Archives
Dossier principal des numéros 13 et 14 de la revue Écrire l’histoire (printemps et automne 2014)
Appel à contribution
La revue Écrire l’histoire prépare pour le printemps et l’automne 2014 un dossier sur Les archives . Il comportera comme les dossiers précédents dans chacun de ses volets six ou sept articles, un entretien, une traduction, et deux ou trois «lectures» le concernant. Le dossier complémentaire aura pour thème «Les ouvriers de l’oubli».
Premier volet: «Définir les archives / définir l’archive»
Il s’agit, dans une perspective épistémologique, de cerner une définition des «archives», par opposition à «document» mais aussi à «archive» au singulier, trace, empreinte, vestige, etc.... Dans un contexte de dilution des emplois du terme «archive(s)», cette investigation semble nécessaire non pour résister aux évolutions de la langue mais pour les mettre à distance afin d’en comprendre les enjeux. L’hypothèse première est que cette diffusion ou dilution hors de l’institution des Archives tient à des pratiques concrètes de collection, qui mettent en jeu les fonctions des «archive(s)», à partir de la mise en concurrence, au XIX e siècle, de leurs usages administratif et historique, et la délimitation de ce qui peut, ou doit être conservé du présent comme passé du futur. Dans la mesure où le développement de la science historique a tendu à vouloir l’imposer comme dépositaire de l’essence et du sens des archives, en concurrence avec les institutions de conservation, ce premier numéro pourra accueillir toute étude de ce qui a pu et peut rapprocher et/ou différencier les Archives des bibliothèques et les archivistes des historiens d’une part, des documentalistes d’autre part. On pourra s’interroger sur la manière dont les sciences «dures» – la géologie notamment –, les sciences sociales «sans archives» – archéologie, sociologie, linguistique, psychologie, psychanalyse –, la littérature, la philosophie et les arts, ont pu s’approprier (ou détourner, ou récuser, ou transformer de fond en comble) le modèle élaboré par l’archivistique et l’histoire, et ce jusqu’à l’archéologie foucaldienne, le «mal d’archive» derridien, ou la notion de «trace» chez Ricoeur et leur rapport à l’archive au singulier. Enfin, on pourra s’interroger sur les incidences des mutations techniques du support des archives (textuels, iconiques, sonores, filmiques, numériques) sur leur définition.
Deuxième volet: «Conserver /détruire les archives»
La démarche de conservation se place intuitivement au cœur de la démarche d’archivage, mais ne peut se comprendre sans les gestes de collecte et de tri en amont, de communication en aval. De manière analogue, l’usage des archives ne peut plus guère s’arrêter à leur lecture critique, mais prend toujours davantage en compte leur historicité, le destin qui les amené devant le lecteur. On s’interrogera ici tout d’abord sur la dialectique entre manque et trop plein d’archives et leur influence sur l’écriture de l’histoire: archives détruites intentionnellement, mises au secret, déplacées par les États autoritaires ou coloniaux, archives perdues lors des petits et grands événements de la grande et de la petite histoire, des déménagements aux guerres, archives triées, mises au rebut, et, en miroir, excès d’archives lié à l’inflation bureaucratique et numérique. Dans la mesure où le développement de la science historique a été contemporain de l’essor d’un usage patrimonial du passé, et d’une diffusion de l’historicité dans l’ensemble des individus composant une société, on pourra s’interroger sur les rapports établis entre archives et autographes, collations privées et publiques des «archives» d’écrivains, d’artistes, d’hommes politiques, de simples particuliers ou leurs légataires, ayant conçu la conservation de leurs papiers comme un travail d’archivage, ou ayant à l’inverse souhaité laisser une mémoire, une postérité sans traces matérielles. Enfin, il s’agira de se demander comment l’absence, la destruction et/ou l’excès d’archives s’inscrivent dans l’histoire telle que portée par l’écriture romanesque – roman policier compris, la bande dessinée, les arts plastiques, le cinéma, que ce soit par le personnage de l’archiviste, la représentation des lieux d’archives, l’archive manquante ou retrouvée dans l’intrigue.
Les articles ne devront pas excéder 20000 signes, les lectures 7000. Les textes devront parvenir à la revue en novembre 2013 . Les propositions de contribution sont à remettre au comité de lecture en janvier 2013 par l’intermédiaire de Claude Millet (claude-e-millet@wanadoo.fr) et de Sophie Coeuré (sophie.coeure@univ-paris-diderot.fr).
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