Colloque
Les échelles du texte
(15-16 novembre 2012)
Il y a environ vingt-cinq ans, plusieurs professeurs de la Faculté des lettres de Lausanne se réunissaient
avec quelques contributeurs externes, afin de mener une réflexion à propos de l’objet le plus
commun et partagé en sciences humaines : le texte. La concertation et les débats ont donné lieu à
un ouvrage intitulé L’Interprétation des textes (Paris, Minuit, 1989). Le « texte » représentait
alors le lieu privilégié où plusieurs chercheurs, engagés dans des disciplines variées des sciences
humaines, se rencontraient ; et la certitude était forte de ne pouvoir saisir ce carrefour
symbolique des disciplines qu’est le texte que de manière partielle et fragmentaire. On lit par
exemple dans les propos introductifs, dus à Claude Reichler, quelques remarques manifestant la
conscience qu’aucun modèle théorique ne fournira du texte l’explication ultime : « Que, mis à
part ce point de fuite [l’interprétation], aucune théorie élaborée ne soit commune aux essais ici
rassemblés relève du paradoxe : voici un livre fait de différences, mais dont chacune marque la
nécessité d’un espace de convergences » (Reichler 1989, p. 3).
Nous voulons, à presque vingt-cinq ans d’écart, donner une suite à cette réflexion. À
l’occasion du départ à la retraite de quatre de ses professeurs (Jean-Michel Adam, Jean
Kaempfer, Claude Reichler et André Wyss), la section de français organise un colloque
international qui se veut l’occasion d’un nouvel examen critique de l’objet texte et d’un état des
lieux sur les rapports – de force ou de complémentarité – qui relient les disciplines engagées
dans sa théorisation. Le débat restera fondamentalement pluridisciplinaire : littérature,
linguistique, histoire et histoire de la culture seront représentées par des chercheurs soucieux de
faire le point sur l’évolution, éventuellement des connaissances, mais surtout des modes
d’appréhension du texte.
Une donnée préalable demeure ferme : aucune discipline n’a l’exclusivité de l’objet, ni de
sa modélisation. Si, dans les années 1980, l’interprétation s’offrait comme dernier espace de
dialogue entre les disciplines du texte, nous voulons aujourd’hui réinterroger la nature même du
texte. Sans revenir aux idéaux de naguère, qui ne voyaient dans le texte qu’une structure, il
s’agira d’en saisir, en amont de l’acte d’interprétation, la réalité plurielle. Les échelles du texte,
intitulé du colloque, exprime cette idée que le texte peut être saisi sous des angles multiples ;
mais, plus que des éclairages sur un même objet, chaque modélisation du texte confère à ce
dernier une réalité spécifique : unité communicationnelle, performance esthétique, trace d’une
intervention sociale, témoin historique, etc. Immanquablement, ce questionnement du texte
débouche sur une réflexion tournée vers les modes de constitution des savoirs et sur l’interaction
des disciplines en sciences humaines.
Programme
Jeudi 15 novembre 2012
(Dorigny, Bâtiment ISDC, salle 209)
Matin (autour de Jean-Michel Adam)
8h45-9h00 Accueil
9h00-9h40 Dominique Maingueneau (Sorbonne - Paris 4)
Aux limites de la généricité
9h40-9h50 Discussion
9h50-10h30 Marc Bonhomme (Uni Berne)
L’hétérogénéité des registres dans les annonces sanitaires. Le cas des
campagnes anti-tabac
10h30-10h40 Discussion
10h40-11h10 Pause
11h10-11h50 Vincent Capt & Vincent Verselle (Uni Lausanne)
Les « lettres du voyant » de Rimbaud, une mise à l’épreuve de la cohésion
textuelle ?
11h50-12h00 Discussion
12h00-13h30 Repas
Après-midi (autour de Jean Kaempfer)
13h30-14h10 Franc Schuerewegen (Radboud Uni Nijmegen)
À mon âge on n’a plus d’échelle de soie qu’en souvenir (sur un passage de
Chateaubriand)
14h10-14h20 Discussion
14h20-15h00 Pierre Schoentjes (Uni Gent)
Grandeur nature et échelle du texte
15h00-15h10 Discussion
15h10-15h40 Pause
15h40-16h20 Sylviane Coyault (Uni Clermont-Ferrand)
Le minuscule étalon dans la province littéraire contemporaine
16h20-16h30 Discussion
Vendredi 16 novembre 2012
(Dorigny, Bâtiment ISDC, salle 209)
Matin (autour de Claude Reichler)
9h00-9h40 Michel Collot (Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
La question du paysage
9h40-9h50 Discussion
9h50-10h30 Hélène Merlin (Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
Anthropologie et littérature
10h30-10h40 Discussion
10h40-11h10 Pause
11h10-11h50 Jean Jamin (EHESS - Paris)
Le pittoresque et le romanesque au risque de l’ethnologie
11h50-12h00 Discussion
12h00-13h30 Repas
Après-midi (autour d’André Wyss)
13h30-14h10 Vincent Barras (Uni Lausanne)
Auralité, échelle du texte ?
14h10-14h20 Discussion
14h20-15h00 Yves Citton (Uni Stendhal - Grenoble 3)
Facteurs d’humanités. Accent et phrasé entre nuance et geste
15h00-15h10 Discussion
15h10-15h40 Pause
15h40-16h20 Antonio Rodriguez (Uni Lausanne)
Éloge de la visée : quelques réflexions sur le rythme en partant de la poésie
chinoise
16h20-16h30 Discussion
Leçons d’honneur dans le cadre du colloque
Les échelles du texte
Prof. J.-M. Adam, J. Kaempfer, C. Reichler, A. Wyss
Jeudi 15 novembre 2012
(Dorigny, Anthropole, salle 1129)
17h00 Allocution du prof. François Rosset, Doyen de la Faculté des lettres
17h15 Prof. Jean-Michel Adam
Le paradigme du texte : penser l’unité des sciences des textes
18h00 Prof. Jean Kaempfer
Donation entre vifs. L'écrivain contemporain et le professeur de littérature
18h45 Apéritif
Vendredi 16 novembre 2012
(Dorigny, Anthropole, salle 1129)
17h00 Allocution de la prof. Danielle Chaperon, Vice-rectrice de l’Unil
17h15 Prof. Claude Reichler
Le pas de l’échelle
(À la fin de sa conférence, Claude Reichler présentera au public pour la première
fois la quatrième vidéo multimédia qu’il a réalisée : Jamais pays de plaine. Des
chemins dans la montagne.)
18h00 Prof. André Wyss
« Le poète ne dit qu’un mot toute sa vie » (Jouve)
18h45 Apéritif
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