Colloque international sur les poésies américaines contemporaines, Le souffle long ... / The long breath ... / De largo aliento... 14-15-16 mars 2013 à l'Université de Toulouse-Le Mirail. S’il est certain que la poésie contemporaine aime à jouer sur le mode mineur du fragment, du silence ou de l’éclat de vers, il n’en reste pas moins que les poètes américains contemporains ont également posé d’autres mesures, plus amples, au long de ce dernier siècle. Qu’elle soit hispanophone, anglophone ou francophone, cette poésie exhibe des textes qui dépassent la norme de la forme brève qui, elle, se heurte au mieux aux quatorze vers du sonnet. Fulgurances, esquisses ou encore cris, ces formes brèves, représentées à l’aune d’une modernité marquée par la vitesse, l’accélération ou la fusion, font le bonheur d’une critique littéraire elle-même parfois bien empressée. A rebours de cette tendance, nous souhaitons nous attacher à ce que l’on appelle le poème long et le considérer dans ses versions les plus contemporaines où il continue à dépasser la page, voire à devenir ouvrage à part entière. Il est indéniable que ce long métrage (poème long / poema extenso / long poem), peu examiné par la critique littéraire actuelle, met les poètes face à de nouveaux défis, le premier étant sans doute celui d’une certaine endurance, la même endurance que nécessite à son tour de qui lit et de qui analyse. Un même goût de l’aventure, également, à l’heure où les temporalités discursives se comptent en secondes (d’antenne), en lignes (de communiqués), et où l’aïku n’a jamais été autant célébré par les anthologies. Une des questions qui nous occupera tient sans aucun doute à la définition même de ce qu’est un poème long, définition pour laquelle de nombreux poètes se sont déjà exprimés, jouant sur la relativité du nombre (Octavio Paz), ou sur la « simple succession de poèmes brefs » (Edgar A. Poe), entre autres exemples. Cette tradition, qui remonterait à Dante et à la Divine Comédie, est largement vivifiée dès la fin du XIXème siècle par des poètes français comme Stéphane Mallarmé ou Blaise Cendrars, ou américains comme Walt Whitman, Vicente Huidobro, José Gorostiza ou encore T.S. Eliot. Ce que l’on appelle aussi macro-poema peut donc se lire à différents niveaux : celui des retrouvailles avec des formes revisitées, ainsi en va-t-il de la silve ou du romance ; celui d’une liberté métrique et rimique recouvrée, créant de nouvelles attentes visuelles et sonores ; celui d’un nouveau tramage offert à une épopée qui reconquiert les lettres de noblesse de la « patria de tercera » (patrie de troisième classe) à laquelle rendent hommage, par exemple, les Nicaraguayens, Pablo Antonio Cuadra et Ernesto Cardenal en tête. Loin de s’attacher à évider le vers, les poètes le dévident, jouent de son extension, amplifient son intensité le déroulant à l’infini vers des formes de poéticité et de narrativité renouvelées. Les grands espaces de ces compositions, loin de couper le souffle aux poètes contemporains, leur offrent une ampleur où élaborer une réflexion sur le monde et sur l’humain, et où tenir en haleine leur lecteur. Une extension non exempte de tensions entre lyrisme et épique. Sans volonté de nous écarter des grandes figures américaines citées dans les paragraphes précédents, il nous semble opportun d’ouvrir les lectures du poème long à des poètes moins étudiés et de faire de ce colloque un lieu de rencontre avec d’autres corpus, d’autres voix importantes de la poésie contemporaine américaine. Ainsi, peut-on penser à des poètes comme le Chilien Pablo de Rokha (1894-1968), l’Étasunien Robert Frost (1874-1963), le Péruvien Martín Adán (1908-1985), le Dominicain Pedro Mir (1913-2000), le Mexicain Octavio Paz (1914-1998). Mais aussi à des poètes vivants comme Ernesto Cardenal (Granada, Nicaragua, 1925), José Emilio Pacheco (Mexique, 1939),Tino Villanueva (Texas, 1941) ou Cristina Rivera Garza (Mexique), parmi beaucoup d’autres. Ce colloque sera pour nous l’occasion d’ouvrir également nos réflexions à un environnement du poétique non négligeable lorsque l’on parle de poème long : celui de la mise en voix et donc de la performance ; celui de la traduction et de l’édition, traditionnelle ou informatique ; celui de la réception académique et de la place concédée à la poésie d’une façon plus générale. Ces aspects, tous considérés depuis les perspectives de la recherche, constitueront autant d’ouvertures vers un public plus large. Nous prévoyons des « créations » (Atelier d’artiste à prévoir pour 2013) et des activités à La Fabrique, à l’Institut Cervantès et dans les librairies Terra