INTER-LIGNES N° 10
PRINTEMPS 2013
Que sont les Prix Nobel devenus?
L’attribution d’un prix littéraire fait toujours polémique, sans doute parce que la littérature, comme tous les arts, repose sur des critères soumis à la réception et par là-même à la subjectivité de chaque lecteur. À cela se greffent des considérations économiques, et donc d’influences, en raison des rivalités d’une maison d’édition à une autre. Certes, des oublis, des négligences ou des rejets ne contribuent pas totalement à la crédibilité de ces honneurs, si l’on se souvient pour simple exemple de la distinction tardive de Marcel Proust! Cependant, les nombreux prix littéraires distribués annuellement dans chaque pays permet un relatif équilibre et une reconnaissance globalement heureuse des nouveaux talents comme ce fut le cas du Testament français d’Andreï Makine, en 1995.
Il en va différemment pour ce qui est du Prix Nobel. D’une part, sa vocation internationale gomme en partie les rivalités éditoriales et, d’autre part, les critères retenus ne reposent pas sur les mêmes données. Rappelons que pour l’industriel suédois Alfred Nobel, sera distingué un écrivain qui aura fait preuve «d’idéalisme». il ne s’agit donc pas de récompenser un ouvrage mais une œuvre et plus encore la démarche éthique qui la sous-tend. Le terme «d’idéalisme» est à la fois ambitieux et problématique. Ambitieux, car la littérature n’est pas forcément soumise à ce type de référence, et problématique car «l’idéalisme» demeure complexe dans sa définition et pose la question de l’engagement littéraire qui n’est pas obligatoirement signe de qualité littérative. De plus, la variable de l’idéal/idéalisme peut, elle aussi, être remise en question. Le Prix Nobel doit-il reconnaitre une œuvre déjà célèbre et couronner ainsi un auteur faisant autorité, ou, au contraire, mettre en lumière des écrits de qualité mais qui demeurent confidentiels? Le champ linguistique entre en jeu car le lectorat mondial repose sur deux ou trois langues dominantes (anglais, espagnol, français),ce qui exclut d’autres idiomes (rappelons que Naguib Mahfouz est à ce jour le seul Nobel de langue arabe) et plus encore les langues mineures. L’Académie de Stockholm ne peut donc élire que des œuvres appartenant à un domaine linguistique européen ou encore suffisamment diffusées pour qu’une traduction soit accessible. Accorder un prix à Frédéric Mistral (provençal) à Kawabata (japonais) prend donc un autre sens que le couronnement de William Faulkner ou de Garcia Marquez.
Le choix apparait forcément dépendant de tous ces facteurs mais aussi de la situation politique internationale, comme c’est le cas de manière patente pour le Prix Nobel de la Paix. Aussi dans la longue liste des 108 prix attribués depuis 1901, bien des noms ont disparu de nos mémoires et leurs œuvres sont tombées dans l’oubli, tandis que d’autres rayonnent encore dans le monde entier et continuent à nourrir l’imaginaire des lecteurs et la création d’autres écrivains.
On l’aura compris, l’objet de ce numéro 10 d’ Inter-Lignes est de solliciter une réflexion autour de ce phénomène littéraire qu’est le Nobel et d’en examiner les liens avec le contexte socio politique des lauréats ainsi que l’amplitude donnée à leur œuvre après cette distinction et les influences exercées sur leurs successeurs (opposants/disciples).
Les articles proposés anonymement au comité de lecture devront comporter obligatoirement pour être pris en compte:
· au maximum 28 000 caractères ( sans les espaces mais avec les notes de bas de page et la bibliographie) et autant que faire se peut, s’intéresser à des auteurs dont les ouvrages demeurent méconnus (ou délaissés) en France.
· Un résumé (10 à 15 lignes maximum, suivi des mots-clés) rédigé en français en anglais et en espagnol.
· Une courte présentation de l’auteur (5 à 10 lignes)
Le comité de lecture retiendra quinze études et au moins 10 d’entre elles doivent être rédigées en français et porter sur des auteurs différents de manière à donner un éventail le plus large possible du devenir des Nobel des origines à nos jours.
Les textes seront adressés à
Bernadette Rey Mimoso-Ruiz
Directrice Inter-Lignes
Institut catholique de Toulouse
31, rue de la Fonderie
BP 7012
F 31068 TOULOUSE cedex 7
Oupar courrier électronique:
bernadette.reymr@wanadoo.fr
b.mimoso-ruiz@ict-toulouse.fr
La date limite d’envoi est fixée au 1 er février 2013.
Le comité de lecture se réunira immédiatement après la date butoir et les résultats communiqués dans les jours qui suivront.
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