Appel à communications
Congrès international du RFS :
Les locuteurs et les langues :
pouvoirs, non-pouvoirs et contre-pouvoirs
03-04-05 juillet 2013
Corti, Corsica
Organisé par :
Le Réseau Francophone de Sociolinguistique
L’université de Corse Pasquale Paoli
L’UMR CNRS 6240 LISA
L’objectif de ce congrès est d’explorer la manière dont, dans des espaces sociaux diversifiés (institutions politiques, école, milieux de travail, milieux associatifs etc.), le langage (en tant que pratiques, discours et idéologie) constitue un instrument de pouvoir, de non-pouvoir et de contre-pouvoir. Ce congrès cherchera avant tout à comprendre les processus sociaux complexes qui font du langage un terrain de lutte, de consensus ou encore de construction de la différence. En effet, la diversité des langues et leur variabilité intrinsèque s’inscrivent dans de véritables processus liés à la distribution du pouvoir, qu’il soit économique, social, politique ou symbolique. À ce titre, langues et langage contribuent à structurer nos sociétés, et les individus qui la composent, dévoilant alors des tensions et des rapports de pouvoir.
On peut y trouver des dispositifs de domination et de minoration, des panoplies de représentations symboliques exprimant des outils et des postures, qu'il s'agisse de l'interaction, des activités métalinguistiques, des processus normatifs, de transmission des langues et d'éducation linguistique, de variationnisme et de co-variationnisme, de politique linguistique, d'élaboration des langues, et d'autres questions encore. Au sein des sciences du langage, la sociolinguistique est en position d'éclairer cette thématique, dont on ne saurait trop souligner les enjeux sociaux, et donc la responsabilité que doivent assumer les chercheurs en travaillant à produire des résultats socialement pertinents. C'est toute la sociolinguistique francophone que nous devrions réunir sur cette thématique. Dans un tel but, le Réseau Francophone de Sociolinguistique et l’UMR CNRS 6240 LISA s’organisent en congrès durant le mois de juillet 2013 à l’université de Corse, dans la ville de Corti. Bien que la thématique annoncée brasse de nombreux sujets, le congrès s’articulera autour des axes suivants :
1. Mondialisation, (dés)ordres linguistiques, nouveaux pouvoirs
Cet axe a pour but d’interroger la distribution du pouvoir linguistique selon les enjeux mondiaux actuels. On abordera ici davantage les questions liées :
à la prédominance, réelle ou pas, de certaines langues, au sein d’institutions internationales par exemple, ou comme lingua franca dans divers contextes ;
à l’émergence de nouvelles idéologies comme le plurilinguisme européen ;
aux politiques des États-nations anciens et émergents face à cette nouvelle donne mondiale.
2. Analyses sociolinguistique de la vie quotidienne ou le pouvoir inconscient
En 1901, Freud publiait son ouvrage Psychopathologie de la vie quotidienne où il tentait de démontrer les manifestations permanentes de notre infatigable inconscient. Dans le même esprit, cet axe mettra en relief les manifestations constantes du pouvoir langagier et ce dans les interactions et les actes les plus anodins de la vie quotidienne des individus, la nôtre donc. Cet axe accueillera particulièrement les études microsociolinguistiques et les analyses discursives.
3. Pour une nouvelle compréhension du pouvoir par les langues
Cet axe privilégiera les communications dont l’apport théorique permet de comprendre de manière originale le pouvoir par les langues, d’exposer/évaluer les appareils critiques utilisés dans les situations de langues en conflit. Il permettra ainsi de critiquer, de réévaluer positivement ou négativement, voire de dépasser certains concepts fondateurs de la sociolinguistique comme la diglossie, la domination, l’hégémonie, l’inégalité ou le conflit linguistiques.
4. Pouvoir des normes et des représentations
Bien que balisés, les jeux de pouvoirs issus du lien dialectique entre les jugements épilinguistiques et la norme peuvent être aujourd’hui revisités à l’aune des mutations sociolinguistiques en cours : nouveaux langages (texto, internet,…), renégociation de la diglossie, analyse des marchés linguistiques, nouvelle approche de la démocratie linguistique, plurilinguisme vs multilinguisme,… Normes et sur-normes peuvent alors connaitre de profonds changements paradigmatiques, afin d’aller vers une approche plus fine que la simple opposition majorité / minorité, domination / oppression, etc. Cet axe permettra une nouvelle caractérisation de ce rapport, notamment dans ses évolutions récentes et fondamentales.
5. Une mise en perspective historique du pouvoir des langues
On envisage ici un éclairage précis sur les processus historiques qui aboutissent à la constitution du pouvoir langagier. Cet axe s’intéressera en particulier au pouvoir langagier comme processus socio-historique s’opposant à une forme d’essentialisation du pouvoir des langues et à l’effet d’évidence qu’il induit (cf. par exemple les travaux de Nicole Gueunier sur les langues de la Bible). Il s’agit par exemple de solliciter des travaux de sociolinguistique historique (sur l’ex-URSS et les nations slaves, l’Inde, les pays du Maghreb, les pays africains, etc.). En France particulièrement, on constate une confusion au sujet de la langue française entre un ordre au caractère « naturel » non problématique (émancipation, universalité…) et un ordre normatif (« La langue de la République est le français »).
