Scroll down for English versionE-rea (Revue électronique d’études sur le monde anglophone) prépare un volume spécial pour une publication prévue à l’automne 2014.Lire la littérature et les arts visuels du monde anglophone avec le Lacan de l’après-EncoreEn France, la théorie lacanienne est peu usitée dans l’analyse des objets de la culture, et ceci depuis quelques décennies. Si, dans l’après-coup de la publication de Écrits (1966), il y eut une fascination analytique avec la captation imaginaire du stade du miroir et son interaction avec les structures de l’ordre symbolique, depuis les années 1980, l’engagement critique avec la théorie lacanienne est passé en mode mineur, et ceci pour plusieurs raisons : la réputation de difficulté qui s’attache tant au style de Jacques Lacan qu’aux concepts théoriques ; l’opposition de nombreuses féministes à l’idée que le signifiant ‘phallus’ aurait un rôle déterminant pour la subjectivité, et le rétrécissement général du champ de la théorie dans les études littéraires.Aujourd’hui, en raison de la montée en puissance des conceptions scientistes de l’être humain (au niveau de l’intelligence, du comportement, de la reproduction, des limites du corps, de la mort), la théorie lacanienne se révèle d’une importance capitale de par son postulat fondamental du sujet en tant qu’être singulier et irréductible, unique et incalculable, définitivement hors de portée de l’objectivation scientifique. C’est le concept lacanien du réel qui donne tout son poids à cette proposition. Le réel pointe l’endroit où tout système échoue, où le signifiant rencontre son impasse, et aussi, l’au-delà du signifiant : ce que le langage n’a pas (encore et/ou ne pourra jamais) capté, et par-là même, l’impossibilité constitutive du signifiant à tout-dire, à produire un tout. Quelque chose échappe toujours à son étreinte. De manière analogue, ce quelque chose ‘qui manque’ qu’est l’objet a du mythe des origines produit par Lacan complexifie la notion du sujet divisé (le sujet du signifiant) en y rajoutant une ‘fixion’ (à la fois fixation et fiction). La jouissance du corps (toujours réelle, non-symbolisable, mais ‘civilisée’ par lalangue présymbolique) est impliquée dans cette ‘fixion’, « bouleversant l’identité à soi » du sujet (Copjec, Imagine There’s NoWoman: Ethics and Sublimation, 2002). C’est dans cette optique d’une rencontre imprévisible dans ses effets entre le corps et lalangue que Lacan énonce : « Le Réel, c’est le mystère du corps parlant » (Soler, Lacan, l’inconscient réinventé, 2009).Le retour en faveur de Lacan parmi les analystes de la culture anglophone est largement à mettre au compte de Slavoj Zizek (Enjoy Your Symptom: Jacques Lacan in Hollywood and Out, 1992); ses analyses audacieuses du cinéma et de la littérature, de la culture contemporaine en général ont ramené la théorie lacanienne dans la sphère du dicible, du pensable et peut-être même du désirable, redynamisant son potentiel pour la compréhension du sujet humain d’un point de vue qui tient compte de la structure (le langage), mais également de ce qui, imprévisible, échappe à la structure : le point toujours singulier de l’insertion subjective dans un moment historique particulier. Selon Alain Badiou, « [l]’apport de Lacan pour aujourd’hui est […] doublement fondamental : d’une part, il permet d’acquérir une compréhension structurale limpide de la crise comme crise (du) symbolique ; d’autre part, il sert à affirmer l’irréductibilité du sujet désirant comme tel » (Jacques Lacan: Passé Présent - Dialogue, 2012). C’est cette insistance sur la singularité radicale de chaque sujet, intrinsèque à la théorie lacanienne, qui en fait un outil pour penser contre les discours déterministes de notre époque.C’est le cas pour ce qui concerne le discours capitaliste, mais pas seulement ; c’est vrai également pour la question de la différence sexuelle. Le débat sur les implications de la différence sexuelle est, dans la période actuelle, englué dans une opposition entre le sexe et le genre (on pourrait dire ‘Huston’ vs. ‘Butler’). Par contraste, la théorie lacanienne de la sexuation consiste en une tentative de repenser la différence sexuelle d’un point de vue non-binaire.D’autres concepts nous permettent d’avancer sur des questions importantes : lalangue, par la lettre indivisée qui marque l’humain dès son entrée en contact avec le monde, subvertit l’autonomie supposée du