"Diderot et le temps "Colloque organisé par Stéphane Lojkine (Aix-en-Provence), Adrien Paschoud (UNIL) et François Rosset (UNIL)Jeudi 13 février - Vendredi 14 février 2014Université de Lausanne / Fondation du Musée de l'HermitageContexte théoriqueLe temps ne constitue, de toute évidence, ni une catégorie stable de pensée, ni une unité évidente de représentation ; c'est bien au contraire une dimension fuyante, aux contours indéfinis, touchant à des domaines aussi variés que l'esthétique, l'histoire ou la phénoménologie. Depuis les Études sur le temps humain de Georges Poulet et la somme philosophique que constitue Temps et Récit de Paul Ricoeur, la critique littéraire n'a guère abordé la question du temps et des jeux sur la temporalité que dans le cadre de la réflexion sur l'autobiographie.Domaines concernésConcernant Diderot, plusieurs travaux, portant notamment sur La Religieuse, posent le problème de l'équivocité d'une écriture de soi dont la dimension rétrospective fait partie intégrante de la fiction. Mais le temps de Diderot n'est pas seulement, ni même proprement narratologique. C'est d'abord le temps théologique des Lumières, marqué par le débat sur l'éternité de Dieu, qui affleure dans la Lettre sur les aveugles, la Lettre sur les sourds et muets et Le Rêve de d'Alembert, et se confronte avec le temps du songe, celui de l'expérience, celui de la projection imaginaire et poétique. C'est aussi, proprement diderotien, le temps de la réaction (psychologique, physique, chimique), d'une pensée et d'une écriture tout entière tendue vers ce report à la pensée, à l'écriture de l'autre, par quoi Diderot semble opérer une véritable destitution du temps linéaire. Ce temps défait, fragmentaire, définit et oriente une pratique et une pensée esthétiques et philosophique, avec la méditation sur les ruines (Discours sur la poésie dramatique, Salon de 1767), sur le choix du moment à peindre, sur l'usage du « hiéroglyphe » poétique (Lettre sur les sourds et muets).Pistes d'étudeAborder l'oeuvre de Diderot sous l'angle du rapport au temps sera l'occasion d'études transversales. Ainsi, la notion de scène, qui définit un certain rapport, condensé, circonscrit, visuel au temps, se rencontre à la fois dans les écrits sur l'art et le théâtre, et dans les contes et romans. La question de l'attente de la mort est un thème majeur de la pensée de Sénèque, abordée dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron, mais se retrouve également dans les grandes compositions d'histoire des Salons. La méditation sur la civilisation, comme progrès et comme corruption, qui anime la poétique des ruines, fait l'objet d'une réflexion politique dans le Supplément au voyage de Bougainville, l'Histoire des deux Indes et les Mémoires pour Catherine II. On pourra également mesurer sur le plan lexical les usages du temps chez Diderot et s'interroger sur l'articulation entre expérience et expression du temps, au sein d'une écriture qui a exacerbé le jeu entre continuité et discontinuité, ordre et désordre, et inscrit le rapport au temps dans le rythme même de sa phrase.Ce colloque est le fruit d'une double coopération :1. Coopération avec l'Université d'Aix-en-Provence (Prof. Stéphane Lojkine)2. Coopération avec le Musée Fabre, à Montpellier : mise en oeuvre de l'exposition Le Goût de Diderot, qui sera ensuite présentée à la Fondation du Musée de l'Hermitage en février 2014.Partenaires : Michel Hilaire, directeur du musée Fabre, conservateur général du patrimoine ; Olivier Zeder, conservateur en chef du patrimoine ; Sylvie Wurmann, conservatrice, directrice de la Fondation du Musée de l'Hermitage.PROGRAMMEJeudi 13 février (Fondation du Musée de l'Hermitage)9.30 : Ouverture du colloque : Stéphane Lojkine (Aix-en-Provence) , Adrien Paschoud (UNIL) , François Rosset (UNIL)9.45-10.45- Claudio Rozzoni (Lisbonne) : « Temps des images et temps du sujet dans les Salons de Diderot »- Nathalie Kremer (Paris-III) : « La verve et l'esquisse dans les Salons de Diderot »10.45-11.15 pause11.15-12.15- Arnaud Buchs (UNIL) : « Le temps des peintres »- Michel Delon (Paris-Sorbonne) : « Le temps des ruines »12.15-14.00 repas14.15-15.15- Marc Escola (UNIL) : « Prendre le temps. Notes sur le temps de la création dramatique »- Alain Cernuschi (UNIL) : « L'imbroglio temporel du Paradoxe sur le comédien »15.15-15.45 pause15.45-16.45- Pierre Frantz (Paris-Sorbonne) : titre à préciser- Christophe Martin (Paris-Sorbonne) : « Suzanne à contretemps. Sur quelques désordres chronologiques dans La Religieuse»17.00-18.00 : conférence de Jan Blanc (UNIGE) : « Diderot et le problème sublime »18.00-19.15 : visite commentée de l'exposition par Stéphane Lojkine19.30 : repasVendredi 14 février (Université de Lausanne: Bâtiment Anthropole, salle 5196)9.30-10.30 :- Adrien Paschoud (UNIL) : « La destitution du temps métaphysique : la Lettre sur les aveugles »- Caroline Warman (Oxford ) : « La cire, la forme et l'écriture : l'éternel présent de la mémoire dans les Eléments de physiologie »10.30-11.00 : Pause11.00-12.00- Matteo Marcheschi (Pise) : « Comme un tremblement de terre : le rythme du temps dans l'oeuvre de Diderot »- Mathieu Brunet (Aix-en-Provence) : « Le modèle du simultané : tentations et résistances »12.00-14.00 : repas14.00-15.00- Claire Fauvergue (Montpellier) : « Temporalité et ordre phénoménal chez Diderot »- Colas Duflo (Paris X) : « Diderot et le débat sur la postérité »15.15-15.45 Pause15.45-16.45- Stéphane Lojkine (Aix-en-Provence) : « Le refus de la refiguration : Diderot post-herméneutique »
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