«Diaristes en temps de guerre Le journal personnel, source et objet de recherches» Journée d'études organisée par le Centre d'histoire des sociétés, des sciences et des conflits Université de Picardie-Jules Verne Jeudi 30 mai 2013 Il existe, c'est certain, un « goût des archives de soi ». Il s'exprime aussi bien en France qu'à l'étranger. Des chercheurs, issus de toutes les disciplines des humanités, et notamment ceux qui travaillent sur les individus et les sociétés en guerre, se retrouvent en des lieux dédiés à la conservation de ces précieux égodocuments : c'est la bibliothèque de l'APA à Ambérieu-en-Bugey ou l' Archivio diaristico nazionale de Pieve Santo Stefano en Italie... Les maisons d'édition contribuent largement à faciliter l'accès des chercheurs aux écrits autobiographiques laissés par des écrivains, des personnalités mais aussi, et de plus en plus, des anonymes. C'est le cas des éditions du Manuscrit, par exemple, qui disposent d'une collection intitulée « Témoignages de la Shoah », avec un catalogue d'une soixantaine de titres. Un certain nombre de projets collectifs de bases de données sont en cours ou ont abouti et facilitent les repérages. Ainsi, depuis 2006, le Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 (CRID 1914-1918) a pour ambition de recenser les récits d'expériences vécues de la Première Guerre mondiale. Le « Dictionnaire et guide des témoins de la Grande Guerre » est consultable sur Internet. Le projet EGO (Ecrits de Guerre et d'Occupation) de l'Université de Caen, en cours d'élaboration, prévoit, dans sa première phase, un recensement de plus de 1000 témoignages sur la Seconde Guerre mondiale en France, publiés entre 1940 et 1949, où l'écriture de soi est bien représentée. Des projets de ce genre existent aussi en Espagne, en Italie, en Allemagne ou en Suisse... Cette dynamique de l'égodocument qui marque toutes les sciences sociales doit beaucoup aux réflexions proposées par Foucault au moment de la publication du mémoire du parricide Pierre Rivière (Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère, 1973). Les archives autobiographiques sont une source de connaissance du passé qu'il est nécessaire d'interroger dans leur matérialité et leur textualité pour questionner le sens de la prise d'écriture. De même, il convient de réfléchir à la façon dont elles nous sont parvenues. Dans ce vaste continent des égodocuments, le journal personnel qui contiendrait « la vie encore chaude, sans trucage ni mensonge » (Lucien Febvre, 1948) semble bénéficier d'une faveur particulière, comme en témoignent plusieurs travaux récents. C'est ce qu'illustrent la thèse inédite de Corinne Krouck intitulée « Les combattants français de la guerre de 1870-1871. Contribution à une histoire des sensibilités » (2001) ou encore l'ouvrage d'Hélène Camarade intitulé Ecritures de la Résistance. Le journal intime sous le Troisième Reich (2007), pour ne citer que quelques exemples marquants. Pour l'étude des sociétés en guerre, ce recours aux écritures diaristes est ancien. Comme le rappelle Rémy Cazals à propos des témoignages de la Grande Guerre, il « s'inscrit dans le prolongement du travail pionnier de Jean-Norton Cru » ( Témoins , 1929). Toutefois, il a été largement renouvelé dans les 30 dernières années grâce aux apports stimulants de la critique littéraire, dans le sillage des travaux de Philippe Lejeune ou de Catherine Viollet ( Genèse du je ; manuscrit et autobiographie , CNRS, 2000, par exemple). L'approche transdisciplinaire paraît donc aujourd'hui incontournable. Cette journée d'études est donc ouverte aux chercheurs, jeunes ou confirmés, issus de toutes les disciplines des humanités et qui font leur miel de ces « autobiographies au-jour-le-jour » (les frères Goncourt) rédigés en temps de guerre à l'époque contemporaine . Dans cette perspective transdisciplinaire, les réflexions pourront s'articuler aux axes suivants, qui ne sont pas exclusifs d'autres pistes : I- L'écriture diariste en temps de guerre : une pratique culturelle, un vecteur de mémoire -La pratique diariste en temps de guerre: approche culturelle -Archéologie des traces diaristes -Le journal, objet ignoré des memory studies II-Le journal personnel au crible d'une critique transdisciplinaire -Les apports de la critique littéraire : génétique textuelle, textométrie... -La critique historique face à l'écriture de soi III-Le journal, porte d'entrée dans le quotidien et l'univers mental des sociétés en guerre -Le quotidien des soldats et des civils -Les représentations sociales et les opinions publiques Vos propositions de contribution d’une page maximum, comprenant un titre, un résumé et une courte bio-bibliographie sont à adresser à Hakim Rezgui (rezgui.abdelhakim@gmail.com) avant le 30 avril 2013.
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