Association Tunisienne de StylistiqueAvec le concours du Centre interdisciplinaire d'étude des littératures, Aix-Marseille (CIELAM 16-18)de l’Unité de Recherche el Littérature, Discours et Civilisation (UR11ES62)Colloque internationalCONTROVERSES SUR LE STYLESouci du style vs Indifférence au style6-8 Mars 2014Un consensus sur la définition dustylen’a pas encore été trouvé, et il y a peu de chance qu’il le soit quelque jour. En forçant un peu l’opposition, on pourrait, parmi les conceptions majeures, distinguer deux orientations dans les approches de la notion: l’une qui considère qu’il y a style dès qu’il y a caractéristique – qu’il est impossible, par conséquent, d’écrire sans de facto mettre en œuvre, à son insu même, un mode qualifié de dire. Il n’existerait pas, dans cette hypothèse, de neutralité de la forme; le style serait, selon l’expression de Genette, «le versant perceptible du discours», tout simplement. Plus proche du sens commun, une autre entente du style identifie celui-ci à un certain artisanat qui cherche à perfectionner le langage, à l’utiliser au meilleur de ses formes (le style se confond alors avec le beau langage), ou à s’en inventer un usage singularisant.En continuant de grossir le trait, on aurait : d’un côté, l’idée que le critère principal du style réside dans une excellence à maîtriser un art littéraire, une technè , par quoi se juge la légitimité ou la qualité d'un écrivain. Le style est alors instrument de distinction ou – lorsque l’inflexion romantique est passée par là – manifestation d’originalité, de «personnalité» d’une écriture (qui suppose maîtrise, mais avec un zeste de génie supplémentaire). Et d’autre part, l’idée que le style est un phénomène beaucoup plus universel, au point que les réalisations les moins abouties en possèdent un malgré tout, qui s’évalue essentiellement à réception et se voit prisé en fonction d’une axiologie dont les critères restent sujets à variations.D’autres polarités encorese manifestent : le style comme préméditation, fruit d’un dessein qu’un individu imprime à la langue. Ou bien le style commefatalité, dont l’appréhension reste largement dans la dépendance des lecteurs et des critiques. Le style du côté de la poïésis. Ou relevant plutôt de l’esthétique. Prédominance du contenu, dont le style ne serait que l’écorce ou l’écume. Ou privilège à la manière qui, dès qu’il y a littérature, primerait sur le fond, et en déciderait ?On pourrait allonger la déclinaison des oppositions entre lesquelles la problématique se trouve prise. Il va de soi que toutes les variétés intermédiaires deconception du style, donc de la stylistique, n'ont pas manqué d’être richement représentées entre ces deux pôles. De l’écriture blanche au gongorisme, de la stylistique quantitative à l'herméneutique spitzerienne, le spectre est large, et c’est cette diversité que le colloque souhaiterait, par le biais de la question du "Souci du style vs Indifférence au style", explorer en même temps qu'examiner les arguments sur lesquels ces optionssont étayées.On peut faire l’histoirede ces oscillations et de leur inscription dans des épistémè. La prise en compte de l’inconscient, pour ne prendre qu'un exemple, a fortement influencé la considération qu’on est «voulu» par un style autant ou plus qu’on ne le choisit. Mais cette histoire est également sensible au cycle desmodes: l’asianisme ou style fleuri, l’atticisme ou style épuré, ou le sublime encore, et les descendants de ces trois grands courants, n’ont cessé d’alterner et de se combattre, relançant incessamment la «roue de Virgile» jusqu’à aujourd’hui. Les passions s’en mêlent: préciosité, mouvement parnassien, ou défiance, haine du style... Lesidéologieselles-mêmes et l’éthique ont eu leur mot à dire dans ces préférences ; elles ont pu, lorsque