextes, Présidence: Anne Roche.
Laurent Demanze, «meurtre en bas de page».
Gaspard Turin: «listes».
Bruno Blanckeman: «nécromanie et biomanie».
10h 45-12h 00: séance 5 narration, poésie, Présidence: Bruno Blanckeman.
Marc Daniel, «Chevillard conteur».
Françoise Rouffiat: «L’enlèvement du hérisson»
12h 00: déjeuner
13h 15: Séance 6, critiques et chroniques, Présidence: Mohammed Aissaoui.
Anne Roche: «Chevillard lecteur».
Pascal Riendeau: «L’autofictif observe le monde».
Fabrice Thumerel: «portrait de l’écrivain en animal critique».
14h 45: séance 7, Réception, Présidence: Mohammed Aissaoui.
Ekaterina Koulechova: Chevillard dans la presse.
Even Doualin: Chevillard et ses lecteurs.
Blanche Cerquiglini: l’auteur en entretien.
16h 30: Conclusion du colloque.
Interventions au colloque Chevillard, résumés :
Christelle Reggiani , université Charles de Gaulle-Lille III
Démolir la phrase? L’art de la prose d’Éric Chevillard. Il s’agirait d’aborder le nouvel art de la prose dont témoignent les romans d’Éric Chevillard dans une perspective stylistique; on partira, pour ce faire, de la catégorie de phrase – ainsi mise en scène dans une chronique récente de l’auteur: «Bien sûr, nous aimons la grande phrase littéraire, bien frappée, rythmée, harmonieuse, qui enchaîne ses propositions sans heurts ni grincements et emmaillote ce qu’elle décrit dans son fil de soie au risque de substituer à la mouche qu’elle prétendait capturer vivante une momie de mouche, et il n’est pas exclu que ce soit par exemple le cas de celle-ci» («Intérieur jour», Le Monde des livres, 6 avril 2012). On voudrait, en particulier, s’attarder sur le goût de la phrase longue – que manifeste à l’évidence cette occurrence – pour en interroger les enjeux, et tenter alors de caractériser, aussi précisément que possible, la singularité qui fait le propre de l’écriture de Chevillard.
Anne Roche ,
Chevillard lecteur. Ma proposition s’inscrit entre deux (voire trois) thématiques parmi celles qui sont proposées: entre «Chevillard critique littéraire» et «lecteur de littérature vivante». (La troisième, en pointillé, c’est la question de l’évolution du récit.) Je voudrais essayer de définir sa position de lecteur, dans la polémique comme dans la proximité affectueuse, la conception de la littérature et de l’écriture qui peut s’en déduire, et les effets éventuels sur son travail d’écrivain.
Pascal Riendeau
L’Autofictif observe le monde (titre provisoire) L’Autofictif, le carnet littéraire qu’Éric Chevillard tient d’abord dans Internet puis qu’il publie dans des ouvrages après une année d’écriture, est devenu une forme de création aussi importante que ses romans. À travers des anecdotes, des fragments ou des aphorismes, Chevillard s’exprime sur les événements mondiaux et sur l’écriture (l’art d’écrire). Le regard ironique que L’Autofictif — ce personnage protéiforme, alter ego aussi improbable que fidèle de l’auteur — porte sur le monde n’est pas sans rappeler celui des grands moralistes, mais Chevillard ajoute humour, dérision et bouffonnerie qui confèrent à ses énoncés une couleur et une originalité singulières. Dans ma communication, je souhaite étudier de quelle façon Chevillard renoue avec cette forme ancienne qu’est l’aphorisme. Plus particulièrement, je chercherai à voir quel rapport entretient L’Autofictif — que j’ai appelé ailleurs un «moraliste non réactionnaire» — avec le monde qui l’entoure, la politique, l’actualité, les découvertes scientifiques, les événements artistiques, ou comment il réfléchit à l’écriture (la sienne, celle des autres). Je m’intéresserai aux quatre premiers tomes: L’Autofictif (2009), L’Autofictif voit une loutre (2010), L’Autofictif père et fils (2011) et L’Autofictif prend un coach (2012), ainsi qu’au cinquième, s’il est disponible au moment de préparer ma communication.
