Femmes combattantes entre parole qui se perd et écriture. Histoire et mémoireColloque international 13 et 14 avril 2014Université Hassiba Benbouali de Chlef (Algérie) et Université Paris 8 (France)Dans une lutte de résistance et de libération, le rôle des femmes et son inscription dans l’histoire pose de nombreuses questions qui concernent la reconnaissance d’un acteur important de l’histoire mais aussi toute la société, qui va se trouver bouleversée par l’irruption de cet acteur qui fait figure d’«inattendu».Dans l’histoire de la guerre d’Algérie, la place et le rôle des femmes ne sont devenus un thème d’étude que depuis la thèse de D.-D. Amrane-Minne en 1989 ( Les Femmes algériennes et la guerre de libération nationale , 1954-1962 ), des travaux et diverses évocations se sont multipliés pour montrer que les femmes ont eu un rôle quelquefois très important à certains moments, comme dans la Bataille d’Alger. Ce rôle est d’une originalité certaine, qui tient au statut des femmes en Algérie, dans une société doublement marquée par ses structures patriarcales et par l’organisation coloniale. Doublement dominées, comme colonisées et comme femmes, les Algériennes vont opérer un double déplacement de frontières. C’est la singularité de cette situation en guerre que nous nous proposons d’étudier, à l’éclairage des concepts et notions développés dans les études sur le genre, notamment les dispositions de subalternisation. Ce terme de subalternisation sera préféré à celui de subalterne retenu pas Spivak et qui décrit une situation statique. De même, les notions d’indicible et de visibilité seront utiles. Enfin, une dimension de la guerre sera prise en compte : c’est celle des corps dans la guerre. Corps en souffrance, torturés, etc. mais aussi des corps qui demandent une place. Frantz Fanon a touché à ce qui s’est joué avec la présence des femmes dans la lutte. Les poètes, comme Anna Gréki, ont dit la présence du corps-au-féminin-dans-la-guerre. Cette corporéité de la guerre mérite qu’on s’y intéresse de près; de fait si le titre de cet appel les femmes combattantes à traversl’écriture annonce d’emblée le rapport mémoriel de l’écriture de l’histoire à celui de la littérature, laseconde partie de l’intitulé se veut ouverture sur une dimension de la guerre souvent occultée, volontairement oubliée et enfermée dans l’interdit du dire. C’est celle de la violence contre les femmes en tant que telles. La question de la torture et du viol (comme exemple de violence extrême) et du silence qui les entoure commence à venir sur le terrain de l’écriture de l’histoire et introduit une «corporéité» de la guerre. La littérature et le cinéma avaient pris prennent en charge cet aspect de la mémoire de la guerre. Mais la littérature surtout (Assia Djebar par exemple) propose une véritable réflexion sur le silence et le «dire sans dire». Comment arriver à collecter ces témoignages perdus?Trois points thématiques seront privilégiés:- les écrits des moudjahidates et des autres combattantes du monde méditerranéen qui ont choisi de témoigner à travers l’écriture. Une attention sera accordée à l’étude de quelques cas particuliers:- les témoignages de celles qui ont pris les armes, comme les paysannes analphabètes et qui se sont senties concernés par la lutte pour la libération, de celles qui ont quitté les bancs du lycée ou de l’université pour rejoindre le maquis. Comment devient-on une combattante? Comment une femme devient-elle, en tant que femme, une rebellecontre l’ordre établi?-Quels bouleversements s’opèrent dans la société? Aussi il importe de ne pas séparer les femmes quel que soit leur engagement, volontaire ou comme épouses, mères ou filles des hommes engagés dans la guerre.Toutes ces femmes prises dans la guerre sont des corps-de-femme-dans-la-guerre.AIT-SAADA (Université Hassiba Benbouali de Chlef) et Zineb ALI-BENALI (Université Paris 8)Comité scientifique:El Djamhouria SLIMANI AIT-SAADA (Université Hassiba Benbouali de Chlef), Yamilé GHEBALOU (Université d’Alger), Farida BOUALIT(université de Béjaïa), Nadia SETTI, Université Paris 8, Aïssa KADRI (Université Paris 8), Zineb ALI-BENALI (Université Paris 8).ModalitésLes propositions de communication (250-300 mots) accompagnées d’une note bio-bibliographique sont à envoyées à l’adresse suivante: colloque.chlef.combattantes@gmail.com avant le 30 janvier 2014.Les candidats recevront une notification l e 15 février 2014.Les langues du colloque sont le français et l’anglais.L’inscription au colloque est gratuite. Le comité d’organisation prendra en charge le frais d’hébergement et de restauration pour la période du déroulement du colloque. Les frais de transport sont à la charge des participants.
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