le parti pris se voyait relayé par une théorisation, linguistique, philosophique ou autre, déterminer des«écoles» stylistiques.Le colloque, tout en privilégiant les manifestations verbales du style souhaite s’ouvrir à toutes lessémiosesou en tout cas n’en exclure aucune (photographie, cinéma, musique, chanson…). De même, il est ouvert à la question du style en régime non fictionnel (philosophie, critique, discours politique, scientifique…). D’autres champs sont susceptibles d'être explorés : gestuel, existentiel, styles de civilisation, génétique...La problématique engage également des choix de nature didactique, notamment la question de savoir quelle place et quelle part réserver au style dans l’étude dite «littéraire», comment articuler la description d'un style au dessein général d’une œuvre, quel rapport établir entre la discipline stylistique et ses mitoyennetés (poétique, rhétorique...). Soucieux de prendre en compte les griefs souvent entendus de la part des enseignants de lettres «pures», nos débats seraient accueillants aux contributions posant les questions relatives auxrisquesqui guettent la stylistique:aux questions telles que celle de savoir, par exemple, si la stylistique comme discipline séparée, ayant sa finalité propre voire suffisante, reste viable, si elle ne majore pas à l’excès certains phénomènes textuels, n'encourage pas l'essentialisation, la désynchronisation, ne produit pas des descriptions pseudo-techniques susceptibles de «dénaturer» l’esprit des études humanistes, etc.Quelques éléments bibliographiques:Jean-Michel Adam, Le Style dans la langue , Delachaux et Niestlé, 1997Éric Bordas, «Style», un mot et des discours , éditions Kimé, 2008Jean-Louis Chiss & Daniel Delas, «Styles», Le Français aujourd’hui , n° 116, 1996Dominique Combe, La Pensée et le style , éditions universitaires, 1991Marc Dambre & Bruno Blanckeman (éd.), Romanciers minimalistes (Colloque de Cerisy, juillet 2003), Presses Sorbonne nouvelle, 2012Gérard Genette, Fiction et diction , Paris, Seuil, 1991Jean-Michel Gouvard (dir.), De la langue au style , Presses universitaire de Lyon, 2005Gilles-Gaston Granger, Essai d’une philosophie du style (1968), Odile Jacob, 1988Anne Herschberg Pierrot, Le style en mouvement , éditions Belin, 2005Laurent Jenny, «Du style comme pratique», Littérature , n° 118, juin 2000Philippe Jousset, Anthropologie du style , Presses Universitaires de Bordeaux, 2007Berel Lang (éd.), The Concept of Style (1979), Ithaca & London, Cornell University Press, éd. rev. et augm., 1987Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être, Gallimard, 2011Dominique Maingueneau, Contre Saint-Proust , Belin, 2006Georges Molinié et Pierre Cahné (dir.), Qu’est-ce que le style ? Presses Universitaires de France, 1994Gilles Philippe, Le Rêve du style parfait, PUF, 2013Gilles Philippe & Julien Piat, La langue littéraire, Fayard, 2009D. Rabaté & D. Viart, Écrituresblanches, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2009Jacques-Philippe Saint-Gérand, «Style, apories et impostures», Langages n° 118, Larousse, 1995Jean-Marie Schaeffer,«La stylistique littéraire et son objet», Littérature n°105, mars, 1997Bernard Vouilloux,«Pour une théorie descriptiviste du style», Poétique n°114, avril 1998Comité scientifique: Hatem Abid , Michèle Aquien, Kamel Gaha, Pierre Garrigues, Stéphane Chaudier, Philippe Jousset, Joël July, Marielle Macé, Gilles Philippe, Laurence Rosier, Geneviève Salvan, Mounir Triki, Mustapha Trabelsi.Délai d’envoi des propositions (un résumé et une notice biographique ): avant le 30 octobre 2013 à: mutrabelsi@gmail.comph.jousset@gmail.comDate limite de réponse et de confirmation: 30 novembre 2013 Remise des articles: 30 juin 2014Publication: 2015
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