Appel à communication pour le 2 ème colloque interdisciplinaire des têtes chercheuses Colloque les 12, 13 et 14 décembre 2013 à Lyon. Concurrence(s) Il suffit d’ouvrir les journaux d’actualité, de regarder les publicités, d’écouter les discours politiques et économiques pour se rendre compte que la notion de concurrence est partout. Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, le monde de la création n’est pas imperméable à cette course à la première place, que ce soit hier ou aujourd’hui. On ne peut l’ignorer depuis que Pierre Bourdieu a développé sa théorie du champ artistique défini comme un «champ de forces agissant sur tous ceux qui y entrent, et de manière différentielle selon la position qu’ils y occupent [...], en même temps qu’un champ de luttes de concurrence qui tendent à conserver ou à transformer ce champ de forces» [1] . Qu’un mouvement littéraire veuille en chasser un autre, qu’une théorie interprétative le dispute à une autre, qu’un traducteur remette en question la traduction d’une œuvre faite par un prédécesseur, que deux mises en scènes d’une même pièce fassent des choix radicalement différents, etc., la concurrence est bel et bien présente dans le monde artistique. Le colloque Concurrence(s) , organisé par l’association des Têtes Chercheuses les 12, 13 et 14décembre 2013, veut réfléchir à ces phénomènes dans les domaines des arts, des lettres, des langues et de la linguistique, tous siècles confondus, afin de donner à la notion une réelle profondeur historique. Mis en place par et pour des doctorants ou des jeunes chercheurs (ayant soutenu leur thèse depuis cinq ans maximum) il sera l’occasion de mêler les approches disciplinaires sur ce qui constitue sans doute un des moteurs de la création. Nous attendons des études de cas autant que des visions d’ensemble qui prennent un recul théorique pour analyser ces rapports de force qui sont au cœur du monde artistique. Pourront-être abordées les concurrences entre individus, écoles, mouvements, genres, théories d’analyses, etc. La concurrence peut aller de l’exercice ludique entre confrères à l’affrontement virulent. De la notion antique d’ aemulatio – imitation avec volonté d’égaler ou de dépasser un modèle respecté – à la rivalité ouvertement hostile qui est de l’ordre de la contestation, voire de l’éviction, quelles sont toutes les nuances que l’on peut observer dans la concurrence? La volonté de contester ce qui a été fait, la prétention de faire mieux ou tout simplement l’ambition d’une variation sur le même à partir de l’œuvre d’un confrère peuvent impulser la création d’une nouvelle œuvre. Dans quelle mesure la concurrence peut-elle apparaître comme le moteur même de la création? Cette relation de compétition de certaines œuvres entre elles invite à réfléchir sur la pratique de la reprise et sur l’écart. Elle suppose par exemple de repenser l’intertextualité, la citation, le pastiche, l’adaptation, etc. Pourquoi et comment la concurrence émerge-t-elle dans l’interstice entre ressemblance et dissemblance? Comment se dit-elle? De manière masquée ou ouvertement? La concurrence peut avoir pour enjeu l’établissement de hiérarchies. Palmarès dressés, champions défendus, jugements émis par les artistes sur leurs prédécesseurs ou sur leurs pairs, histoire des arts que les créateurs dressent à leur avantage sont autant de manières d’imposer des noms et d’en exclure. Les lieux de prédilection où cherchent à s’établir des hiérarchies sont divers. Manifestes et préfaces sont les plus courants, mais beaucoup de créations contiennent aussi une réflexion sur l’état du champ artistique et une prise de position concurrentielle. Comment s’établissent, se détruisent et se reconstruisent les hiérarchies artistiques? Quel rôle actif les artistes prennent-ils à cette mise en ordre du monde de l’art? Quels enjeux de pouvoir se dessinent? Cette concurrence peut également être orchestrée et promue par différentes instances. La reconnaissance accordée par les mécènes et les commanditaires, par les concours artistiques, par les salons, les prix ou les festivals, entraîne ainsi des hiérarchisations. Celles-ci émanent d’acteurs reconnus aptes à juger de la qualité d’une production. Des institutions comme l’École, l’Université, les Académies, etc. y participent également et les médias s’invitent aussi parmi les arbitres. La concurrence peut alors être considérée comme un jeu institutionnalisé qui reconnait la valeur supérieure de certaines œuvres et leur octroie de ce fait un statut à part. Par l’obtention d’une récompense, les lauréats accèdent à une position légitimée, leurs travaux devenant ainsi des références. Comment ce processus institutionnel, lui-même traversé par des rapports de force, marque-t-il la production? Quel est son impact? Les hiérarchies institutionnelles coïncident-elles avec celles défendues par les artistes ou hommes de lettre? En quoi influencent-elles la réception? Modalités Autant de pistes possibles, non exhaustives, que nous vous invitons à explorer. Chaque proposition, en français ou en anglais, ne devra pas excéder les 500mots et sera accompagnée de la fiche de renseignements dûment complétée (à télécharger sur le blog de l’association: http://teteschercheuses.hypotheses.org/ ). Le fichier sera envoyé au format .doc. Nous n’acceptons qu’une proposition par intervenant. Il sera demandé aux communicants sélectionnés d'adhérer à l'association des Têtes Chercheuses (10 €). Date limite d’envoi : le 30avril 2013 , à teteschercheuses.colloque2013@gmail.com . [1] Bourdieu Pierre, «Le champ littéraire», in : Actes de la recherche en sciences sociales , sept.1991, p.4-5.
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