Rodolphe Baudin et Olga Kafanova (dir.), Pères et fils -Rapports intergénérationnels dans les dynasties d’écrivains et d’artistes
Presses Universitaires de Clermont-Ferrand, coll. "Révolutions et romantismes", 2012.
454 p.
EAN 9782845165960 (version pdf : 9782845165977)
28,00 EUR (support numérique : 18,50 EUR)
Présentation de l'éditeur :
Cet ouvrage permet d'interroger les formes que peut revêtir l'acceptation par les fils du capital symbolique construit par les pères. Ces formes, souvent discrètes, sont parfois douloureuses, comme le montrent les études rassemblées ici.
Les études rassemblées dans le présent volume abordent la question de la formation des dynastie d'écrivains et d'artistes, de leur pérennisation, et des conflits qu'engendre la transmission du «génie» des pères aux fils, notamment lors des moments clefs de l'évolution culturelle qui voient la remise en cause des paradigmes esthétiques auxquels est attachée l’œuvre des pères.
À travers l’exemple des vingt-six «couples» de pères et de fils, mais aussi de mères et de filles, voire d’oncles et de neveux, sont étudiées, de la France à la Russie en passant par l’Allemagne ou l’Empire ottoman, et sur une période de deux siècles, les différentes formes que revêt la passation de l’héritage artistique et du capital culturel qui lui est associé, ainsi que la réaction des récipiendaires à ce cadeau souvent empoisonné.
Sommaire :
Rodolphe Baudin – Introduction : Pères et fils ou l'ombre portée
Partie 1 – De l'Antiquité aux Lumières
David H. Larmour – Les Pline et les Sénèque : Pères et fils littéraires sous l'ombre du Pater familias impérial ;
Stefan Lemny – Les Cantemir au croisement des cultures européennes ;
Rodolphe Baudin – Les Emine, romanciers de père en fils.
Partie 2 – Paternités et filiations musicales et artistiques entre Lumières et romantisme
Jean-Louis Jam – La splendeur des Bach ;
Laurine Quetin – Johann Christian Bach et la transmission d'un savoir ;
Johann Elart – Compositeurs de père en fils au XIX e siècle : les Boieldieu ;
Rébecca Duffeix – Les deux Fragonard : Alexandre-Évariste et son père Jean-Honoré.
Partie 3 – Pères et fils entre romantisme et symbolisme
Claude Schopp – Les Alexandre Dumas : lettres d'amour paternel ;
Nathalie Vincent-Munnia – Magu, Gilland, Marc Gilland ; une famille de poètes ouvriers sur trois générations ;
Claire Le Guillou – Génie, postérité et histoire familiale : l'exemple des Cros.
Partie 4 – Paternités et filiations du Grand siècle de la littérature russe
Natalia Nikonova – Ivan Petrovitch Tourgueniev – et ses fils dans l’histoire de la pensée
et de la littérature russes ;
Valeri Domanski – « Mon père parnassien » : Alexandre et Vassili Pouchkine ;
Peter I. Barta – Le patrimoine pouchkinien et le texte fragmentaire ;
Daniel Larangé – Vassyl Hohol et Nicolas Gogol. Du dramaturge ukrainien à l’écrivain russe ;
Olga Kafanova – Elena Gan et ses deux filles comme phénomène culturel ;
Dina Lobatcheva – Sergueï et Constantin Aksakov ;
Nina Razoumova – Le second Fedor Tiouttchev de la littérature russe ;
Zina Gimpelevitch – Innokenti Fedorovitch Annenski et Valentin Innokentevitch Annenski-Krivitch, « poète lui-même et fils de poète ».
Partie 5 – Pères et filles, mères et fils
Patricia Izquierdo – De père en fille : Judith Gauthier et Gérard d’Houville, alias Marie de Hérédia ;
Suzel Esquier – Le voyage selon George et Maurice Sand : des Lettres d’un voyageur à Six mille lieues à toute vapeur ;
Elena Barnachova – Evguenia et Valerian Maïkov. Du romantisme au positivisme ;
Michel Niqueux – Des Beketov à Blok, ou l’ascendance littéraire féminine d’Alexandre Blok.
Partie 6 – D’un médium à l’autre
Michel Aucouturier – Les deux Pasternak : le peintre et le poète ;
Alexandra H. Karriker – Arseni et Andreï Tarkovski : dialogues et réverbérations.
Partie 7 – Paternité et filiation à l’ère de la postmodernité
Anastasia Vinogradova-de-la-Fortelle – Du père au fils : la littérature d’ici et d’ailleurs, le cas de Sergueï et Dmitri Kaledine ;
Erin Collopy – À la recherche de l’Autre : Sexe et sexualité dans L’Allemand de Nina Sadour et L’air d’Ekaterina Sadour.
Extrait de l'introduction :
« Dans l'une de ses Pensées détachées , Jules Barbey d’Aurevilly notait déjà : "Bon sujet d’article : Les familles littéraires. Tout père de talent laissant un fils qui veut en avoir". Considérée comme prometteuse depuis longtemps déjà, il ne semblait pas toutefois que cette problématique eut fait jusqu’alors l’objet d’un volume de travaux spécifique. Il ne s’agissait évidemment pas de revenir à une histoire littéraire archaïque fondée sur le récit idyllique de la transmission génétique du génie, mais plutôt d’interroger quelles avaient pu être les situations résultant de l’étrange décision d’embrasser “ la même profession que papa”. Certes, là où nous voyons aujourd’hui l’expression d’un libre arbitre jouait autrefois la transmission d’un patrimoine de savoir-faire assurant la pérennisation de la situation sociale acquise par une lignée. […] Toutefois, même dans ces cas-là, comme le montrent la majorité des études qui suivent, se pose la question du talent, de la qualité de la relève et, sinon de la survie d’un nom, de la survie de son lustre. »
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