La situation : entre structure et sujetKwok-ying Lau, Professeur de philosophie, Chinese University of Hong KongJeudi 6 juin 2013 – 10h30-12h30École normale supérieure, 29 rue d’Ulm, salle 235CRésuméY a-t-il encore lieu de parler du sujet après la vague structuraliste menée par Lévi-Strauss et d’autres contre les philosophies du sujet dans les années 1960? La mort ou la fin de l’homme proclamée par Foucault et Derrida a certes réussi à destituer le rôle central et souverain assigné au sujet par l’idéalisme classique comme origine constitutive absolue du sens. Mais faut-il faire la distinction entre la subjectivité transcendantale qui, considérée prétendument comme source constitutive du sens du monde, n’est qu’une forme logique et reste en marge du monde, et le sujet qui est d’emblée jeté dans un ordre spatio-temporel qui lui préexiste et entouré des autres avec qui il échange des paroles et des regards? Est-il trivial d’enquêter sur la structure ontologique d’un sujet qui jouit de la liberté en s’appuyant sur le fond inhumain du monde environnant tout en sentant la résistance ou même la menace de ce monde? Bref, n’est-il pas légitime d’incorporer la dimension de facticité et d’affectivité dans la compréhension d’un sujet situé, et au monde, dans un projet d’anthropologie phénoménologique? Or, sans octroyer de statut ontologique à un sujet réflexif, agissant et affectif, comment comprendre les phénomènes d’amour, de souffrance, de décision, de responsabilité, de droit ou de témoignage? Le déficit théorique des divers courants de pensée structuraliste dans ces domaines nous autorise à revenir à Sartre, malgré toutes les attaques qu’il a subies, pour demander dans quelle mesure l’auteur de L’Être et le néant a contribué à comprendre la condition humaine.
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