DES LIEUX ALTERNATIFS
Exil- exotisme- colonisation…
Mémoire – identité – hégémonie…
Colloque international pluridisciplinaire
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines – Rabat
18-19 Avril 2013
Organisé parle Département de Langue et de Littérature Françaises :
Groupes de recherche: «Littérature et Histoire» (GRLH), «Littérature Française, Francophone et Comparé» (LIFFEC), «Arts et Littérature» (GRAL)
En partenariat avec
Le Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Cultures en Contact (GRICC) –
Université de Moncton - Canada
La question du territoire propre et du territoire de l’autre semble avoir marqué, depuis toujours et sous différentes formes et actualisations, la conscience littéraire, philosophique et artistique. Dans sa dimension symbolique et ses implications éminemment culturelle, historique et politique, cette question se laisse mieux cerner à travers la notion de lieu , qui permet de croiser diverses perspectives dans les sciences humaines, et dont on peut formaliser ici certaines manifestations, autour de trois motifs abstraits: quête, conquête et perte de lieu.
L’archétype Odysséen, récit des origines s’il en était, de l’exil et du retour à la terre natale, demeure à ce titre un motif premier qui préside à de nombreuses expériences de représentation où le passage par des lieux autres réveille la nostalgie d’un lieu, unique et irremplaçable, avec lequel le sujet confond son identité, au risque de la perdre. Or, celle-ci est-elle une donnée invariable que l’on laisse derrière soi, et dont le retour au lieu d’origine favoriserait le recouvrement? La mémoire n’empêcherait-elle pas peut-être la rencontre et l’identification avec d’autres lieuxpossibles? La quête poétique du vrai lieu serait-elle un dépassement du lieu tangible comme métaphysique aliénante? Dans le même sillage, comment la Raison pratique, qui peut s’affirmer dans la pensée la plus éclairée, peut s’opposer à de tels élans créatifs et ramener l’identité aux critères de territoire et de frontières ?
Inversement, dans la démarche exotique et/ou hégémonique, telles qu’elles se dégagent surtout des récits à caractère ethnographique, et malgré les différences qui les caractérisent, un jeu de superposition des lieux est à l’œuvre, soit pour célébrer une différence radicale, aux antipodes des habitudes du regard qui note et s’étonne, soit pour ramener cette différence à une référence irréductible et centrale. Derrière le jeu de célébration de la différence lui-même, on peut parfois reconnaître une attitude de décentrage de l’autre lieu qui trahit une centralité foncière du lieu référentiel et une posture d’hégémonie. La constatation de la diversité et la fascination qu’elle peut provoquer s’accompagnent-elles pour autant d’une reconnaissance de la différence et de l’éventualité d’autres lieux et modes d’être? Aussi, le regard colonial n’est-il pas dans son essence une mise en crise, par interférence et transposition, de l’identification du colonisé à son propre lieu? Décoloniser l’imaginaire, comme ce fut le projet de nombreux auteurs et penseurs du Sud, ne revient-il pas à restituer le lien absent au lieu présent, im-médiatement saisissable?
L’expérience du lieu peut encore prendre la forme complexe du décalage et de la mise en suspens. Le sujet porteur de cette conscience problématique du lieu opère une sorte de double négation: de l’espace d’origine comme de l’espace de destination. Il le fait soit par choix responsable de flottement identitaire (exil volontaire par exemple), soit par déterminisme historique (le cas des écrivains issus de l’immigration). Surgissent dès lors des formes inédites de non-appartenance: ambigüité culturelle ou hybridité, maintien stratégique dans l’entre-deux ou quête de la troisième voie, celle du non-lieu notamment (universalisme, devenir-monde, créolisation globale).
Ces trois modes expérientiels du lieu, eux-mêmes issus de divers contextes historiques, culturels et politiques disions-nous, ponctuellement déterminables, affectent à leur tour l’art et la littérature - si ces derniers ne les devancent et ne les annoncent pas, comme c’est souvent le cas avec des auteurs visionnaires. Ils en sont la problématisation la plus aboutie et la plus parlante. Aussi, convient-il dans le cadre de ce colloque de restituer au lieu sa véritable dimension de cadre de pensée et d’horizon de création. C’est-à-dire d’enjeu majeur, d’hier, d’aujourd’hui comme de demain. Sans réduire la notion de lieu à son acception spatiale première, nous nous demanderons éventuellement comment différents écrivains, artistes et praticiens des sciences humaines ont pensé le lieu ou se sont laissés dominer par les multiples aspects et effets du ou des lieux. Comment la prégnance de cette notion de lieu, sous son jour énonciatif, se laisserait-elle saisir à travers les diverses productions discursives, politiques et médiatiques notamment, trahissant des jeux de domination, de rejet ou de stigmatisation, soit en somme des jeux de privation de lieu? Comment, en définitive, ces productions discursives peuvent elles-mêmes être productrices de territoires et de lieux, plus comme savoirs construits que comme données empiriques?
