Appel à contributions Pour un projet d’ouvrage collectif coordonné par:
Dr Ibtissem CHACHOU (Université de Mostaganem) & Dr Meriem STAMBOULI (Université de Mostaganem).
Pour un plurilinguisme algérien intégré
Approches critiques et renouvellement épistémique
La question des langues en Algérie a, depuis l’indépendance du pays, été prise dans l’étau des idéologies souvent contraires qui animent diverses sensibilités politiques et universitaires. L’état de la réflexion sur les langues, sur leurs statuts, les rapports que l’on fait entretenir entre elles, les enjeux liés à leurs dénominations/reconnaissance, impliquent un cadrage méthodologique et épistémologique à même de permettre d’assumer dans le domaine universitaire des positions claires et scientifiquement argumentées sur les fonctions que des politiques linguistiques et éducatives gagneraient à adopter en tenant compte de la complexité et des spécificités du terrain algérien (Dourari 2002) (Morsly 2012). En effet, à l’insuffisance de travaux critiques en la matière (Morsly 2012), s’ajoute une absence de démarches engagées et interventionnistes qui relèveraient d’une sociolinguistique appliquée qui s’apparenterait à une recherche utile où des diagnostics critiques seraient à établir et des préconisations concrètes à proposer. L’objectif est de dépasser l’écueil des considérations d’ordre idéologique et d’oser des perspectives novatrices qui permettent de réfléchir à une prise en charge institutionnelle des langues maternelles, de l’arabe algérien et des langues berbères, de penser et/ou de repenser le statut et le rôle du français au sein de la société et des institutions officielles, celui de l’arabe algérien ou du « maghribi » (Elimam 2002), sa place à l’école, ceux des langues berbères, de l’arabe institutionnel et de la variation de manière générale. Certains discours universitaires se limitent à la description des pratiques effectives sans aller plus avant dans le traitement des questions statutaires liées aux langues premières notamment. Quelle «sociodidactique» (Rispail 2008) est à faire pour apporter des réponses à ces questions? Il convient de s’interroger également sur le traitement réservé au français, de savoir si nous sommes en présence d’un «français parlé d’Algérie» (Queffélec et al. 2002) (Bensekat 2012) ou d’un «français parlé en Algérie» (Morsly 1983)(Yasmina-Benchefra, 1992) (FPA)? D’un «arabe algérien» ou d’un «maghribi» ? Si l’arabe institutionnel gagne à rester «langue des autres matières» ou langue enseignée comme «matière» (Fleming 2009)? Quels sont les outils théoriques qui autorisent la classification/catégorisation de ces pratiques linguistiques, diverses et complexes, en termes d’approches stratifiées et de continuums (Kouloughli 1996)? Quelle pertinence à employer des notions telles que «demilinguisme», «semilinguisme», «analphabétisme éclaté»…etc.? Est-il envisageable d’œuvrer à un plurilinguisme intégré à l’école tout en continuant de réserver un traitement -d’abord universitaire puis politique- inégalitaire aux diverses langues pratiquées en Algérie? Convient-t-il pour ce faire d’approfondir la réflexion sur une didactique de ces langues intégrée à l’école [1] (Roulet 1980) (Rispail 2005) et contextualisée (Blanchet & Asselah-Rahal 2008)? Quels enseignements/conséquences sont à tirer d’autres situations comparables, de par leur complexité et à partir des mêmes problématiques, à la situation sociolinguistique algérienne? La sociolinguistique et les politiques linguistiques vont-t-elles toujours de pair avec le plurilinguisme (Chaudenson 1991)? Comment tirer profit de ce plurilinguisme? Par le développement culturel et la croissance économique (Benhouhou, 2010) et la prise en compte des pratiques sociales? Deux aspects se dégagent de cet argumentaire: Le premier est réflexif, il interroge les concepts et les notions – Le travail et ou re-travail sur les concepts et les notions ne peut se faire qu’à partir d’une connaissance approfondie des pratiques et représentations linguistiques, c’est-à-dire à partir d’une analyse systématique et rigoureuse de la complexité plurilingue (Morsly)-, le deuxième aspect, lui, est interventionniste, et sollicite des préconisations ainsi que des remédiations aux préjudices que charrie une situation de non-gestion du plurilinguisme dans le contexte qui est le nôtre.