Aurélie Adler
Hétérotopies et contre-utopies chez Eric Chevillard: l’anti-darwinisme à l’oeuvre. «Il nous faudra puiser nos idées ailleurs que dans la nature, source d’inspiration tarie, croupissante, où parfois encore une aquarelliste aux yeux vagues vient perdre ses couleurs, un vieux paysagiste récurer sa palette», envisage Furne, le protagoniste fou travaillant à l’élaboration d’un manifeste «contre le système» dans Le Caoutchouc décidément. Ces phrases exaltent une inversion de la proposition classique de l’ut pictura poiesis. Derrière le discours de Furne s’exprime un art poétique qui vaut pour l’auteur lui-même, obstiné dans son refus de l’illusion mimétique, jugée appauvrissante et stérile. Chevillard l’a souvent répété: il écrit «contre» un système de valeurs dominantes dans les représentations, contre le bon sens communément partagé, etc. Cette écriture érigée en opposition à des formes périmées annexe volontiers des territoires où développer cet imaginaire extravagant du contre: la grotte primitive dans Préhistoire, l’asile dans Le Caoutchouc décidément, la ménagerie dans Sans l’orang-outan. Ces lieux forment autant d’hétérotopies, pour reprendre un terme de Foucault, où s’épanouit une écriture contre-nature qui pense le monde à rebours des lieux communs de son évolution. Ces lieux successivement dépliés par Chevillard semblent trouver leur aboutissement dans la contre-utopie formée par l’île de Choir, île où l’histoire de l’humanité se confond avec l’histoire d’un effondrement continu des idéaux biologiques et anthropomorphiques de la communauté. Prolifération des créatures les plus difformes, mutations des espèces plus régressives que progressives, inversion ou arrêt du cours du temps au profit d’un pullulement en métamorphose constante: on reconnaît là les thèmes mais aussi les formes de l’écriture foisonnante de Chevillard. A partir d’une lecture transversale de l’oeuvre (privilégiant les romans précités), nous voudrions interroger les formes et les enjeux esthétiques et éthiques de cette écriture avançant à rebours du temps et de la nature. Au delà de la relecture humoristique des topoï des origines et de la fin, quelles valeurs déplacent ou reconstruisent les textes de Chevillard?
Fabrice Thumerel
Portrait de l’écrivain en animal critique Si la main droite de l’écrivain était un crabe... «L’écrivain n’a-t-il pas un meilleur usage à faire de son pouvoir? Le crabe est-il armé de pinces pour tricoter la nasse?», peut-on lire dans SI LA MAIN DROITE DE L’ECRIVAIN ÉTAIT UN CRABE (Publie.net, 2007)... Il s’agira d’étudier la posture critique adoptée sur l’espace social et littéraire dans les volumes de L’AUTOFICTIF, mais aussi DÉMOLIR NISARD et ses chroniques critiques.
Marie-Odile André
Chevillard moraliste De La Nébuleuse du crabe à Du hérisson ou Oreille rouge mais aussi à travers son blog, l’œuvre d’Éric Chevillard jette un regard acerbe sur ses contemporains et se fait le témoin ironique et moqueur des travers de notre temps. À travers l’abandon progressif du récit et l’élection d’une forme brève, fragmentaire voire aphoristique, il invente ainsi une figure contemporaine d’écrivain moraliste qui s’impose par son originalité tout en s’inscrivant aussi dans la lignée revendiquée du Robert Pinget de Monsieur Songe ou des Carnets.
