Colloque international, 5-7 février 2014 EAC 4400 « Écritures de la modernité », Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Programme « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) » soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche L’histoire naturelle, telle qu’elle s’élabore entre le XVIIe et le XVIIIe siècle s’efforce de décrire intégralement et précisément la nature. C’est pourquoi doivent être écartées « toutes les histoires et toutes les fables », tout « ce fatras d'écritures » qui encombraient les anciens livres (Buffon, De la manière d'étudier et de traiter l'histoire naturelle, 1749). Mais cette discipline a disparu au profit de la biologie précisément parce qu’elle se limitait à une approche purement externe de description et de classification. Pour sa part, la zoologie récente – qui en est partiellement l’héritière – a rompu avec la dimension historique de « tous les traités de zoologie descriptive » en se constituant en « science de la nature et de la vie » (Robert Delort, Les Animaux ont une histoire, 1984). En d’autres termes, ce sont les histoires aussi bien que l’Histoire qui ont progressivement été abandonnées dans la connaissance des animaux : ces histoires auxquelles certains éthologues (Mark Békoff, Les Émotions des animaux, 2009) ou philosophes (Dominique Lestel, L’Animal est l’avenir de l’homme, 2010) veulent rendre leur dimension heuristique en insistant spécialement sur l’importance des anecdotes ; cette Histoire que l’on met aujourd’hui en relief, depuis Robert Delort jusqu’à Éric Baratay (Le Point de vue animal, 2012). Or la littérature de langue française qui évoque des histoires animales depuis très longtemps également, a continué de le faire aux XXe et XXIe siècles – notamment en s’inspirant de l’histoire naturelle : il est vrai qu’elle conjugue descriptions et récits, l’attachement au passé et la curiosité du présent, le goût des singularités et des mystères. On sait que Jules Renard, avec ses Histoires naturelles, reprit le flambeau de façon à la fois ironique (par le passage au pluriel) et très consciencieuse (puisqu’il fut respectueux de l’œuvre de Buffon au point d’y vérifier la pertinence de ses propres portraits). Et d’autres auteurs moins connus, au début du XXe siècle, ont prétendu faire œuvre de « naturalistes », en particulier sous la bannière de la collection « Les livres de nature » créée par Jacques Delamain chez Stock en 1928, une collection que reprendra Jacques Lacarrière (« Collection nature », 1990). Les références ou les emprunts au genre pourront être plus distanciées chez d’autres écrivains français – de Giono à Chevillard – mais elles persistent jusqu’à aujourd’hui. Dans le cadre du programme « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) » soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche, et après nous être interrogé sur « Le roman rustique animalier : humains et animaux dans les récits ruraux de langue française » (Colloque international, 14-16 novembre 2012), nous aimerions à présent initier une réflexion collective sur les échos de l’histoire naturelle dans les récits de langue française des XXe et XXIe siècles. Il s’agira – concernant l’approche et le traitement des animaux – de mesurer les formes d’influence de cette science passée, d’en comprendre les raisons, les enjeux et les limites, et d’évaluer l’apport de la littérature. Les jeux entre objectivité et subjectivité, véracité et transformation fictionnelle/poétique, distance et proximité, savoir scientifique et savoir empirique seront considérés avec attention. Proposition de communication (un titre + 200-250 mots) à adresser à Alain Romestaing (alain.romestaing@parisdescartes.fr) ou Alain Schaffner (alain.schaffner@univ-paris3.fr). Date limite : 30 juin 2013 Comité scientifique : l’équipe du programme « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) ».
↧