Nous vous invitons donc à participer à ce débat par des écrits scientifiques que l’on publiera sous forme d’articles dans un ouvrage collectif sous les axes suivants:
Axe 1 : Sociolinguistique algérienne: Bilans et perspectives critiques.
Axe 2 : Revue et déconstruction critique des concepts liés au terrain maghrébin.
Axe 3 : Politiques linguistiques et éducatives en Algérie.
Axe 4 : Langues premières, citoyenneté et identités socioculturelles.
Axe 5 : Didactique du plurilinguisme et enseignement des langues premières/scolaires.
Axe 6: Pratiques plurilingues en milieux ordinaire et éducatif algériens.
Axe 7: Pratiques artistiques et littéraires innovantes.
Bibliographie
Asselah-Rahal, S. (2001): « Le français en Algérie, Mythe ou réalité? », communication proposée lors du IXème sommet de la francophonie, " Ethique et nouvelles technologies: l'appropriation des savoirs en question », les 25 et 26 Septembre. Beyrouth.
Bensekat,M.(2011): « Le français conversationnel des jeunes de Mostaganem: une forme hybride », dans Rispail, M. (dir.), La sociodidactique au service de la complexité algérienne…. Et de quelques autres , Didacstyle, n° 4, pp. 8-21.
Benhouhou, N. (2010):«Nouvelles variétés du français : vers un nouveau cadre d’enseignement-apprentissage du français en contexte plurilingue» , in Pratiques innovantes du plurilinguisme: Emergence et prise en compte en situations francophones , (sous la direction de Ph. Blanchet et P. Martinez), éd. des archives contemporaines, AUF, Paris, pp. 205-211.
Benrabah, M. (1999): Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d’un traumatisme linguistique, Paris, Séguier.
Blanchet, Ph. & Asselah Rahal, S. (2008): «Pourquoi s’interroger sur les contextes en didactique des langues?», in Perspectives pour une didactique des langues contextualisée , (sous la direction de Ph. Blanchet, D. Moore et S. Asselah Rahal), éd. des archives contemporaines, L’AUF, Paris, pp. 9-16.
Chaudenson, R. (1991): La francophonie: représentations, réalités, perspectives , éd. Didier Erudition.
Chériguen, F. (éd.), (2007): Les enjeux de la nomination des langues dans l’Algérie contemporaine , Paris, L’Harmattan.
Cherrad-Benchefra Y. (1992): «Les particularités linguistiques du français parlé en Algérie» in Actes du colloque Acquisition et enseignement/apprentissage des langues- Grenoble 3, Lidilem, 1992.
Dabène, M. & Rispail, M. (2008): «La sociodidactique : naissance et développement d'un courant au sein de la didactique du français en France», in La Lettre de l'AIRDF , n° 42, 2008-1, Liège, pp. 10-13.
Dourari, A. (2003): Les malaises de la société algérienne, crise de langue et crise d’identité , Alger, Casbah.
Elimam, A. (2003) : Le maghribi, alias el-daridja, langue trois fois millénaire , la langue consensuelle du Maghreb , Oran, Dar El Gharb.
Fleming,M. (2009): «Langues et scolarisation et droit à une éducation plurilingue et interculturelle», Conférence intergouvernementale, Strasbourg, 08-10 Juin, in: www.coe.int/lang/fr .
Kateb, K. (2005): Ecole, population et société en Algérie , Paris, l’Harmattan.
Kouloughli, Dj-E. (1996): «Sur quelques approches de la réalité sociolinguistique arabe», in: Les langues en Egypte , N° 27-28, pp., 287-299.
Laroussi, F. (2002): « La diglossie arabe revisitée. Quelques réflexions à propos de la situation tunisienne», in: Revue Insaniyat N° 17-18, Mai- Décembre, CRASC, Oran, pp. 129-153.
Moatassim, A. (2006): Langages du Maghreb face aux enjeux euro méditerranéennes, Paris, L’Harmattan.
Queffélec, A. & al. (dir.) , (2002): Le français en Algérie. Lexique et dynamique des langues , Paris, Duculot.
Roulet, E. (1980): Langue maternelle et langues secondes – vers une pédagogie intégrée . Paris: Hatier-Credif.
Rispail, M. (2005): Langues maternelles : Contacts, variations et enseignement: Le cas de la langue amazighe, Paris, L’Harmattan.