Gaspard Turin
Enumérations dilatoires. La liste comme principe central d’écriture chez Eric Chevillard. La dynamique digressive à l’oeuvre chez Chevillard est bien connue, elle a été remarquée par de nombreux commentateurs (D. Vaugeois, 2004; O. Bessard-Banquy, 2003; Jourde, 2002; etc.). Elle se présente sous de nombreuses formes isolables et observables. On pourrait en établir un catalogue, qui comprendrait par exemple la parenthèse, la répétition, l’épanorthose, la prolepse ou encore l’antithèse. Mais il y a toujours un problème lorsqu’il s’agit de considérer ces figures comme saillantes, sur l’ensemble d’un texte lui-même dévolu à la digression. Difficile d’en faire les rouages d’une machine antiromanesque, puisque précisément ces figures ne font saillance sur aucun fond romanesque traditionnel ou normal; elles se succèdent toutes et définissent justement, par leur constance, les normes qui fondent le tissu romanesque chevillardien. Dans cette aporie, il me semble que l’un de ces procédés sort du lot: la liste, ou ces «énumérations dilatoires que je prolonge très au-delà de mon propos» (Préhistoire, p. 56). La fragmentation de la phrase a ceci de particulier, par rapport aux autres formes, qu’elle est celle qui quitte le plus radicalement possible les rivages du récit aristotélicien. Mais Chevillard, tout en freinant des quatre fers, sème à tout vent (hum); c’est-à-dire que par la fragmentation syntaxique extrême, se trouve reformulée dans chaque item une substance romanesque intacte, ramassée puis démultipliée d’autant. On peut donc dire de la liste chevillardienne que, dans un même mouvement, elle réduit la substance romanesque à son minimum, et qu’elle en multiplie les occurrences. J’observerai pour les besoins de mon analyse plusieurs listes, ainsi qu’un fragment plus conséquent de l’écriture chevillardienne — sans doute les premières pages de Dino Egger. Observant que s’y trouve, réduit à l’extrême, la logique de versatilité qui préside pratiquement à tous les incipits chevillardiens, je souhaite mettre en lien cette logique (illustrée dans Le Roman ludique par l’image réitérée du rotin ou/et de l’osier de la cage de Palafox) avec celle de la liste, qui cherche à accomplir une sorte de «livre sur tout», fondamentalement lié à une dynamique subjective dont la finalité serait «l’aspiration au non-être» (Bessard-Banquy, 147). Finalement, mon propos se déportera sur cette question fondamentale du sujet: du sujet grammatical dont la liste, par principe, s’éloigne, au sujet de l’énonciation qui se dilue dans son propre discours de liste, au point qu’il n’est pas rare de constater une sorte de passation de pouvoir de la figure d’auteur à celle de lecteur (les roches en -ite dans Préhistoire, p. 148, où le «littérateur nécessiteux» est invité à se servir, les clichés littéraires de Du Hérisson, p. 134-5, les «cent défis et exploit nouveaux» du Vaillant petit tailleur, p. 219, etc, etc.).
Jean-Bernard Vray
Chevillard et les sept mouches ou Le vaillant et virulent petit auteur Le mot «virulence» peut venir à l’esprit pour suggérer ce que l’œuvre de Chevillard déploie de mordant, sa capacité à déployer «viralement» une nocivité violente et dangereuse pour les «organismes» qu’elle prend à partie (instances textuelles, auctoriales, etc.). J’étudierai la virulence intertextuelle du Vaillant petit tailleur (comment Chevillard s’y prend pour donner enfin un «auteur» à une histoire qui souffre depuis l’origine de n’en avoir pas, en «congédiant» ceux qu’il nomme ses «collaborateurs de l’ombre»).
Lia Kurts
La pensée descellée ou l’écriture comme arme de défigement massif Le terme de défigement s’utilise en général pour parler du défigement sémantique des expressions lexicalisées. Mais puisque, selon Furne, «on se moque de nous à tous les niveaux», ce sont bien «tous les niveaux» qui subissent le même traitement drastique de défamiliarisation, de déteritorialisation: la progression narrative, la consistance des personnages, les scènes de genre, les comparaisons et métaphores banalisées, tous les types de collocation, mais aussi de manière très générale, nos modes de couplage avec le monde, toutes les attitudes humaines sédimentées qui se trouvent dynamitées comme autant de vaines acrobaties relevant de notre «Gloriette» quotidienne. Nous mettrons en lumière dans notre communication quelques uns des moyens stylistiques (glissements énonciatifs, élasticité phrastique et progression à rebours, répétitions, superpositions référentielles, …) permettant de produire ces défigements, défigements qui nous semblent servir une entreprise sanitaire et néanmoins réjouissante de «lessivage» du lecteur – les romans de Chevillard étant ainsi agencés de manière systématique comme des machines à desceller la pensée, répondant à l’impératif énoncé dans Le Caoutchouc décidément: «nous assisterons dans les esprits à la naissance de la pensée».
