Cette manifestation aborde l’émergence d’une culture bureaucratique fondée sur la «compétence», facteur d’efficacité et de rationalité. L’angle d’approche privilégie les modalités de formation, de recrutement et de carrière des serviteurs de l’Etat: l’objectif est de réfléchir à la construction d’une figure majeure de notre contemporain, au cours du long XIXe siècle où les Etats mettent en place des systèmes éducatifs visant à la diffusion d’une «haute» culture homogène.La mise en perspective comparatiste (France – Etats germaniques) met en lumière ce qui apparaît comme un paradoxe français: le fait qu’un pays doté d’une culture étatique forte ait disposé d’une administration peu, mal ou pas formée, y compris aux échelons supérieurs : le «soldat» et l’«ingénieur public» dont Vauban figure le modèle historique restent jusqu’aux années 1870 au moins, les seules catégories d’administrateurs soumises à des critères de recrutement et de capacité professionnelle, élaborés sous l’Ancien Régime. Cette «exception française» caractérise la conception des relations entre Etat et administration, et inséparablement, les modalités, enjeux et objectifs du système de formation; à la différence de la Prusse, en particulier, cas emblématique et précoce d’Etat autoritaire-bureaucratique, l’organisation progressive d’une fonction publique régulière en France a, en large partie, résulté de nécessités pratiques et non d’une doctrine positive.L’Etat prussien, en effet, avait dès 1727 fondé deux chaires de «caméralistique», exemple rapidement suivi dans d’autres universités et dans l’empire des Habsbourg. On reconnaît là l’influence rationaliste des Lumières soutenue par l’appareil d’Etat (modèle du Militär- und Beamtenstaat ). Ainsi s’organise un «fonctionnariat d’Etat» selon des principes formalisés: à partir de 1770, les Beamte doivent posséder un diplôme en «sciences camérales»; ils sont soumis aux obligations et garanties propres à leur fonction. Modernisation de l’Etat et modernisation du système éducatif n’ont cessé en Prusse d’aller de pair. On sait que Weber s’est inspiré de la Prusse pour élaborer sa théorie de la domination légale-rationnelle ( Economie et société , 1920): l’idéal-type du «fonctionnariat» ou de la «bureaucratie» renvoie à une organisation hiérarchique où chaque fonctionnaire est recruté en raison d’une expertise certifiée par un examen, obéit à des devoirs fixés par sa fonction, reçoit une rémunération correspondant à son rang.Comité scientifique :Pierre ALLORANT, vice-président de l'université d'Orléans chargé du PRES Centre-Val de Loire Université, histoire du droitFrancis DEMIER, professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre, histoire contemporaineFrançoise DREYFUS, professeur émérite à l’université Paris 1, Sciences politiquesAnne KWASCHIK, professeur à la Freie Universität Berlin, Histoire de l’Europe de l’Ouest, 19 e-20 e sièclesPascale LABORIER, professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre, sciences politiquesRenaud PAYRE, professeur à l’IEP de Lyon, Directeur de l’UMR Triangle, sciences politiquesJakob VOGEL, professeur à l’IEP de Paris, Histoire de l’Europe, 19 e-20 e sièclesOrganisation :Brigitte KRULIC, Professeur à l’université Paris Ouest (Histoire des idées politiques France/Allemagne) krulicbrigitte@yahoo.frPROGRAMMEJeudi 10 octobre 2013 (salle des conférences, Bât. B)9h30: Allocution d’ouverture: Jean-François BALAUDE, Président de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense (sous réserve)9h45: Nicola TODOROV, université de Rouen: «Le transfert du modèle administratif napoléonien en Allemagne : résistances et héritages»10h15: Igor MOULLIER, ENS Lyon, «Savoir et action administrative. Codification a priori ou a posteriori ?»10h45: Pause café11h: Jakob VOGEL, IEP Paris: «Circulations des savoirs d’Etat entre la France et les pays germaniques : le rôle de l'administration des Mines sous Napoléon»11h30: Arnaud HOUTE, université Paris IV, Centre de Recherche en Histoire du XIXe siècle (Paris I - Paris IV): «Entrer dans les forces de l'ordre dans la France du XIXe siècle»12h: Table ronde14h30: Francis DEMIER, université Paris Ouest: «La mise en place de la technocratie économique après la chute de Napoléon et son plan de modernisation de la France face à la puissance anglaise»15h: Anne KWASCHIK, Freie Universität, Berlin, «L’Etat et la construction d’une «formation coloniale». Circulations intellectuelles, réseaux et constructions institutionnelles en Europe à l’âge des empires»15h30: Pause café15h45: Brigitte KRULIC, université Paris Ouest: «De Cuvier à Boutmy: la référence allemande dans les projets de formation des administrateurs français»16h15: Françoise DREYFUS, université Paris 1:«L’ENA de 1848: entre le modèle de Polytechnique et la référence aux universités allemandes»16h45: Table RondeVendredi 11 octobre 2013 (salle des conférences, Bât. B)10h: Stéphane BLOND, université d’Evry, «Les transferts techniques du Corps des Ponts vers les Etats allemands, premier XIXe siècle»10h30: Pierre ALLORANT, Université d’Orléans: «Deux métiers de l’État en France au XIX e siècle: l'administration préfectorale et les ingénieurs des Ponts et chaussées»Pause café11h15: Marion ABALLEA, ATER doctorante à l’université de Strasbourg/UNIGE Genève: «Le dialogue diplomatique, entre creuset et confrontation des cultures administratives: l’exemple des diplomates français à Berlin de 1871 aux années 1930»11h45: Table Ronde14h: Jean-Philippe DUMAS, EPHE: «Une bureaucratie républicaine : le ministère du Commerce et de l'Industrie à la fin du XIXe siècle »14h30: Julia BAVOUZET, doctorante contractuelle à Paris Ouest: «La formation des cadres de la bureaucratie en Autriche-Hongrie»Pause café15h15: Pascale LABORIER, université Paris Ouest, «Les voyages en France de W. von Humboldt pour l'administration culturelle prussienne»15h45: Bernd ZIELINSKI, université Paris Ouest: «L’ « association pour la politique sociale » et le rapport entre bureaucratie et économie à l’époque du Kaiserreich »16h15: Table RondeUniversité Paris Ouest Nanterre La Défense, 200 av. de la République, 92100 NANTERRE. RER A: «Nanterre Université»Avec le soutien de l’UFR LCE.
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