Morsly, D. (2012): «La sociolinguistique en Algérie: État des lieux et perspectives», in: Cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Réflexions et perspectives, Revue scientifique et académique de l'Université d'Alger 2, Alger,OPU, p. 245-258.
Morsly, D. (2003), «Histoire externe du français au Maghreb», In: Histoire linguistique de la romania», Tome 1, Manuel international d’histoire linguistique de la Romania, Walter de Gruyter. Berlin. New York.
Stambouli, M. (2011): «Interactions didactiques en classe de français langue non maternelle (Enfants de 7-8 ans) en école algérienne: compétences langagières visées et pratiques de classe», Thèse de doctorat en sciences du langage et didactique des langues, Université de Franche Comté (Besançon), 409 p.
Taleb-Ibrahimi, Kh. (2004): «L’Algérie: coexistence et concurrence des langues», in: L’Année du Maghreb, ( http://anneemaghreb.revues.org/305 ), mis en ligne le 08 Juillet 2010. (Consulté le 23/11/2011).
Taleb-Ibrahimi, Kh. (1997): Les Algériens et leur (s) langue (s), Alger, El Hikma.
Modalités de soumission:
Les langues : Les articles seront rédigés en français, en arabe, en anglais.
Nombre de signes : (Entre 30000 et 45000 signes pour les articles et 2500 signes pour les résumés).
Police de caractère : Times New Roman
Taille de police : 12
Citation d’ouvrage : dans le texte (Morsly 2012: 249), sauf pour les notes.
En bibliographie:
Pour les ouvrages : Elimam, A. (2003) : Le maghribi, alias el-daridja, langue trois fois millénaire , la langue consensuelle du Maghreb, Oran, Dar El Gharb.
Pour les revues : Cherrad- Benchefra, Y. (2002): « Paroles d’étudiants » in: Revue Insaniyat Langues et société N° 17-18, Mai- Décembre, Oran, CRASC, pp 111-128.
Pour les sites internet : Blanchet Ph., (2004), L’identification sociolinguistique des langues et des variétés linguistiques: pour une analyse complexe du processus de catégorisation fonctionnelle, MIDL, Paris novembre, in: www.limsi.fr/MIDL/actes/session%20I/ Blanchet _MIDL2004.pdf
Calendrier:
Appel à contributions : 01-10-2012
Date limite de l’envoi des résumés : 15-12-2012
Retour des avis aux auteurs : 15-02-2013
Envoi de la version définitive des articles : 31-07-2013
Parution de l’ouvrage : 2014
Contact: Les résumés sont à adresser conjointement aux adresses suivantes:
meriem_stambouli@yahoo.fr (Dr. Meriem STAMBOULI. Université de Mostaganem) et ibtissemchachou@yahoo.fr (Dr. Ibtissem CHACHOU. Université de Mostaganem).
Au 25 Septembre 2012
Comité scientifique:
Asselah-Rahal Safia (Professeure- Université d’Alger 2)
Benhouhou Nabila (Maître de Conférences- E.N.S de Bouzeréah)
Benmayouf Yamina (Professeure- Université de Constantine)
Bouhadiba Farouk (Professeur- Université d’Oran)
Boyer Henri (Professeur- Université Montpellier III)
Braïk Sâadane (Maître de Conférences- Université de Mostaganem)
Chériguen Foudil (Professeur-Université de Bejaïa)
Cherrad-Benchefra Yasmina (Professeure- Université de Constantine)
Derradji Yacine (Professeur- Université de Constantine)
Dourari Abderrezak (Professeur- Université d’Alger 2)
Elimam Abdou (Professeur- Université de Sfax)
Kadi Latifa (Professeure-Université d’Annaba)
Lounici Assia (Professeure- Université d’Alger 2)
Marcellesi Jean-Baptiste (Professeur émérite- Université de Rouen )
Maurer Bruno (Professeur- Université Montpellier III)
Morsly Dalila (Professeure émérite- Université d’ Angers)
Rispail Marielle (Professeure- Université de Saint-Etienne)
Taleb-Ibrahimi Khaoula (Professeure- Université d’Alger 2).
[1] Les données du terrain ont montré qu’elles étaient largement diffusées dans les interactions enseignants/élèves et élèves/élèves, Cf. M. Stambouli, (2011).
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