Plusieurs axes transversaux, possibles et non exhaustifs, sont ici à envisager:
- Les effets du lieu : Départ vs retour – répulsion vs nostalgie, célébration vs occultation, identification vs distanciation, assignation vs libération, etc.
- Récits et représentations du lieu : mémoire, généalogie, oublis, etc.
- Lieu , discours et altérité : fascination – tentation – domination, substitution, superposition, transfiguration, etc.;
- Lieu et tension identitaire : neutralité – ambiguïté – ambivalence discursive - «dés-appartenance» - marquage et démarquage ethnique - entre-deux, globalité, etc.
Objectif du colloque:
Ce colloque se veut pluridisciplinaire; il a pour objectif de conjuguer des perspectives pertinentes et d’inciter à un débat constructif autour d’une problématique au carrefour des pratiques et des savoirs.
Comité d’organisation:
Hassan Moustir - Mourad Ali-Khodja - Ijou Cheikh Moussa - Jamal Eddine El Hani - Jean Morency - Houda Benmansour - Salima Khattari
Comité scientifique:
- Driss ABLALI (CREM, Université de Lorraine – France)
- Mourad ALI-KHODJA (GRICC, Université de Moncton - Canada)
- Rhida BOURKHIS ( Professeur au Département de Français, Université de Sousse – Tunisie)
- Pascale CASANOVA (CRAL-EFISAL , EHESS, Paris - France)
- Ijou CHEIKH MOUSSA (LIFFEC, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Fathallah DAGHMI, (Migrinter - Université de Poitiers – France)
- Jamal Eddine EL HANI (GRLH, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Hafid GAFAÏTI (CMLL, Université de Texas - USA)
- miyna KAPTAN-BELKORA (GRAL, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Salima KHATTARI (LIFFEC, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Fouad LAROUI (Chair Group Romanic Languages and Cultures, Université d’Amsterdam – Pays-Bas)
- Jean MORENCY (Professeur au Département d'études françaises, Université de Moncton Canada)
- Hassan MOUSTIR (GRLH, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Youssef OUAHBOUN (GRAL, Faculté des Lettres de Rabat - Maroc)
- Régine ROBIN (Département de sociologie, UQAM - Canada)
- Tarik SABRY (CAMRI, Université de Westminster, Londres, Royaume-Uni)
- Mohammed SALHI (Vice-doyen chargé des études supérieures, de la recherche scientifique et dela coopération, Faculté des Lettres de Rabat – Maroc)
Modalité de soumission des propositions:
- Un résumé en rapport avec l’un des axes du colloque (de 250 mots environ)et une brève notice biobibliographique (fonction actuelle, aperçu sur le parcours académique, principales publications en rapport avec le sujet du colloque:10 lignes max.) sont à envoyer àl’adresse colloque.des.lieux.alternatifs@gmail.com avant le 05 janvier 2013
- Afin de faciliter le travail du comité scientifique, il serait souhaitable d’envoyer les propositions bien avant cette date.
Notification d’acceptation ou de refus:
- La décision du comité scientifique sera communiquée auxauteurs des propositions autour du 15 février 2013
- Le délai de rigueur pour l’envoi des textes des communications, en vue de la publication des actes, sera annoncé dans l’avis d’acceptation, avec un complément d’information sur l’organisation du colloque.
Prise en charge:
Les frais d’hébergement et de restauration sont pris en charge par les organisateurs. Par contre, les frais de voyage et de déplacement sont à la charge des participants ou de leurs laboratoires d’attache.
Inscription au colloque:
Les frais d’inscription au colloque, payables sur place, sont de l’ordre de:
- 100 euros pour les participants de l’extérieur du Maroc (75 pour les doctorants)
- 500 dhs pour les nationaux (300 dhs pour les doctorants)
Pour toute information complémentaire sur le colloque, contacter: moustir@hotmail.com
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