* Quelques pistes que nous suggérerons:
les glissements énonciatifs: les métalepses (en particulier l’usage des impératifs du type «recette de cuisine» (à la p. 4 ou la p. 5 «mettons» ou «mettez»; l’utilisation de toutes les valeurs du présent dans une même phrase)), les commentaires métalinguistiques sur le choix de tel ou tel mot
le traitement phrastique: la phrase progresse par commentaires de ce qui précède; elle avance à rebours, par creusement des propositions; dynamique à rebours fondamentale: on se préoccupe de défaire et non de faire les nœuds (lexicaux, narratifs); grande élasticité de la phrase, alternance de phrases longues, segmentées, et de phrases très courtes, souvent non canoniques. On soulignera l’importance du traitement de la proposition relative, le plus souvent projetée loin après son antécédent, dans une position syntaxique incongrue qui participe à la dynamique comique
importance de la parenthèse, lieu d’un redoublement du décrochage énonciatif, la parenthèse étant souvent l’occasion d’une réflexion sur la fonction parenthétique elle-même
importance consécutive de la répétition, de la reformulation (en particulier de l’alternative en «ou»), de la paronymie
pastiches de style, passage d’un registre de langue à un autre
les superpositions référentielles (animal/humain, animé/objet) volontiers incongrues; forme de référenciation palimpseste
* tous ces procédés allant dans le sens d’une connotation autonymique généralisée, ce que l’on pourrait appeler une hyper-vigilance énonciati
Claude Coste
C’est avec plaisir que je vous propose une communication portant sur Chevillard et la “mauvaise foi”. Il me semble que la “mauvaise foi” fait partie intégrante de la pensée de Chevillard, mais une mauvaise foi qui n’en est plus vraiment une, à force de franchise! Quant toute critique (littéraire, politique, etc.), invente un adversaire sur mesure, Chevillard joue en toute clarté: c’est, bien sûr, le cas dans Démolir Nisard où il s’en prend à un critique que tout le monde à oublié; c’est aussi le cas dans Oreille rouge où, dans un autre domaine, il tente d’éviter de tomber dans tous les pièges que présentent les différents discours sur l’Afrique. Je vous propose donc d’examiner cette question de la mauvaise foi à partir de ces deux textes, en essayant de montrer comment Chevillard trace une voie singulière, évitant, autant que faire se peut, les obstacles de la bonne conscience (littéraire ou politique).
Christine Jérusalem
«Chevillard au Mali» J’aimerais interroger la question du genre dans l’œuvre d’Eric Chevillard, à partir du roman Oreille rouge (2005). On sait en effet que cette approche générique est importante pour l’écrivain, comme le montrent tout à la fois (et pour se limiter à quelques exemples), le blog l’Autofictif, le feuilleton littéraire dans Le Monde, les réécritures du conte dans Le vaillant petit tailleur. Oreille rouge me semble poser une double question:
celle du récit de voyage et de ses possibles tentations (la réécriture des clichés liés à l’Afrique, l’appel du poème épique).
celle du rapport à l’autre, induite par la question du genre: comment se situer par rapport à la culture africaine en évitant l’ethnocentrisme tout aussi bien que la dénonciation facile de cet ethnocentrisme.
En somme, comment faire entendre sa voix et celle des autres? Sans doute par la présentation d’un bestiaire loufoque et l’usage d’un humour corrosif.
Marc Daniel
Chevillard conteur.
Ekaterina Koulechova
Réception de Chevillard.
Françoise Rouffiat
L’enlèvement du hérisson par Chevillard.
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