CELIS (Université Blaise Pascal), CALHISTE (Université de Valenciennes) et Institut Universitaire de FranceMoulins (Allier), Centre National du Costume de Scène,jeudi 4, vendredi 5 et samedi 6 septembre 2014Observer le vêtement, tel qu’on le porte dans la société et tel qu’on le représente dans les textes de fiction, constitue un excellent observatoire pour comprendre la France d’Ancien Régime dans sa mythologie et son imaginaire poétiques. Historiquement, le XVII e siècle invente la haute couture et le Mercure Galant , fondé en 1672, apparaît comme le premier journal qui accorde une place à la mode. Au XVIII e siècle se crée un corpus textuel et graphique exemplaire en ce domaine, puisque les peintures et les gravures vestimentaires, les recueils de costumes français se multiplient, tandis que le vêtement tient une place de premier ordre dans l’ Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Entre le début du XVII e et la fin du XVIII e, le vêtement et la parure prennent une nouvelle signification pour les hommes et les femmes de la bonne société: plus que jamais, le vêtement tient un plein discours sur celui qui le porte et la manière dont il prétend prendre place dans la société. Bien plus, la mode est présentée dès le début du XVII e siècle comme un principe de lecture du monde, en France tout particulièrement puisque les contemporains de Louis XIII conçoivent la mode comme un trait spécifique du caractère national, comme en témoignent le Discours nouveau sur la mode attribué à Vigier (1613) ou encore La Mode de Grenaille (1642), qui propose une description générale du siècle, dans ses coutumes et sa manière de vivre autant que dans son aspect changeant, selon le moment ou le lieu. La "querelle de la mode", qui sévit dès le règne de Louis XIII et jusqu’à la Révolution française, oppose désormais deux clans. L’opposition conservatrice refuse la confusion des rangs et le luxe, tout comme, sur ce dernier point, la critique bourgeoise qui souligne l’austérité nécessaire au développement du capital. À l’inverse, les défenseurs de la mode mettent en avant que celle-ci est un principe de savoir-vivre en société et le moyen d’une harmonie au sein du groupe. Le vêtement et la parure constituent désormais un enjeu social et esthétique de premier plan.On pourra s’interroger dès lors- sur la langue du XVII e siècle et le rapport qu’elle entretient avec les métaphores vestimentaires, particulièrement nombreuses et parfois obscènes («la petite oie» par exemple); sur l’usage des proverbes contenant des références aux vêtements et leur emploi badin au XVII e siècle.- sur la proximité, établie à l’époque, entre style littéraire et style vestimentaire. Le négligé par exemple peut revêtir une acception positive et les qualités mises en avant (grâce, naturel, sprezzatura etc.) concernent aussi bien l’art de parler que celui de s’habiller.- sur le costume de théâtre, souvent pour l’actrice ancien vêtement de ville devenu habit de fiction. Le cas du mouchoir par exemple se révèle très intéressant: élément du costume féminin de l’aristocratie, il devient ensuite, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, un pur accessoire emblématique de Melpomène au théâtre. On s’interrogera aussi sur les représentations des costumes antiques à l’âge classique.- au sein de la fiction, sur le vêtement dans son rapport avec les mœurs: que dit le vêtement du personnage littéraire et, en matière de tissus, les usages des personnages reflètent-ils peu ou proue les usages sociaux ou faut-il convenir de l’existence de mœurs vestimentaires de fiction? Quelles sont-elles? Comment s’habillent le bourgeois, le provincial, le parvenu des comédies, des satires et des romans comiques? Dans quelle mesure Le Bourgeois gentilhomme , Georges Dandin et Monsieur de Pourceaugnac reprennent-ils des figures popularisées de la mythologie anti-bourgeoise? Pourquoi le chat botté de Perrault, en portant des bottes, est-il vêtu comme un homme des années 1620-1630, comme le grand-père des lecteurs?- le rapport entre vêtement et frivolité: l’éloge du vêtement d’intérieur, comme celui de sa vieille robe de chambre par Diderot, relève-t-il nécessairement du genre de l’éloge paradoxal?Finalement, dans le cadre d’une sociopoétique, on verra comment les représentations sociales du vestimentaire font le jeu des poétiques.Organisation: Alain MONTANDON et Carine BARBAFIERILes propositions doivent contenir le titre de la communication, un résumé d’une vingtaine de lignes et une petite biobibliographie de 5 à 10 lignes de présentation. Elles doivent être adressées avant le 15 janvier 2014 à: Alain.Montandon@univ-bpclermont.fr et carine.barbafieri@gmail.comLa durée de chaque communication ne doit pas excéder 20 minutes, la version écrite destinée à la publication pouvant être plus longue.Le colloque international se déroule en langue française au Centre National du Costume de Scène. Le séjour (hébergement et repas) est entièrement pris en charge, mais non les déplacements.
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