Appel à communications Colloque international Organisé par l'Université de Sfax Faculté des Lettres et Sciences Humaines Unité de Recherche en Littérature, Discours et Civilisation (UR11ES62) « Le détour: tours et détournements » 9-10-11 décembre 2015 Il n’y a pas de ligne droite, ni dans les choses ni dans le langage disait Deleuze. Faut-il en conclure que la ligne droite n’existe pas? Nullement. Elle existe à titre d’idéal et à ce titre, elle permet de définir le détour. Ce dernier désigne l’action qui consiste à s’écarter de la voie la plus droite. Voie marginale, multiforme, elle reçoit une connotation négative (elle est symbole de perversité) ou positive (elle est une marque de liberté). La question du détour est aussi associée au langage: le discours, oral ou écrit, utilise divers procédés indirects pour ne pas «appeler les choses par leur nom». Le détour prend de multiples formes: syntaxiques (apposition, locution, périphrase…), rhétoriques (figures de substitution, métaphore, parabole, euphémisme, litote…), énonciatives (discours rapporté, ironie…), pragmatiques (l’implicite, le sous-entendu…), intertextuelles (citation, allusion,…), textuelles (digression, anecdotes…). Ce relevé n’est sans doute pas exhaustif! Grâce au détour, quelque chose peut se dire qui serait susceptible de contourner l’emprise coercitive du discours, de la détourner. Excès du texte et prolifération du sens ou lieu du non-dit et du suggéré, le détour participe à une esthétique de l’implicite et de l’oblique. En faisant valoir le sinueux, l’indirect, le détour brouille l’usage habituel des signes, laisse entrevoir une pluralité de sens et renouvelle de ce fait notre approche du discours. La langue est également matière à détournements. Le discours prend un autre sens que son sens original par des procédés de masquage ou de surcharge. Ce procédé discursif se rapproche de l’intertextualité, de la citation et de l’allusion. Ce «processus par lequel tout texte peut se lire comme l'intégration et la transformation d'un ou plusieurs autres textes»(De Biasi) se retrouve dans le pastiche ou la parodie. Mais si le pastiche est l’hommage rendu à un auteur, la parodie s’en distancie souvent sur un ton moqueur. Elle est selon Genette, «une transformation stylistique à fonction dégradante». La parodie détourne la littérature de ses codes fictionnels et associe le lecteur à un travail de subversion et de détournement des pratiques d’écriture. En recouvrant en creux un large spectre d’interprétations possibles, le détournement crée un effet stylistique et contribue à accélérer la circulation du discours en créant de la connivence avec le récepteur. Le détournement, participant à une stratégie de captation ou de subversion , est plus qu’un simple effet de style, il est l’essence même du discours en question. Sans détournement, il n’y aurait pas de discours. Le détour et le détournement, au lieu d’utiliser une langue ordinaire, libèrent les mots. Ces deux procédés discursifs cherchent à pratiquer une hygiène de l’usage de la langue. Ils lui restituent les possibles qu’occulte son fonctionnement ordinaire et révèlent à l’intérieur même du discours la possibilité d’un fonctionnement tout à fait autre. Le colloque, tout en privilégiant les manifestations linguistique et stylistique du détour souhaite s’ouvrir à toutes lessémiosesou en tout cas n’en exclure aucune (photographie, cinéma, musique, chanson…). De même, il est ouvert à la question du détour en régime non fictionnel (philosophie, critique, discours politique, scientifique…) Les communications peuvent s’inscrire dans les problématiques suivantes, mais pas exclusivement: - détour et rhétorique - détour et discours rapporté - détour et énonciation - détour et stratégies discursives - détour et genres littéraires Modalités de soumission Les titres et résumés des communications, d’environ une demi-page, accompagnés d’une notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 30 juin 2015 à: mutrabelsi@gmail.com Calendrier :30 juin 2015: Réception des propositions de communication 30 août 2015: Notification aux auteurs 9-10-11 décembre 2015: Colloque international Décembre 2016: publication Responsable : Mustapha Trabelsi Comité scientifique: Jean-Michel Adam, Michèle Aquien, Bourguiba Ben Rjeb, Othman Ben Taleb, Stéphane Chaudier, Kamel Gaha, Joëlle Gardes, Philippe Jousset, Joël July, Danièle James-Raoul, Laurence Rosier, Mokhtar Sahnoun, Jacques-Philippe Saint-Gerand. Comité d’organisation : Raoudha Allouche, Arselène Ben Farhat, Fatma Bouattour, Leila Euchi, Ines Hamed, Haytham Jarboui, Nousaiba Ouakkaoui, Rhibi Chokri, Bilel Salem. ** Quelques repères bibliographiques: BALANDIER Georges, Le Détour : Pouvoir et modernité , Fayard, 1985 BORDAS Eric, Balzac, discours et détours . Pour une stylistique de l'énonciation romanesque , Presses Universitaires du Mirail, 1997, CAREL Marion (dir), Les Facettes du dire : Hommage à Oswald Ducrot , Editions Kimé, 2002. DUPONT Nathalie et TRUDEL Eric (dir), Pratiques et enjeux du détournement dans le discours littéraire des XX e et XXI e siècles , Presses de l’Université du Québec, 2012. GENETTE Gérard, Palimpsestes, la littérature au second degré , Seuil, 1982. LIGNEREUX Cécile et PIAT Julien (dir), Une Langue à soi: propositions , Presses Universitaires de Bordeaux, 2009. LOUVEL Liliane, (dir.), Le Détour , La Licorne , 2005. JAMET Denis et JOBERT Manuel (dir), Empreintes de l'euphémisme : Tours et détours , L’Harmatann, 2010 PETILLON Sabine, Les détours de la langue . Etude sur la parenthèse et le tiret double , Bibliothèque de l’Information Grammaticale, Paris-Bruxelles, Peeters, 2002. MAINGUENEAU Dominique et GRESILLON Almuth, «Polyphonie, proverbe et détournementou un proverbe peut en cacher un autre», Langages , Vol. 19, n° 73, 1984, p112-125.
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