La critique rock: formes, valeurs et représentations
(Université Rennes 2, CELLAM, «Axe littérature et arts», Groupe Phi / Institut universitaire de France)
Dans le cadre du programme collectif «La critique musicale au XX e siècle» déposé par Timothée Picard auprès de l’Institut Universitaire de France, deux journées d’études seront consacrées à la critique des «musiques populaires»: rock et musiques actuelles, organisées par Aurélien Bécue et Noëmie Vermoesen. La première aura lieu le 3 avril 2013 à l’Université de Rennes 2 et portera spécifiquement sur la critique rock.
Argument :
La critique rock possède désormais une longue histoire, depuis sa fondation à la fin des sixties , qui a été marquée par de multiples évolutions stylistiques, querelles musicales ou parti-pris éthiques. Dans le sillage de l’ouvrage collectif Rock Criticism from the Beginning , nous nous proposons d’analyser ce vaste territoire comme un champ culturel autonome possédant des codes et des normes, des genres et des formes privilégiés [1] . Aussi, c’est bien en tant que fait littéraire que nous souhaitons interroger la critique rock, en posant notamment les questions de ses spécificités stylistiques [2] , de la relation «métacritique» du critique à l’écriture, ou encore des conditions du jugement de goût et du jugement de valeur.
Sans néanmoins négliger les composantes sociologiques et socioculturelles de la critique rock, il s’agira de réfléchir à la pertinence d’une «écriture rock», «écriture du rock» ou «écriture sur le rock», en analysant les formes et les styles de ces écritures (et des revues qui les accueillent). En outre, à partir de cette approche formelle, il sera donc possible de questionner la question de la valeur de la musique – mais également de l’écriture – dans ce champ, et les évolutions de cette valeur, sous l’effet croisé des mutations du rock et de sa réception dans des aires culturelles diverses.
Les approches comparatistes et croisées seront privilégiées afin de territorialiser au mieux les caractéristiques stylistiques, génériques, esthétiques et éthiques de ces textes et de rendre compte des différents espaces nationaux marqués par la critique rock (journalisme anglo-saxon en premier lieu, mais également français, allemand, etc.).
Aussi, nous envisageons trois axes de réflexions principaux non-exclusifs pour lesquels sont proposées quelques pistes non-exhaustives d’études:
Une approche formelle autour de la genèse de la critique rock et la formation d’un canon:
L’âge d’or, les pionniers de la critique rock et la nostalgie
Formation et dépassement d’un canon
Caractéristiques stylistiques (invective, hyperbole, adresse au lecteur, rupture(s), etc.)
Conséquences formelles des évolutions musicales (glam rock, punk, post-punk, grunge ou noise par exemple)
La spécificité de revues, de générations de critique (les plumes du NME ), de mouvements (journalisme gonzo ) ou d’aires culturelles
Représentation de l’histoire musicale
Mise en scène de l’écoute du rock
Une approche axiologique autour des questions de la valeur de la musique et de la littérature dans la critique rock:
Le rock et les autres musiques (classique, jazz)
Appréciation, goût et jugement de valeur
Le contexte historique des jugements de valeur
La légitimité et le refus du sérieux
La question de l’authenticité, du cool ou de l’artifice
L’érudition et le «snobisme à l’envers»
Réceptions et transpositions de la critique rock anglo-saxonne
Une approche éthique articulant la posture du critique rock et sa relation à l’écriture:
La question de la subversion
La question de la légitimité
Les critiques rock universitaires et le rapport à l’institution
Journalisme et publications littéraires
La mise en scène de l’écriture et de la publication (commentaires métacritiques)
Critique rock et gonzo journalisme
Enfin, si cette journée est à première vue directement destinée aux spécialistes de littératures comparée, française ou étrangères, toute proposition émanant d’autres disciplines (sociologie, musicologie, histoire, esthétique, etc.) et s’inscrivant dans le cadre présenté ci-dessus sera évidemment la bienvenue. Les propositions (une page maximum présentant la problématique et le corpus, accompagnée d’une biographie) sont à envoyer aux adresses suivantes: noemie.vermoesen@gmail.com et aurelienbecue@gmail.com .
Calendrier :
Date limite pour l’envoi des propositions: 15 janvier 2013
Retour des propositions: 1 er février 2013
La seconde journée «La critique des musiques actuelles: entre anciens et nouveaux médias» aura lieu à la fin de l’automne 2013.
Les communications feront l’objet d’une publication.
Comité scientifique: Aurélien Bécue, Timothée Picard, Noëmie Vermoesen .
[1] “One problem that has guided our investigation from the outset is to what degree and in what sense rock criticism has been established as a cultural field, bridging the gap between journalism and popular music. […] Contributing to a new understanding of popular culture, rock criticism has developed its own standards, its own themes to dispute, its own doxa, its own stylistic repertoire and its own criteria for access.”, (Ulf Lindberg and alii. , Rock Criticism from the Beginning, Amusers, Bruisers & Cool-Headed Cruisers, New-York, Peter Lang, 2005, p. 329.)
[2] Cette question est également soulevée par les auteurs de Rock Criticismfrom the Beginning : “The best writers are often those whose styles are able to convey some of the feelings that the music triggers. This involves an approach to literary – lyrical or, more commonly, narrative – tools. A close examination would probably show some predilection for expressive tropes (metaphor, irony, hyperbole) over figures that impose some kind of syntactic (antithesis, anaphora, parallelism) or sound (various kinds of rhyme) patterns on the text”, ( Ibid., p.342.)
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