Le projet Saintuaire a été engagé en2012 et porte sur les reliques dans les textes vernaculaires. Ce projet comprend trois volets: après deux journées d’étude préparatoires (20juin2012 et 5juin2013), un colloque organisé fin2014 réunira tous les participants. Il visera à faire la synthèse des discussions et des résultats de ces deux journées, ainsi qu’à accueillir des communications nouvelles; il comprendra enfin une demi-journée au moins de workshop qui permettra d’établir un plan d’ouvrage cohérent et articulé.Bilan de la première journéeLa première journée d’étude, qui s’est tenue à Rouen le 20juin2012, a réuni, dans une perspective interdisciplinaire, des spécialistes d’histoire et de littérature médiévales. Elle a essentiellement éclairé le statut des reliques dans des textes vernaculaires traduites ou inspirées d’œuvres latines, à partir de textes narratifs des XIe-XIIIe siècles. Elle a mis en évidence l’intérêt spécifique, d’un point de vue poétique, des récits faisant apparaître des reliques. L’écriture de la collection fait appel à une esthétique de la liste dans la Geste des évêques d’Auxerre (Christiane Cosme) et dans le recueil de Jean de Mailly (Florent Coste); ailleurs, par exemple dans les textes relatifs à la Véronique, les textes mettent en œuvre des jeux d’échos et de parallélismes (Jean-Marie Sansterre). Enfin, les effets de cohérence que dessinent les agencements des manuscrits ont leur importance dans la manière dont les histoires de reliques sont mises en perspective. C’est notamment ce qu’a montré Armelle Le Huërou à travers l’étude du récit de Baudri de Bourgueil sur les armes de saint Michel.Cette journée a également permis d’engager une réflexion sur les rapports que tissent les textes entre les reliques et d’autres objets: reliques et indumenta des évêques; reliques et autres objets sacrés, comme la lance qui saigne et le Graal dans les romans arthuriens (Jean-René Valette, Edina Bozoky); reliques et objets profanes enfin, telle une arme ou une pièce de vêtement (Hubert Heckmann et Sophie Albert). Le rapprochement entre un objet et une relique, par des jeux d’analogie, de transformation ou d’assimilation, apparaît dès lors comme un enjeu/ le texte peut par ce biais attribuer à un objet donné une forme de dignité, voire de sacralité qui lui est a priori étrangère.Problématique et axes pour la deuxième journéeLa deuxième journée, qui se tiendra à Paris le mercredi 5juin2013, privilégiera l’étude des créations et reconfigurations propres aux textes vernaculaires des XIIIe-XVesiècles. En effet, à partir du XIIIe et, plus encore, du XIVesiècle, les champs du profane et du sacré sont redéfinis en profondeur par l’apparition de pratiques de dévotion laïques et individuelles, qui échappent pour partie à l’emprise du clergé. Cette modification rejaillit sur les traitements et les représentations littéraires des reliques, et méritent à ce titre un intérêt particulier. Nous souhaitons donner leur place à des textes didactiques, dramatiques, lyriques, allégoriques, ces catégories n’étant pas exclusives les unes des autres. La journée pourra porter:sur l’exploitation morale du discours sur les reliques, dans le cadre d’une littérature didactique destinée aux laïcs et rédigée désormais en langue vernaculaire,sur les écarts et les déplacements opérés par les textes: l’allégorie met en tension deux niveaux de réalité, la lyrique deux registres, courtois et religieux; les textes peuvent introduire, dans leur traitement des reliques, une distance ludique ou parodique dont on interrogera le sens et les effets.La journée comportera à la fois des communications et une table ronde qui permettra des échanges plus informels.
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