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Temporalité et brièveté dans la poésie moderne et contemporaine

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Journées d’études (le jeudi 11 avril 2013 à l’université Lille 3 et le jeudi 16 mai 2013 à l’Inalco à Paris) Temporalité et brièveté dans la poésie moderne et contemporaine Université Lille 3 / Alithila (Jessica Wilker et Toshio Takemoto) Inalco / Centre d’études japonaises (Makiko Andro-Ueda) Présentation: Edgar Poe écrit dans The Poetic Principle qu’un poème ne doit pas dépasser cent vers et doit pouvoir être lu en une seule fois. À l’aube de la modernité (le texte date de 1850), la brièveté devient donc un critère essentiel pour la qualité d’un poème. Il précise cependant "qu’un poème peut être indûment bref. […]. Un poème très bref, s’il produit quelquefois un effet brillant ou vigoureux, ne produira jamais un effet profond ni prolongé. Une pression soutenue du cachet sur la cire est nécessaire ". De cent vers aux dix-sept syllabes du haïku, il y a, donc, un abîme, mais peut-être une préoccupation analogue: celle de mettre l’accent sur l’acte de la perception, l’effet suscité à la lecture. Si, selon Poe, «l’expression un long poème est une contradiction pure et simple dans les termes», c’est parce qu’«un poème ne mérite ce titre que dans la mesure où il stimule, en élevant l’âme […]. La valeur du poème est en proportion de cette stimulation et de cette élévation. Mais toute stimulation est, par nécessité physique, éphémère». On le sait, cette poétique, privilégiant l’effet, est ensuite reprise par Mallarmé et deviendra une des constantes de la poésie de la modernité et de ses théoriciens. Victor Chklovski la reprend ainsi à son compte en 1917, lorsqu’il écrit que le «but de l’art, c’est de donner une sensation de l’objet comme vision et non pas comme reconnaissance ; le procédé de l’art est le procédé de singularisation des objets et le procédé qui consiste à obscurcir la forme, à augmenter la difficulté et la durée de la perception. L’acte de perception en art est une fin en soi et doit être prolongé [...]». On se trouve apparemment face à deux conceptions opposées du temps de la lecture: d’une part, la fulgurance et l’intensité de l’effet, d’autre part, la prolongation – par l’art – de cet instant éphémère. La poésie brève qui, tel le haïku, tente de capter l’instant – tout en l’isolant du flux ininterrompu du temps qui passe – semble à même d’unir les deux pôles complémentaires de cette opposition et à transformer ainsi l’instant en durée hors du temps. Évoquer l’instantanéité du haïk u est presque un lieu commun et l’on se souvient que Roland Barthes voit en lui et sa perception particulière du temps l’équivalent verbal de la photographie. Le poète contemporain allemand Durs Grünbein reprend cette image et le compare au polaroïd. À une époque où les polaroïds ont disparu – ou sont, au contraire, poussés au paroxysme grâce aux technologies modernes – nous aimerions poser la question de la relation qu’entretiennent la brièveté formelle et la fulgurance de l’effet produit à la lecture, en nous interrogeant en même temps sur l’expression de la temporalité dans les poèmes de l’époque moderne et contemporaine, aussi bien en Occident qu’en Orient. La question de la temporalité se pose à au moins deux niveaux, forcément liés: celui du temps de la lecture (et de l’écriture) et celui de l’intensité et de la durée de la perception de ce que l’on lit. Nous aimerions y ajouter un troisième niveau et rendre perméable la frontière qui sépare le texte du poème des conditions de sa production et de sa réception et, par conséquent, mettre en rapport la temporalité du poème et la temporalité dans le poème. Par-delà les nombreuses différences entre la poésie – et la pensée – occidentale et orientale (concernant la forme, les concepts ou les images), nous aimerions examiner ce qui les rapproche, en nous concentrant sur le traitement du temps: Comment l’instantanéité et la durée sont-elles représentées dans la poésie brève? Y a-t-il une contradiction ou plutôt une complémentarité entre les deux? Existe-t-il une temporalité propre au poème bref? Y a-t-il, dans des genres aussi variés que le haïku , le senryû et le tanka au Japon et les formes brèves de la poésie occidentale (y compris le haïku français, américain, allemand, etc.), une convergence dans le traitement du temps? Existe-t-il un lien entre la brièveté extrême et le refus du concept ? Et si le concept est une invention de l’Occident, est-il aussi une fatalité à laquelle la poésie occidentale ne peut échapper? De quelle manière la poésie brève représente-t-elle la vie d’un homme, une tranche de vie, un instant, un moment vécu? Quelles sont les visions du temps présentes dans la poésie brève: chronologique, téléologique, cyclique? Y a-t-il un lien entre la modernité et la brièveté en poésie? Nous limiterons ces journées d’études à la poésie moderne et contemporaine (à partir de Poe, du Rimbaud des Illuminations , des Cent phrases pour éventails de Claudel jusqu’à Jaccottet, Bonnefoy, Ungaretti et Gaspard, par exemple) et considérerons – parce qu’il faut bien une limite, même arbitraire – qu’un poème bref ne dépasse pas quatre vers. Les deux journées d’étude auront lieu le jeudi 11 avril 2013 à l’université Lille 3 et le jeudi 16 mai 2013 à l’Inalco à Paris. Les propositions de communication (un titre et un résumé d’une dizaine de lignes) sont à envoyer au plus tard le 15 janvier 2013 aux trois organisateurs: Makiko Andro-Ueda (makiko09birds@gmail.com) Toshio Takemoto (toshio.takemoto@gmail.com) Jessica Wilker (jessica.wilker@univ-lille3.fr)

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