Les nombreux essais concernant Melchiorre Cesarotti (1730-1808), parus au vingtième siècle, ont bien montré le rôle principal que ce traducteur italien de Voltaire et des « Poèmes d’Ossian » joua dans les relations entre la culture italienne et la pensée européenne entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Toutefois, ils ont oublié l´aide dont il put bénéficier dans les milieux qui l’entouraient. En effet, le travail personnel de Cesarotti ne fut que le premier engrenage d’une machine de création littéraire, qui intéressa un large groupe d’hommes et de femmes de lettres de la Vénétie. C’est le phénomène culturel qu’on a choisi d’appeler l’« école de Cesarotti ».La reconstruction intégrale de la correspondance inédite de Cesarotti a permis de découvrir que l’école du professeur padouan fut aussi un cercle culturel qui, au fil du temps, avait créé ses propres rituels, et au sein duquel chaque élève partageait son temps avec les autres élèves dans un esprit de fraternité. Un groupe, ou plutôt une « famille » (comme Cesarotti l’appelait lui-même), qui cependant devint au fur et à mesure trop renfermée sur elle-même, dominée par un « patriarche » affectionné mais finalement trop fier de son propre magistère et incapable ainsi de produire une littérature adaptée au nouveau siècle.Ce fut la base de la critique d’Ugo Foscolo. Le poète gréco-vénitien fit ses premières preuves littéraires dans le milieu césarottien, mais en ayant bientôt cerné les défauts et refusé les contraintes, en sortit peu après et fonda finalement une nouvelle école, basée sur une plus forte conscience de la mission historique et civique de l´homme de lettres.Claudio Chiancone, chercheur auprès du Laboratoire GERCI - Université Stendhal - Grenoble 3, présentera son ouvrage paru dernièrement aux éditions ETS.12h30 - entrée libre
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