Philippe Mengue, Faire l'idiot. La Politique de Deleuze Paris, éditions Germina, 2013 Quelle politique peut-on faire quand on fait idiot ? Loin d'être ridicule, c'est bien la question qu'on est conduit à se poser inévitablement en lisant l'oeuvre de Gilles Deleuze. L' « Idiot » détient, en effet, un rôle incontournable et essentiel. Il est le personnage conceptuel qui fait tenir la philosophie de Deleuze dans sa consistance propre. Il se situe à la charnière de l'image de la pensée que le philosophe invoque et suppose plus ou moins implicitement et de la création de concepts qu'il produit explicitement. Aussi, faire de la philosophie, tout comme agir et penser politiquement, est-ce toujours une manière de faire l'idiot. Les conséquences de cette approche sont capitales de par les questions et les invalidations qu'elle lance en direction de la réflexion politique classique centrée sur les problématiques du Droit et de l'Etat. La place qui revient au contrôle et au bio-pouvoir, aux zones d'indétermination et aux espaces lisses, permet de prendre une saine distance vis-à-vis de la politique « majoritaire » et de faire apparaître, comme déjà de vieux clichés, bon nombre de thèmes et de concepts propres dont se sont revendiqués les organisations alternatives mondialistes et subversives récentes. C'est à une toute autre idée de la politique, centrée sur les devenirs (et non sur l'avenir, non sur l'état ou Etat) que nous invite à méditer la politique deleuzienne de l'idiot. Elle nous ouvre à espérer d'autres espérances, nouvelles, en lien avec un « peuple absent» qui naîtrait (et mourrait) avec chaque devenir, et pas plus.
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