«Guerres et paix civiles (mondes anciens et contemporains)» CENTRE D’HISTOIRE DES SOCIÉTÉS, DES SCIENCES ET DES CONFLITS (EA 4289) de l’Université de Picardie-Jules Verne (Amiens) en partenariat avec TRAME (Texte, Représentations, Archéologie, Autorité et Mémoire de l’Antiquité à la Renaissance) de l’UPJV 21-22 novembre 2013, Logis du Roy (Amiens) Colloque international, pluridisciplinaire (histoire, géographie, histoire de l’art, droit, philosophie, sociologie, lettres), trans-périodes, organisé par Olivia CARPI, MCF en histoire moderne et Philippe NIVET, PR en histoire contemporaine, directeur du CHSSC Argumentaire : Depuis une vingtaine d’années, l’après-guerre, l’entre-deux-guerres, les entrées et sorties de guerre font l’objet d’une réflexion historiographique et épistémologique approfondie. Les problématiques abordées sont très variées, relatives à la «culture de guerre», à la mobilisation et à la démobilisation, aux «traces de guerre», à la pacification, à la stabilisation, à la normalisation, au retour et à la réincorporation/réintégration, à la reconstruction, à la réconciliation, aux productions mémorielles. Cependant, à de rares exceptions près, ces travaux portent surtout sur la période contemporaine (XX e et XXI e siècles), en particulier sur les deux guerres mondiales, ce qui s’explique en partie par le caractère récent et traumatique de ces conflits, sur lesquels on dispose, de surcroît, d’une abondante documentation. D’autre part, ces investigations s’attachent principalement aux conflits interétatiques et internationaux ou «guerres étrangères», comme on disait autrefois, et beaucoup moins aux guerres intra-étatiques ou «domestiques, intestines», sauf, là encore, dans le cas de l’époque contemporaine avec une activité de recherche soutenue sur les conflits qui ont marqué différents pays d’Europe, du Proche et du Moyen-Orient, d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine. Dans ce cas, les problématiques abordées sont celles des transitions politiques, du rapport au passé (commissions de vérité et de réconciliation, pardon, repentance), du traitement des crimes de guerre (amnistie, réparation, justice transitionnelle, œuvre de la Cour pénale internationale), du «vivre ou revivre ensemble». Toutefois, la guerre civile n’est pas l’apanage du monde contemporain, bien que l’on éprouve parfois quelque réticence à qualifier ainsi certains conflits d’un passé reculé, en raison, peut-être, d’une dépendance excessive envers une définition trop étroite du terme, dictée par le droit international, ou de la mise en avant d’un lien consubstantiel entre guerre civile et État-Nation. L’intérêt de ce colloque sera donc, en premier lieu, de fournir l’occasion de préciser et de nuancer cette notion de guerre civile et, ce faisant, de contribuer à lever le discrédit qui l’entache, imputable à des considérations idéologiques et morales qui pèsent encore lourdement sur notre perception des faits. Par ailleurs, la notion de paix civile est aujourd’hui au cœur des préoccupations des contemporains, confrontés à la multiplication de conflits intérieurs d’une violence inusitée, ou tout au moins à l’aggravation des tensions politiques, sociales et religieuses, sous l’effet d’une crise économique globale et du développement d’une civilisation multiculturelle, induits par la mondialisation. C’est pourquoi ce colloque se propose de réunir des représentants des disciplines relevant du domaine des «humanités» autour du thème «guerres et paix civiles». Plus précisément, il s’agit de se pencher sur les concepts d’entrée et de sortie de guerre civile et sur les rapports dialectiques qu’entretiennent ces deux réalités ambivalentes et complémentaires, appréhendées dans leur diversité spatiale et chronologique et dans une perspective comparatiste. L’objectif de cette rencontre scientifique est, en effet, de tâcher de comprendre, à travers des études de cas, comment une société est saisie par la guerre civile et comment elle s’en extrait, comment la paix civile est brisée ou reconstruite et maintenue. On se concentrera surtout sur ce passage d’un état à un autre, qui forme à la fois une temporalité spécifique et décisive voire paroxystique, mais aussi un processus complexe, impliquant toute sorte de protagonistes, faisant interagir de multiples facteurs et produisant des situations très variées en termes de conflictualité et de pacification, qui ne se réduit pas à la cessation des hostilités et au retour à l’ordre. Ainsi, dans la perspective qui est celle des Peace and Conflict Studies , on se demandera dans quelle configuration politique, sociale, économique, religieuse et culturelle s’opère ce passage de la paix à la guerre civiles, et réciproquement. On tâchera également d’identifier les artisans de ce processus, hommes et femmes, individus et groupes sociaux, élites et masses populaires, civils et militaires, membres de corps constitués ou non, États «nationaux» et étrangers, étant donné la propension marquée des conflits civils à s’internationaliser. On s’intéressera aussi aux rapports que peuvent entretenir ces fauteurs de guerre et de paix civiles, dont la collaboration/coopération ou, au contraire, la concurrence voire l’incompatibilité conditionnent largement l’efficience de leurs stratégies respectives, même si celle-ci dépend largement, au demeurant, du degré de consentement/adhésion ou de résistance des populations concernées voire tout simplement de leur conscience de ce qui est en train de se passer. De même, on s’interrogera sur l’outillage mental des acteurs de cette transition, sur l’existence, chez eux et chez les autres, d’une culture de guerre et d’une culture de paix civiles, et sur la teneur de celle-ci. Enfin, on examinera les instruments auxquels ces derniers recourent pour parvenir à leurs fins, traditionnels ou innovants, institutionnels, juridiques, judiciaires, conceptuels, rhétoriques, rituels, artistiques, et on s’efforcera d’évaluer le caractère performatif de ces pratiques et de ces discours. Contact: olivia.carpi@u-picardie.fr Date limite de dépôt des propositions de communication (avec résumé d’une page maximum mentionnant l'université ou l'organisme de recherche de rattachement): 1 er mars 2013
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