Appel à communications Les relations entre le monde des choses et le monde des idées, entre le réel, les mots et les idées, les modes de connaissance et les modes d’expression ont eu trait à des concepts universels tels que le Vrai, le Beau et le Bien, mais aussi, à ceux de la certitude, à la «vérisimilitude», à la vraisemblance, aux univers de croyance, aux mondes possibles et à l’ assertion. Ceux concepts ont tous questionné les frontières entre la réalité, l’effet de réel et la fiction, entre «l’être vrai» et «le faire vrai». Aujourd’hui la littérature ne cesse de saisir le réel et de l’inscrire dans la fiction, de fabriquer des vérités à l’air fictionnel, des fictions à l’air vrai et de faire coexister des mondes possibles hétérogènes en vue de déstabiliser les relations entre le factuel et le fictionnel. Pour ce faire, des systèmes complexes de fonctionnalisation, des rhétoriques discursives variées sont mis en place dans les textes. Des marqueurs, des intertextes, des témoignages, des données riches et variées, parfois même scientifiques, ainsi que des éléments magiques sont inclus dans les productions (littéraires, journalistiques ou filmiques) afin d’estomper les frontières entre le récit objectif, le récit historique et le récit fictionnel. La recherche des stratégies (discursives, narratives, audiovisuelles…) capables de «faire vrai» ou, au contraire, de subvertir les discours de vérité, rend les effets de miroir des plus variées et des plus complexes. Par ailleurs, la présence de la littérature dans la presse et vice-versa, ainsi que les rapports intimes que l’histoire et l’art entretiennent, sont, en partie, la conséquence directe de la double fonction de leurs acteurs principaux, qu’ils soient des journalistes, des essayistes, des historiens, des scientifiques ou des intellectuels engagés. Provenant d’horizons divers, ces professionnels de la culture sont de personnalités dotées d’une grande originalité créatrice, laquelle, favorise le dépassement des clivages entre le réalisme fictionnel ou la fiction réaliste. Tout cela nous oblige à repenser les interactions entre «l’être vrai» et «le faire vrai», puis, entre l’univers référentiel et la fiction, lorsque le réalisme devient un nouveau mécanisme de production de l'effet de fiction, ou réciproquement, lorsque la vraisemblance fictionnelle affranchit les créations des contraintes du réalisme sans pour autant le détacher complètement du monde référentiel. D’autre part, alors qu’«être vrai» pourrait être restreint aux domaines empiriques et scientifiques, aux théologies et aux nouveaux idéaux dans leurs absolus théoriques, ou encore, aux normes morales qui en découlent, faut-il admettre que «faire vrai» ou «vivre le vrai», même sur Internet, sont devenus les codes ou les modes d’existence de notre temps? Si le «faire vrai» cherche des ancrages dans les dimensions du vécu et chez l’individu, sources et référents de réalité, sans pour autant se refuser -les romantiques, puis Baudelaire l’avaient déjà annoncé-, à toute expérience sensible, ultrasensible, puis, de nos jours, virtuelle. Quels sont les stratégies et les outils de la reproduction et de la représentation pour le « faire vrai » qui ont été aujourd’hui mis en place? Les communications pourront porter sur la pertinence du concept de vérité, sur les rapports entre vérité, certitude, «vérisimilitude», vraisemblance, réel, la mimésis, les illusions référentielles, l’univers de croyance, assertion, mais aussi sur le devenir des grands universels – le Vrai, le Bien, le Beau- dans la culture et l’art contemporains. Devraient faire également l’objet de nouvelles analyses des concepts traditionnels tels que les images, l’ekphrasis, l’autonomie de la création littéraire et les contraintes génériques; ou encore, des outils plus contemporains tels que la construction des mondes possibles, les règles de véridiction, les pactes de lecture, les conventions littéraires et les relations entretenues entre le champs de référence externe et interne (Harshaw). Quel serait le poids de mesure permettant de dissocier les nouvelles tendances subvertissant les anciens réalismes en tant que fabriques de vérité? Existent-ils des composantes fondamentales –discursives, argumentatives, linguistiques… – mises en place dans les systèmes à dominante réalistes substantiellement différentes de ceux à dominante fictionnelle? S’agit-il des phénomènes d’identification, d’adhésion et de reconnaissance de plus en plus exigés par des lectorats médiocres ? Les analyses pourront proposer un traitement particulier des stratégies -discursives, argumentatives et logiques…– et des outils – stylistiques et linguistiques – qui font de l’œuvre un miroir de la vérité/des vérités. Une attention particulière pourra être portée aux ajustements, à l’auto-correction et à la construction des dialogues «vrais». Un travail sur la comparaison pourra être fait entre textes de fiction et textes ayant pour but de rapporter la vérité: presse, essais, récits historiques, de voyage, témoignages et formes hybrides («docufiction»). Les langues du colloque seront le français, l’espagnol et l’anglais. Modalités de soumission Date limite de soumission des résumés: 28 février 2013. Nous vous invitons à soumettre un résumé en français, espagnol ou anglais d’une page maximum (environ 3000 signes), exemples et références bibliographiques compris. Les propositions seront examinées anonymement par le comité scientifique. Elles sont à envoyer, sans mention du nom de l’auteur ou des auteurs, par courriel en fichier attaché (.doc ou .pdf) aux adresses suivantes: lola.thion@univ-pau.fr, jean.albrespit@univ-pau.fr Préciser dans l’objet du message: «Colloque L’œuvre au miroir de la vérité». Indiquer dans le corps du message le nom de l’auteur ou des auteurs, le titre de la communication, l’affiliation et l’adresse électronique.
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