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Jessie Bi, La Bande dessinée est fille de la liberté de parole

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//www.fabula.org/actualites/documents/66485.gifJessie Bi, La Bande dessinée est fille de la liberté de parole Article paru après le 7 janvier 2015. " (...) A cette parole libérée, s’ajoute une désacralisation de l’écriture par l’image. Le dessin de presse et la bande dessinée se servent de l’immédiateté de l’image, pour contrebalancer, préciser ou pervertir la successivité de l’écrit et les signifiés de ses mots. Plus l’image s’offre sans intermédiaire, dans ce qui habituellement dans un système qui la contrôle, sert à son ébauche et à son élaboration (le dessin), plus elle s’affirme dans la sismographie d’une vérité première, instinctive, libre de toute représentation ou glorification. Qualifiée de caricaturale, à charge, elle ne peut que gêner ceux dans la parole verticale, venue toujours plus haut voire jusqu’au-delà des cieux, ceux pour qui l’image ne doit que célébrer ou être bannie (iconoclasme). Ajoutons que cette image libérée de certaines conventions et de lourdeurs de réalisations, sait s’affirmer encore plus hors langage, bien plus universelle qu’une écriture dépendante de la langue qu’elle retranscrit, de la parole qu’elle a sacralisée. La bande dessinée est fille de la liberté de parole, c’est aussi pour cette raison qu’elle fleurit avant tout dans les démocraties. Cela ne l’a pas empêché d’y être censurée, cantonnée à la jeunesse (pour apprendre à parler) et pour cette raison encore plus censurée. L’aventure d’ Hara Kiri et de Charlie fut pour elle une retrouvaille avec les qualités du dessin de presse, avec des gens vivants, des adultes, bien et bon vivants, au souffle sans dieux ni maîtres, tout à la parole libérée des écritures des pouvoirs (spirituels, politiques et économiques) qui se succèdent ou se surajoutent. Pour ceux qui se souviennent de son nom, Charlie est un enfant qui parle comme un adulte. Donner ce prénom à un mensuel, puis à un hebdo pour raison de censure, ce n’est pas être adulte et parler comme un enfant (comme les autres magazines ou journaux), mais bien affirmer un plaisir fondateur et une qualité de regard, les poursuivre dans un adultat non résigné. L’enfant ne parle peut-être pas bien, fait des dessins instinctifs, gauche pour ceux de droite, mais il voit bien le roi nu même dans ses atours les plus opaques, et il en rit en le montrant du doigt à tous. Pour signifier la mort d’un personnage dans une bande dessinée, certains dessinateurs utilisent une bulle qui, informe et dégonflée, semble s’envoler, vide de parole, s’évaporant comme une petite buée, dans l’air, juste dans l’air. Les phylactères, eux, font uniquement parler des morts." (image : première parution Peanuts , 1950 - case 3/4 du strip)

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