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Quand le West/ern rencontre le South/ern

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APPEL A COMMUNICATIONS / CALL FOR PAPERS QUAND LE WEST/ERN RENCONTRE LE SOUTH/ERN WHEN THE WEST/ERN MEETS THE SOUTH/ERN COLLOQUE INTERNATIONAL / INTERNATIONAL CONFERENCE The Great Train Robbery est souvent cité comme le premier western de l’histoire du cinéma, vu la manière dont ce film d’Edwin S. Porter met en place maints motifs et types westerniens que l’on retrouvera dans les westerns ultérieurs. Devant l’intérêt suscité par The Great Train Robbery , on se demande pourquoi Uncle Tom’s Cabin , un autre film de Porter, sorti également en 1903, et qui introduit le spectateur à un univers explicitement sudiste, a fait l’objet de beaucoup moins d’intérêt, au point d’être souvent «oublié» de la filmographie de Porter. Pourtant, cette première adaptation du roman de Harriet Beecher Stowe (1852) met déjà en évidence bon nombre des motifs, tropes et schémas scénaristiques fondateurs d’un genre «southern», terme proposé par Larry Langman et David Ebner dans Hollywood’s Image of the South : A Century of Southern Films (2001). Les raisons de cette absence de reconnaissance seraient-elles à chercher dans les difficultés du Sud états-unien, imprégné de ses « institutions particulières », à offrir au cinéma de la matière à fiction suffisamment illustre dans le sens étymologique de ce terme ( illustris : 1. «clair, éclairé, bien en lumière»; 2. «clair, éclatant, manifeste; brillant, marquant») ? Peut-être, mais il y a bien d’autres raisons pour la prééminence des westerns qui semblent résonner avec la rhétorique de la découverte et de la conquête, alors que le southern, perçu plutôt comme un «mauvais genre», se focalise sur le perdu et sur l’obscur, en visitant les pages plus sombres de l’Histoire américaine. S’il serait difficile d’évoquer les westerns et les southerns sans poser la question des ancrages historiques et des périmètres génériques, on ne pourrait ignorer les manières dont ces genres filmiques interagissent avec les icônes et les grands récits américains. A l’instar de l’Ouest américain, l’espace référentiel nommé « South » a été recréé maintes fois à l’écran avec ses typologies et esthétiques symptomatiques. En 1915, avec le techniquement et esthétiquement ingénieux, mais idéologiquement intolérable The Birth of a Nation de D. W. Griffith, le film sudiste prouve son potentiel comme un action movie qui n’a rien à envier aux westerns. Un quart de siècle plus tard, Gone with the Wind (1939), un autre film matriciel, animé par ses propres glorifications et gommages historico-culturels, confirme le pouvoir mélodramatique exercé par le cinéma sudiste lors des reconstructions d’un monde «emporté par le vent», mais toujours curieusement «dans le vent». A première vue, les différences entre l’Ouest et le Sud filmiques, deux espaces à la fois réels et fantasmatiques, semblent irréfutables. Il y aurait, d’une part, les «films d’action» incarnés par des héros masculins, et d’autre part, les «scénarios de stagnation» centrés sur les plantations et les Southern Beaux et Belles ; des vastes étendues à conquérir et à peupler dans l’Ouest, peu compatibles avec les champs de coton, les marais délétères et les maisons confinées ou déjà en ruine dans le Sud. Sans oublier, bien sûr, les postures du pionnier blanc qui, au milieu d’un paysage panoramique, défend sa famille contre les «Peaux rouges», alors qu’un autre homme blanc trône en maître absolu dans sa maison blanche au milieu des esclaves noirs. Par-delà ce type d’images-clichés qui convoquent aussitôt des scènes-types, se rend pourtant lisible également la volonté de brouiller les pistes parmi les schémas préétablis. En effet, pour le bonheur du spectateur contemporain, les westerns et les southerns échappent, de moins en moins souvent, au jeu d’hybridation et de «bâtardisation» des genres, en nous invitant à reconsidérer l’Ouest et le Sud nord-américains au-delà des oppositions géographiques et des polarités culturelles, multipliées et diffusées par la culture populaire, avant tout par le septième art. Pendant le colloque de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines qui examinera les diverses dynamiques qui existent, parfois depuis plus