sujet de l’axe imaginaire-symbolique. Si le symptôme indique pour le sujet le « point d’exception aux formes établies du lien social et se situe en relation à la jouissance du corps » (Lissy Canellopoulos, “The Bodily Event, Jouissance and the (Post)Modern Subject” 2010), le sinthome, lui, désigne la manière, toujours singulière, de nouer les registres du réel, du symbolique et de l’imaginaire, suppléant à l’occasion à l’absence du Nom-du-Père.Ce sont quelques-unes des dimensions de la théorie lacanienne encore peu visitées dans les analyses culturelles des anglicistes, qui pourront illuminer nos lectures de la littérature et d’autres arts du domaine anglophone.En plus des travaux de Slavoj Zizek, des interventions notables dans le champ de l’analyse culturelle incluent “Eyes Wide Shut, The Woman Not Seen” de Ellie Ragland (European Journal of Psychoanalysis, 2005); la lecture faite par Juliet Flower MacCannell’s de The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood dans “Things to Come: a Hysteric’s Guide to the Future Female Subject” (Supposing the Subject), ou bien les ouvrages de Joan Copjec.Dans l’optique de susciter un regard nouveau sur cette orientation théorique et de revitaliser son potentiel pour la critique culturelle, E-rea sollicite des articles qui proposent une analyse lacanienne des productions artistiques du monde anglophone dans les domaines de la littérature, du théâtre, du cinéma, de la peinture et d’autres arts hybrides. Si le Séminaire XX, Encore, est souvent considéré comme le texte qui inaugure la période du dernier Lacan, et à ce titre, il peut servir de point de référence, toute analyse qui mobilise des concepts clés tel que la sexuation, lalangue, autre jouissance, l’éthique du sujet, le sinthome, ou ce concept élusif – l’amour – sera la bienvenue. S’adressant à une communauté large de chercheurs et d’étudiants des études anglophones, les concepts invoqués devront être clarifiés pour illuminer leur usage dans les analyses.Les articles pourront être rédigés en anglais ou français.Les propositions devront être envoyées à : Jennifer Murray(jmurray@univ-fcomte.fr)Calendrier30 septembre 2013: propositions de titres avec résumés et 5 références bibliographiques15 octobre 2013 : notification d’acceptation des propositions pour double expertise en aveugle31 janvier 2014 : envoi des articles entièrement rédigés (6000-8000 mots)30 avril 2014 : avis des experts30 juin 2014 : envoi des textes corrigés Les consignes aux auteurs de E-rea peuvent être consultés à :http://erea.revues.org/344*******E-rea, (Revue électronique d’études sur le monde anglophone) is seeking papers for a special volume to appear in the autumn of 2014 on:Reading English-language Arts and Literature with the Later LacanLacanian analysis of literature and the arts has not been in vogue in France for some time now. Following the publication of Écrits in 1966, there was a period of analytic fascination with the imaginary capture of the mirror phase and its intersection with the structures of the symbolic in both literary and film studies. Since the 1980s, academic engagement with Lacanian theory in the cultural field has been in a slump, and this for several reasons: the reputed difficulty of Lacan’s style as apprehended through Ecrits, the opposition of numerous feminist critics, and the general decline of theory in the field of literary studies.Today, in light of the growing force of scientistic conceptions of the human subject (at the level of intelligence, behaviour, reproduction, the limits of the body, mortality), Lacanian theory finds renewed relevance in its unwavering postulate of the subject as singular, unique and incalculable, insusceptible to scientific conclusiveness.It is the Lacanian real, generally underexamined amongst first wave Lacanians, which gives weight to this proposition insofar as the real is the point at which all systems fail, where the signifier encounters its impasse, and also, the beyond of this point; both what has not encountered signifying discourse and the structural impossibility of the signifier to produce an ‘all’ of meaning. Something always escapes the signifier. This missing ‘something’, the objet a in the Lacanian myth of the origins of subjectivity, takes us beyond the split of structuralism, beyond the subject of the signifier; the Lacanian ‘speakingbeing’ is foundationally dislocated by a mode