Le roman de l’histoire connectéepar Roland Lardinois Mis en ligne sur laviedesidees.fr le 13 septembre 2013Un recueil d’articles révèle la diversité des registres et des thèmes abordés par l’historien Sanjay Subrahmanyam, de Vasco de Gama jusqu’au 11 septembre 2001. Faisant preuve d’un sens de l’observation sociologique aigu et d’une grande culture, c’est par son esprit critique et sa liberté de pensée et d’expression qu’il surprend le plus ses lecteurs.Recensé: Sanjay Subrahmanyam, Is Indian Civilization a Myth? , New Delhi, Permanent Black (distribué par Orient Blackswan), Raniket, 2013, 262 p.Le milieu universitaire français qui a mis une vingtaine d’années avant de prendre en compte le courant d’origine indienne des Subaltern Studies – malgré une première traduction de Ranajit Guha [1 ] publiée à la fin des années 1980 mais passée alors quasiment inaperçue – paraît ne pas vouloir répéter ce retard avec la notion d’histoire connectée. L’expression est aujourd’hui reprise dans les médias culturels et il est difficile d’ignorer l’existence de ce courant historiographique que ses tenants nous demandent de ne pas confondre avec la macro histoire dont les productions abondent sur le marché académique, plutôt anglo-saxon que français d’ailleurs. La raison tient probablement au fait que le promoteur le plus brillant et le plus prolifique de cette nouvelle histoire, Sanjay Subrahmanyam [2 ], spécialiste de l’histoire de l’Inde aux XVIe-XVIIIe siècles, a été directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris pendant sept ans, de 1994 à 2001, avant de chercher d’abord en Grande Bretagne, à Oxford, puis aux États-Unis, à l’Université de Californie-Los Angeles, un auditoire et des collègues plus ouverts, écrit l’auteur, à une pratique du métier encore très enfermée dans un cadre intellectuel national ou au mieux européen. Conférencier inaugural en 2011 des Rendez-vous de l’histoire, à Blois, ayant pour thème L’Orient, récipiendaire en 2012 du prix de la fondation Infosys (l’une des premières sociétés multinationales indiennes de service informatique) pour son œuvre d’historien, Sanjay Subrahmanyam revient en France où il a été élu au Collège de France dans une nouvelle chaire intitulée «Histoire globale de la première modernité». Le milieu universitaire indien bruit de cette nomination qui, pour certains, flatte la fierté intellectuelle nationale et, pour d’autres, suscite de la jalousie, car c’est la première fois qu’un chercheur issu et formé dans un pays dit émergent accède au Collège de France. Cette nomination coïncide avec la publication, en Inde, d’un recueil de textes de Sanjay Subrahmanyam, dont le premier tirage, immédiatement recensé [3 ], a été aussi vite épuisé que se divulguait la nouvelle de son accession à cette prestigieuse institution française du savoir. […]Lire la suite sur laviedesidees.fr…
↧