Nova et Etudes, qui seront un autre vecteur de compréhension et de diffusion de la poésie américaine contemporaine, hors de la salle du colloque, sur le campus et au centre ville de Toulouse. poème long vs poème court ? quels outils d’analyse pour le poème long ? vers d’autres récits fondateurs : nouvelles nations = nouvelles histoires ? mesure / maîtrise / mètre. d’autres usages ? (typographie / découpage / montage / collage, etc.) quels liens entre traditions poétiques américaines ? quels nouveaux espaces pour la voix ? des voix : un nouvel espace du dialogue ? théâtralisation du vers. de la poésie conversationnelle. excès / écart / monstruosité : quelles relations aux modèles ? revisiter des formes : églogue / élégie / ode / prière / romance / silve / oraison, etc. quels rapports avec la poésie mystique ? quels supports, avec quelles exigences ? (anthologies / internet > vidéo, etc). Programme: Jeudi 14 Mars Bibliothèque d’Études Méridionales 13h30 : Accueil 14h00 : Ouverture du colloque par Jean-Michel Minovez, Président de l’Université de Toulouse II-Le Mirail Présidence de séance : Modesta Suárez (Université de Toulouse II-Le Mirail) 14h15 : Conférence Plénière : José Acquelin (poète, Québec) : Le poème long porte au loin 15h15 : Pause 15h35 : Alain Sicard (Université de Poitiers) : La forma larga – El caso Neruda 16h00 : David L. Moore (University of Montana, États-Unis) : ‘the bones of this nation will mend’: A Native American Revisionary Epic 16h30 : Wendy Harding (Université de Toulouse II-Le Mirail) : Marilyn Nelson’s A Wreath For Emmett Till: A Long Poem That Is Not One 16h55-17h30 : Débat 18h30 : Instituto Cervantes : Conversatorio / lectura con Eduardo Chirinos y Víctor Rodríguez Núñez Vendredi 15 Mars Maison de la Recherche Salle D29 Présidence de séance : Nathalie Cochoy (Université de Toulouse II-Le Mirail) 9h30 : Conférence Plénière : Daniel Vives (Université de Rouen) : Poème sans limites ? Poème sans réponses / ¿Poema sin límites? Poema sin respuestas 10h35 : Jacques Darras (poète, essayiste, traducteur) : Laissez-nous le temps de souffler ! 11h00 : Eduardo Chirinos (poète, University of Montana, États-Unis) : El poema largo y sus alrededores: un acercamiento a las estrategias de Altazor, Muerte sin fin y Piedra de sol 11h25 : Pause 11h45 : Gema Areta (Universidad de Sevilla, Espagne) : Virgilio Piñera: el peso de una isla 12h10 : Débat 12h45 : Déjeuner salle D28 Présidence de séance : Clément Oudart (Université de Toulouse II-Le Mirail) 14h00 : Le poème long : virages et rivages. Débat avec Jacques Darras (poète, traducteur et éditeur de Inuits dans la Jungle), Jean Portante (poète, traducteur et éditeur de Inuits dans la Jungle), Anthony Clément (éditeur de Délit Éditions et libraire) 14h50 : Dante Barrientos Tecún (Aix-Marseille Université) : El poema de largo aliento en la poesía centroamericana: transgresiones, interdisciplinariedad, polifonías 15h15 : Nathalie Galland (Université de Bourgogne) : Entre, l'étendue intime. Ese espacio ese jardín de Coral Bracho 15h40 : Pause 16h00 : Enrique Flores (Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique) : Etnobarroco y alucinación: el Auto sacramental del Santo Daime 16h25 : Serge Pey (poète, CIAM, Université de Toulouse II-Le Mirail) : Poème long, lyrisme et vision. Le poème hallucinogène des Indiens huicholes 16h50-17h20 : Débat 17h30 : Librairie Études : Le poème long et ses alentours Présentation de livres et lectures avec les poètes et critiques José Acquelin / Eduardo Chirinos / Jacques Darras / Enrique Flores et Serge Pey / Anthony Stanton Samedi 16 Mars Maison de la Recherche Salle D29 Présidence de séance : Alain Sicard (Université de Poitiers) 9h30 : Hélène Aji (Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense) : Poésie moderniste - Poésie concrète - Poésie conceptualiste : un aller-retour entre les USA et le Brésil 9h55 : Jean Portante (poète, Inuits dans la jungle, Paris-Luxembourg) : Le travail du poumon ou si le poème long n'existait pas ? 10h25 : Víctor Rodríguez Núñez (poète, University of Kenyon, États-Unis) : Cruzar al otro lado de la noche o la práctica del “poema de largo aliento” 10h50 : Débat 11h15 : Pause 11h30 : Conférence Plénière : Anthony Stanton (Colegio de México, Mexique) : Teoría y práctica del poema largo en Octavio Paz 12h30 : Conclusions 12h45 : Buffet salle D28 Affiche , programme et fiche d'inscription consultables sur : Colloque international sur le poème long Cordialement. Le comité d'organisation du colloque Laboratoire Framespa / équipe CAS / Séminaire POP.
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