of jouissance (civilised by lalangue, the pre-signifying letter of language) that entails “a disruption of self-identity” (Copjec, Imagine There’s NoWoman: Ethics and Sublimation, 2002). It is in this sense, according to Colette Soler (Lacan, l’inconscient réinventé, 2009), that Lacan affirms “The Real is the mystery of the speaking body”.It is primarily due to the influence of Slavoj Zizek (Enjoy YourSymptom: Jacques Lacan in Hollywood and Out, 1992) and his analyses of film and literature, that Lacanian theory within Anglophone studies has been brought back into the domain of the speakable, the thinkable, and perhaps even the desirable, revalorizing its potential for clarification of the ways in which subjectivity can be understood structurally (through language) but also as the site where the absolute singularity of the human subject meets its historicalcontext: “The contribution of Lacan for our present time is therefore doubly important: on the one hand, it allows us to acquire a clear structural understanding of the [economic] crisis as a crisis of the symbolic; on the other hand, it reaffirms the irreducibility of the desiring subject as such” (Alain Badiou, Jacques Lacan: Passé Présent- Dialogue, 2012). It is this insistence on the radical singularity of each human subject, intrinsic to Lacanian theory that makes of it a means of thinking against the determinist discourses of our times.This is true not only for the subject of capitalist discourse but also for the question of sexual difference. The debate on the implications of sexual difference has become, in the contemporary period, enmired in a binary struggle between sex and gender (one might say ‘Huston vs.Butler’). Lacan’s theory of sexuation, by contrast, consists in an attempt to rethink sexual difference from a non-binary perspective.Other concepts also move critical issues beyond their current point ofarticulation: lalangue, the pre-symbolic letter that marks the subject in its earliest being undercuts the autonomy of the imaginary-symbolic axis of the subject. If the symptom marks the subject’s “point of exception to the established form of social bond and is connected to the jouissance of the body” (Lissy Canellopoulos, “The Bodily Event, Jouissance and the (Post)Modern Subject,” 2010), the sinthome designates the subject’s singular way of knotting together the registers of the real, the symbolic and the imaginary, and on occasion, making up for the absence of the Name-of-the-Father (rejoining the second of Badiou’s concerns). Such are some of the relatively unexplored dimensions of Lacanian theory which might illuminate our readings of classic and contemporary culture and its objects.In addition to the work of Slavoj Zizek, notable interventions in the field of cultural analysis include Ellie Ragland’s “Eyes Wide Shut, The Woman Not Seen” (European Journal of Psychoanalysis, 2005); Juliet Flower MacCannell’s reading of Margaret Atwood’s The Handmaid’s Tale in “Things to Come: a Hysteric’s Guide to the Future Female Subject”(Supposing the Subject, 1994), or the work of Joan Copjec.As the expression of a desire to give renewed attention to this critical orientation and to revitalize its debates and uses for contemporary analysis of culture, E-rea is seeking articles which analyze literary, filmic, or other artistic productions from the English-speaking world from a Lacanian perspective. If Encore, as the inaugural text of the period of the ‘later Lacan’ may serve as a point of reference, analyses which mobilize such key concepts as sexuation, lalangue, other jouissance, ethics, the sinthome, or, that elusive concept - love - will be welcome. Addressing a wide audience of Anglophone scholars and students, concepts should be clarified to illuminate their use in the analyses.Papers may be written in English or in French.Proposals should be sent to Jennifer Murray (jmurray@univ-fcomte.fr)DeadlinesSeptember 30, 2013 – deadline for proposals (title, abstract, 5 bibliographical references) October 15, 2013 - notification of acceptance for peer-reviewing process January 31, 2014: deadline for submission of the final articles(6000-8000 words)April 30, 2014: papers will have been peer-reviewed June 30, 2014: deadline for final version of articles.E-rea’s contributor guidelines may be consulted at:http://erea.revues.org/2153
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