6. La minoration dans tous ses É/états ou les langues de non-pouvoir
Comment un groupe s'organise-t-il en collectif pour défendre une identité et une langue propre ? L’une des conséquences du pouvoir langagier, plus ou moins immédiates selon les contextes, est l’inclusion et la promotion de certains groupes et individus au détriment des autres. Dans le cadre des langues, on peut aborder cette dialectique à travers les processus de minoration. Cet axe s’intéressera par conséquent à la minoration dans toutes ses déclinaisons, associant toujours à l’ensemble minoritaire un ensemble majoritaire. Les langues dites « minoritaires » ou « régionales » ont le plus souvent comme caractéristique commune d’être exclues
des principales sphères du pouvoir. Mais dire cela suffit-il pour les caractériser ou pour parler de langues de non-pouvoir ?
7. Le pouvoir d’agir
Il s’agit d’analyser les divers processus en cours de dépassement de la domination linguistique et de leurs effets (attendus, inattendus, pervers…) et qui fondent ipso facto des problématiques nouvelles. Le concept de polynomie, avec son application en Corse, est à ce titre illustratif d’éventuels dépassements de la minoration. Cet axe pose la question des voies de « sortie », de « résistance » et de « redistribution » du pouvoir langagier, la question des contenus concrets d’une nouvelle démocratie culturelle, et engage d’autres questionnements en termes de légitimité et de politique linguistiques. Selon une orientation glottopolitique, les communications pourront mettre en exergue les comportements et attitudes des différents acteurs de la langue : acteurs sociaux, scientifiques et politiques. Cet axe permettra aussi d’éclairer les limites et les perspectives de certaines politiques linguistiques en cours.
Langue du colloque :
Français (avec possibilité d’intervention dans une autre langue et support en français)
Modalités de participation :
- Les projets de communication (un résumé de 2000 signes, espaces compris) doivent être déposés avant le 30 novembre 2012 sur le site dédié au Congrès
en cliquant ici.
- Ils seront sélectionnés par le comité scientifique (double évaluation anonyme). Droits d’inscription :
80 Euros
50 Euros pour les étudiants.
(tarifs en attente de validation par le Conseil d’Administration de l’université de Corse) Calendrier :
- 30 novembre 2012 : date limite d’envoi des propositions de communication
- 1er février 2013 : notification d’acceptation (avec ou sans modification-s)/refus de la communication.
- 1er avril 2013 : diffusion du programme du Congrès.
Comité d’organisation :
Romain Colonna (Maître de Conférences, Université de Corse-IUFM de Corse)
Alain Di Meglio (Professeur, Université de Corse-IUFM de Corse)
Jean-Michel Eloy (Professeur, Université de Picardie)
Marielle Rispail (Professeure, Université de St-Etienne)
Christophe Luzi (Ingénieur de recherche CNRS, Université de Corse)
Véronique Lepidi (Ingénieur d’études CNRS, Université de Corse)
Aurélien Leoni (Ingénieur d’études contractuel, Université de Corse)
Johanna Casanova (Assisant-Ingénieur, Université de Corse) Contact : rfs2013@univ-corse.fr
Coordinateur : Romain Colonna (Université de Corse) rumanu.colonna@gmail.com
Comité scientifique : Jules Assoumou Université de Douala (Cameroun) Michelle Auzanneau Université Paris Descartes (France) Marie-Madeleine Bertucci Université de Cergy-Pontoise (France) Raja Bouziri Université du 7 novembre à Carthage Tunis (Tunisie) Jacqueline Billiez Université de Grenoble (France) Philippe Blanchet Université de Rennes 2 (France) Henri Boyer Université de Montpellier 3 (France) Louis-Jean Calvet Université d'Aix-Marseille (France) Stéphanie Clerc Université d'Aix-Marseille (France) Romain Colonna Université de Corse Jean-Marie Comiti Université de Corse James Costa ENS de Lyon (France) Phyllis Dalley Université d'Ottawa (Canada) Alain Di Meglio Université de Corse Alexandre Duchêne Université de Fribourg et HEP (Suisse) Jean-Michel Eloy Université de Picardie (France) Sabine Ehrahrt Universtité du Luxembourg (Luxembourg) André Fazi Université de Corse Carmen Alén Garabato Université de Montpellier 3 (France) Bruno Garnier Université de Corse Jean-Michel Gea Université de Corse Luca Greco Université Sorbonne Nouvelle (France) Monica Heller Université de Toronto (Canada) Anne-Marie Houdebine Université Paris Descartes (France) Franck Jablonka Université de Picardie (France) et de Vienne (Autriche) Attika Kara LISODIP-ENS de Bouzaréah, Alger (Algérie) Malika Kebbas Université Saad Dahlab (Algérie) Abdelouahed Mabrour Université Chouaîb Doukkali. El Jadida. (Maroc) Zahir Meksem Université de Bejaïa (Algérie) Leila Messaoudi Université Ibn Tofail (Maroc) Claudine Moïse Université de Grenoble (France) Pascal Ottavi Université de Corse Jean-Aimé Pambou ENS/Université de Libreville (Gabon) Marielle Rispail Université de St-Etienne (France) Jacques Thiers Université de Corse Rada Tirvassen Mauritius Institute of Education, l'IUFM national de Maurice Dominique Verdoni Université de Corse Georges Moracchini Université de Corse Véronique Fillol Université de Nouvelle-Calédonie Bruno Maurer Université de Montpellier 3 (France) Sylvie Wharton Université Aix-Marseille (France)Marinette Matthey Université de Grenoble (France)Thierry Bulot Université de Rennes 2 (France)
Site du congrès : http://rfs2013.univ-corse.fr/
Contact : rfs2013@univ-corse.fr
↧