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Science et sociétés du savoir au Québec et dans la Francophonie

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Science et sociétés du savoir au Québec et dans la Francophonie Globe: revue internationale d’études québécoises sollicite des propositions d’articles en vue de la préparation d’un numéro thématique consacré au rôle de l’institution scientifique dans l’avènement d’une société du savoir au Québec. L’UNESCO, dans son rapport Vers les sociétés du savoir (2005), a proposé un idéal inspirant, celui de société du savoir. Une société qui aspire à devenir une «société du savoir» met en place des institutions et des politiques publiques favorisant l’accès du plus grand nombre à la connaissance et à la pensée critique éclairée, ainsi que l’utilisation optimale des savoirs scientifiques pertinents (issus des sciences naturelles, exactes, humaines ou sociales) dans les pratiques. Loin de privilégier la pensée unique, une société du savoir mise sur la valorisation de la pluralité et de la complémentarité des savoirs qui y coexistent (savoirs scientifiques – de toutes les disciplines —, savoirs techniques, traditionnels, pratiques, expérientiels, créatifs), le partage libre et sans contrainte des connaissances savantes et prend au sérieux les fractures sociales qui privent des citoyens de l’accès au savoir le plus élémentaire (littératie). L’Alliance mondiale pour la recherche au service de la communauté a proposé à Rio +20 une Déclaration en ce sens qui affirme «que le droit à l’apprentissage, le droit à la connaissance, le droit à la production de connaissances, et le droit d’accéder à la connaissance constituent des droits inaliénables pour tous». Ce numéro de la revue Globe vise à mettre au jour le rôle que joue ou pourrait jouer la science dans la réalisation de cet idéal au Québec et dans la francophonie canadienne et internationale. À première vue, le rôle de l’institution scientifique (organisations, acteurs, pratiques, discours, ressources, connaissances) dans une société du savoir paraît crucial: nourrie par la théorie, l’expérimentation ou la collecte de données, l’institution scientifique crée et diffuse publiquement les connaissances qui seront ensuite transmises à toute la société par le système d’éducation et les médias. Elle peut être un lieu fertile d’innovations qui transformeront les conditions d’existence. Ce pouvoir lui impose la responsabilité sociale de respecter, protéger et diffuser tous les savoirs imaginés et accumulés par l’humanité, de viserl’universel de manière inclusive. Mais cet idéal doit composer avec de nombreuses contraintes. En premier lieu, il affronte le modèle de l’économie du savoir proposé par l’OCDE en 1996 dans son rapport L’économie fondée sur le savoir et qui domine désormais la plupart des politiques scientifiques nationales. Ce modèle propose de considérer la recherche scientifique et l’innovation qu’elle génère principalement comme un outil de développement de la compétitivité économique du pays. Quand l’État considère le savoir comme un capital ou une marchandise et qu’il privilégie les sciences exactes appliquées et les partenariats avec le secteur privé à but lucratif, que devient l’idéal de la société du savoir? Ce dilemme est très clair dans le cas des universités québécoises: sont-elles des marchés compétitifs dont les clients sont les étudiants et leurs futurs employeurs? Ou sont-elles un service public qui a pour mission première de former des étudiants parce que la société a besoin de citoyens instruits et conscients de leur responsabilité sociale (médecins, enseignants, journalistes, organisateurs communautaires, ingénieurs, écrivains, biologistes, juristes, informaticiens, etc.)? Le deuxième type de contrainte est d’un autre ordre, même si on peut considérer qu’il fait partie des conséquences du virage de l’économie du savoir. Il s’agit de la grave crise morale que traverse actuellement la pratique scientifique partout dans le monde, comme le montrent le nombre croissant de rétractations d’articles frauduleux même dans les plus grandes revues, le manque d’intérêt ou de confiance des décideurs dans les avis scientifiques, la fragilisation de l’autorité des organismes régulateurs (en sciences de la santé notamment), les difficultés des sciences sociales et humaines à maintenir leur financement public, les conflits d’intérêts individuels et institutionnels dans la recherche et l’innovation, le corporatisme et la domination d’un modèle unique de carrière scientifique, ainsi que la nouvelle "souffrance au travail" des chercheurs auxquels on demande une productivité accrue. Comment, dans un tel contexte, encourager les chercheurs à s’engager dans l’avènement d’une société du savoir? Et même tout simplement s’en soucier? Le troisième type de contrainte relève de ce qu’on peut appeler le «fossé» traditionnel entre la science et la société. Historiquement, la formation des chercheurs et la professionnalisation de leur «métier» les conduisent à privilégier le public de leurs pairs au détriment de la société en général (et, par exemple, à publier en anglais plutôt que dans la langue de leurs concitoyens). D’un autre côté, les citoyens hors de l’université (ou même les étudiants hors de leur discipline) se sentent incompétents face au savoir scientifique et n’osent que rarement s’engager activement dans la découverte d’un univers scientifique. Le mouvement actuel qui se dessine dans de nombreux pays en faveur d’une pratique scientifique ouverte et pour le développement de la «troisième mission» des universités peut-il constituer une voie fertile pour reprendre contact avec l’idéalde la société du savoir? La « science ouverte » valorise l’accès libre et gratuit à toutes les publications scientifiques, le partage des connaissances et la collaboration entre chercheurs plutôt que la compétition et la marchandisation des publications et des innovations. La «troisième mission» des universités les conduit à encourager et appuyer les relations concrètes entre leurs professeurs, leurs étudiants et la société civile afin que les savoirs des uns et des autres s’enrichissent mutuellement. Qu’en est-il dans la Francophonie canadienne et internationale? Quels sont les choix des gouvernements, des législateurs, des universités et centres de recherche et des chercheurs en matière d’«ouverture» de la science? Pour faire ce bilan, le numéro s’intéressera à plusieurs dimensions de la « science ouverte » dans toutes les disciplines (sciences sociales, humaines, naturelles, appliquées) et accueillera aussi des articles de synthèse: l’accès libre pour tous les internautes à toutes les publications scientifiques arbitrées par les pairs (revues gratuites ou dépôts institutionnels dans les universités) le partage des données de recherche la science collaborative (ou citoyenne) qui intègre des non professionnels de la recherche scientifique dans les projets de recherche la science2.0 qui regroupe les réseaux sociaux et blogues où s’expriment de plus en plus les chercheurs, y compris pour présenter et mettre en débat leurs hypothèses. La «néo-gratuité scolaire» sous la forme de cours à distance gratuits et ouverts à de grands nombres d’apprenants (MOOC) La transparence dans le débat public sur les politiques scientifiques (consultation, délibération, etc.) La responsabilité sociale des universités Ce numéro thématique sera dirigé par Florence Piron, professeure au Département d’information et de communication de l’Université Laval. La date limite pour soumettre une proposition de texte d’environ 250 mots est le 1er septembre 2013. Les personnes ayant soumis une proposition seront avisées si elles ont été retenues pour sélection le 15 septembre 2013. Les articles, d’une longueur de 20 à 25 pages à double interligne (pour un maximum de 8 000 mots notes comprises), devront être accompagnés d’un résumé de trois cent (300) mots, avec traduction anglaise, et acheminés à Globe: revue internationale d’études québécoises par voie électronique ( contact@revueglobe. ca) avant le 1er mars 2014. Ils seront soumis au processus habituel d’évaluation scientifique par les pairs. La publication de ce numéro spécial est prévue pour l’automne2014.

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