«Troubles politiques et constructions identitaires»
ARGUMENTAIRE:
Le Groupe Interdisciplinaire des Doctorants de Bordeaux III a choisi cette année de questionner le rapport entre crise(s) – qu’elles soient existentielles, politiques, économiques ou morales - et constructions identitaires. Nous voudrions interroger l’hypothèse selon laquelle ce sont les périodes de troubles politiques et culturels, périodes où le lien social semble sinon dénoué, du moins menacé, qui constituent le creuset de la constitution des sujets, celle-ci se trouvant liée à l’urgence de construire, reconstruire, ou du moins réaménager quelque chose qui «résiste» quand précisément tout s’effondre. Les périodes de «crises», personnelles ou collectives, sont en effet les moments où nous cherchons à donner du sens à ce qui nous arrive et donc à nous constituer comme sujet de notre histoire.
Les périodes historiques marquées par une perte de sens et de repères s’accompagnent d’un sentiment généralisé d’incertitude à l’égard du présent et de l’avenir, les réponses traditionnelles ne parvenant plus à expliquer le monde, ni à dessiner des perspectives pour le futur. Le disfonctionnement et le discrédit des institutions, les ruptures de l’équilibre social, les « malaisesdans la culture» engendrent des souffrances qui menacent notre capacité à investir nos histoires, notre histoire, notre «temps». Symptomatiquement, c’est au XVIII e siècle, au seuil de la modernité, que le terme de «crise» prend une signification politique et sociale, pour décrire les grands bouleversements politiques, économiques, sociaux et moraux: «nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions; qui peut vous répondre de ce que vous deviendrez alors?», se demande Rousseau dans l’ Emile (1762). Cette interrogation sur l’identité et cette inquiétude quant à l’avenir est contemporaine d’une déstabilisation des fondements religieux et scientifiques, en germe depuis la fin du XVII e siècle, comme l’a montré Paul Hazard dans son ouvrage fondateur, La Crise de la conscience européenne (1935). Comme l’affirme Myriam Revault d’Allones, dans son récent ouvrage, La crise sans fin, expérience moderne du temps (2012), ces «seuils historiques» sont précisément les temps où les hommes, pour des raisons qui ne sont pas seulement théoriques ou épistémologiques mais aussi existentielles, sont contraints de réinterroger les concepts dans un cadre conceptuel devenu inadéquat. L’épuisement des réponses traditionnelles quant aux orientations vers l’avenir nous conduisent à repenser notre manière d’être et notre appréhension du monde et donc à réinterroger les catégories (identité, société) selon de nouvelles modalités. En effet, les questions relatives au sens de l’existence, à la constitution du sujet, à la place de l’homme dans le monde comportent une part d’indécidable; elles excèdent en ce sens les limites de l’étude objective et scientifique. Dès lors, l’expression métaphorique, et plus largement le genre du récit, peuvent devenir des outils de vérité, car ils expriment une autre forme de relation au monde et incarnent une autre manière de donner du sens à ce qui nous arrive.
Il s’agit donc de voir comment les pratiques discursives, philosophiques, littéraires, artistiques et culturelles témoignent de la manière dont la variété des appréhensions du «soi», des manières d’être «soi» et de se dire comme «soi» s’éprouvent dans la multiplicité des dispositifs discursifs en période de crise.
Sur le plan méthodologique, la question du rapport entre troubles historiques et constructions identitaires nous permettra de nous interroger sur le rôle que peuvent jouer la métaphore et le récit dans l’appréhension, dans la réactualisation, bref dans la critique de nos concepts, voire dans leur dépassement. Le cadre de la réflexion est donc ouvert à des propositions de disciplines variées, issues des sciences humaines, mais aussi des domaines de la recherche clinique (psychologie, psychopathologie, psychiatrie et psychanalyse). Cette journée d’étude se veut avant tout un lieu d’échange et de construction d’une réflexion commune.
Modalités de soumission et de sélection
Les propositions (entre 15 et 25 lignes) seront accompagnées, en document séparé, d’une brève présentation de leurs auteurs (nom, prénom, discipline, statut, titre de la thèse, directeur de recherche, équipe d'accueil/UMR, établissement d'inscription en thèse).
1. Comité organisateur :
Marion Bourbon
Magali Fourgnaud
Groupe Interdisciplinaire des Doctorants de Bordeaux 3, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, École Doctorale Montaigne-Humanités (ED 480)
Pour s’inscrire au groupe de travail, faire parvenir une proposition de communication ou pour toute demande de renseignement, s’adresser à: gid-ed@u-bordeaux3.fr
2. Comité scientifique
de la revue Essais de l’ED 480
http://www.u-bordeaux3.fr/fr/recherche/ecole_doctorale/essais_la_revue_de_l_ecole_doctorale_montaigne_humanites.html
3. Echéancier
Propositions à adresser avant le 31 décembre 2012
Les réponses seront données au plus tard le 15 février 2013.
4. Critères de sélection :
Priorité non exclusive aux contributions de chercheurs en cours de doctorat. L’étendue possible de l’objet de la journée d’étude obligera à préférer les contributions posant des problèmes d’ordre méthodologique et épistémologique.
Mots-clés
Troubles politiques, crise, identité, sujet
Lieu
Pessac (33607) (Domaine Universitaire (Université Michel de Montaigne Bordeaux 3)
Date limite
mardi 31 décembre 2012
Contact
Marion Bourbon courriel : marion.bourbon@free.fr
Magali Fourgnaud courriel : magali.fourgnaud@orange.fr
Url de référence
Université Bordeaux 3 École Doctorale Montaigne Humanités
↧