Saussure déposerait-il un projet ANR?
Par cette question qui fait écho à de multiples initiatives en France et à l’étranger (Sauvons la Recherche, Pour une Slow Science, Appel de Harvard, Pour des Universités à la hauteur de leurs missions, etc.) nous voudrions échanger sur la nécessité d’une articulation équilibrée entre recherches individuelles et collectives. L’objectif n’est pas de s’emmurer dans une posture provocatrice ni de se satisfaire d’oppositions stériles entre individu et collectif. Il va de soi que les démarches collectives, les injonctions institutionnelles pour des recherches en équipe, autour de thématiques prédéfinies correspondant aux besoins des institutions, sont pleinement légitimes dans leur principe. Mais la question n’est pas tant d’opposer que d’articuler, dans une conjoncture caractérisée, ces dernières années, par la montée en puissance des gestions managériales de la recherche et par la canalisation excessive des stratégies de «recherche et d’innovation» par l’État.
Dans ce contexte, quelle place réserver aux travaux personnels, aux recherches transfrontières, aux choix intellectuels qui ne sont pas dans l’air du temps et qui pourtant sont susceptibles de faire avancer les choses? Ces questions concernent tous les chercheurs, quel que soit leur statut. Elles se posent avec une acuité particulière pour les jeunes. Peut-on vraiment mener une recherche personnelle en dehors des sentiers battus quand on est confronté à un statut précaire, à des financements non pérennes? Pour les uns et les autres, se pose la question des financements, des congés, des promotions, de l’évaluation, qui se font souvent au profit des logiques collectives. Certes, le CNRS, le CNU n’ont pas nécessairement les mêmes critères que les établissements ou l’AERES, mais quelle part accorder aux démarches individuelles, à l’appréciation qualitative? D’autant que ces démarches s’accompagnent d’initiatives et d’échanges, en dehors des cadres collectifs institutionnels, et qu’il y a une dimension universelle de la recherche, dépassant les intérêts à court terme, parfois divergents, des institutions.
Bref, comment optimiser les bonnes pratiques et atténuer les effets des mauvaises (compétition, concentration, course au quantitatif avec publications de résultats prématurés, redondants, formatage, etc.), comment faire une bonne recherche (et même une recherche excellente) avec des chercheurs reconnus, incités à la prise de risque, tout en bénéficiant d’un statut et de libertés? Comment chercher (et trouver) sans passer un temps de plus en plus considérable à des montages de projets, des rapports intermédiaires, des bilans finaux, des évaluations?
Autant de questions cruciales pour l’ensemble de la communauté des chercheurs et enseignants-chercheurs, bien au-delà des Sciences du Langage. C’est ce qui conduit le bureau de l’ASL à organiser une table ronde avec un certain nombre de chercheurs représentatifs d’une diversité de pratiques et d’expériences dans la recherche et son administration en SDL, dans ou hors des institutions.
Table ronde le vendredi 18 janvier 2013 ,
Amphi Durkheim [1] , en Sorbonne, de 14h30 [2] à 16h30
Isabelle BRUNO, Université Lille 2
Loïc DEPECKER, Université Paris 3
Franck NEVEU, Université Paris 4
Sylvie PLANE, Université Paris 4
Alain RABATEL, Université Lyon 1
Dan SAVATOVSKY, Université Paris 3
Les interventions seront suivies d’un dialogue avec l’assistance.
Immédiatement après la table ronde, l’ASL tiendra son Assemblée Générale annuelle, qui sera suivie d’un pot de l’amitié.
[1] Entrée 1, rue Victor Cousin, 75005, Galerie Claude Bernard (2 ème à droite), au bout de cette galerie escalier à gauche. L’amphithéâtre sera fléché.
[2] Accueil à partir de 14h15. La table ronde commencera à 14h30.
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