longtemps que l’on ne le pense, entre le Far West et le ( Deep/ ) South , projetés depuis plus d’un siècle sur le grand écran, chaque présentation évoquera, quelle que sera l’optique choisie, les deux topoi concernés. Car si bon nombre d’études ont déjà été publiées sur les relations Nord-Sud, ainsi que sur les rapports Est-Ouest, il reste à explorer les connexions Ouest-Sud (ou, si l’on préfère, Sud-Ouest) au cinéma. L’approche croisée ainsi formulée de notre colloque, inscrite sous le mot «rencontre», permettra, nous l’espérons, une meilleure compréhension des enjeux des films sudistes ainsi que des éclairages novateurs sur le cinéma westernien, domaine tellement recherché que l’on pourrait presque affirmer que tout a déjà été dit sur le sujet. Les southerns grâce au recul pris vis-à-vis du Nord, lors de leur rapprochement avec un espace dont le Sud n’a jamais été séparé par une démarcation du type Mason-Dixon line , qui l’a séparé des Yankees ; les westerns, en se reconnaissant dans certaines des réflexions et «illégitimités» que lui renvoient les southerns à travers cet angle d’attaque délibérément oblique et désaxé, mais non moins crucial pour la représentation cinématographique de l’Amérique. Voici quelques pistes (non-exhaustives) – vers l’Ouest depuis le Sud, ou vice versa (le sens choisi par Captain America dans Easy Rider ) – que l’on pourrait emprunter pour examiner les nombreuses formes d’interaction, de chevauchement et de porosités qui semblent s’élaborer entre les deux genres: Les indicateurs du genre western & du genre southern; Constantes thématiques, récurrence des typologies des lieux et des personnages, schémas scénaristiques, procédés narratifs, codes esthétiques et plastiques; Le « southern »: un genre à part ou un sous-genre, «illégitime» par rapport au western ?Le southern comme l’«envers» du western ? Le cauchemar américain vs. le rêve américain? Les mythes et les légendes (fondateurs et recréateurs) dans les westerns & les southerns: polarités ou entrecroisement? Le mythe pastoral; le mythe du paradis perdu; dé/composition du mythe agrarien (Thomas Jefferson); Eldorado & Dixieland ; Les valeurs typiquement américaines (liberté d’opinion, liberté d’entreprendre, individualisme, démocratie, etc.) revues à travers les deux genres. Généalogie et évolution des deux genres, y compris en interaction avec d’autres formes d’arts et médias ( dime novels , plantation novels, minstrel shows, Tom shows , etc.) ; Le rôle des sous-textes/intertextes (ex. la Bible); intertextualité et transtextualité filmiques. Le western & le southern comme miroirs culturels intimement associés à l’imaginaire et à l’Histoire de la nation américaine. Rapports avec l’Histoire et la mémoire? Pour quelle représentation du «Nouveau Monde» ? L’ombre de l’« institution particulière» est-elle réservée à la société (officiellement) esclavagiste ? La représentation des autres institutions (famille, école, église, etc.); Le rapport à la loi et aux hors-la-loi; le système judiciaire; l’instauration de la loi (venue de l'Est / du Nord)? La violence et les traumas dans le western et dans le southern : origines, manifestations et portées ? La violencede l'Ouest sauvage et du Sud « civilisé»; La violence primitive et la lutte pour la survie; une violence «récréative» dans l’Ouest vs une violence dérangeante dans le Sud? La création de l’espace westernien & southernien; la porosité de leurs frontières; la wilderness : naturebienfaitrice ou vengeresse?; Le rapport à la terreet le concept de l’intégrité territoriale; La notion de la « frontière » et des territoires liminaires qui invitent à re/considérer les relations Ouest-Sud (ex. le Texas dans Giant , Lone Star ). Le rapport au temps; approches rétrospectives vs. prospectives (le western est-il exempt de la nostalgie des « grand old times »?); Existence, dans le système symbolique westernien, des clivages similaires à ceux entre « the Old South » et « the New South » / ante- and postbellum Souths ?; Manifestation de ces rapports au temps dans les stratégies narratives? Héros et héroïnes ( frontiersmen , conquérants, cowboys , ranchers , shérifs, justiciers, chasseurs de prime, saloon girls , school marms , etc.; planteurs, Belles , rednecks , montagnards, poor white trash , etc.); Croisements, «métissages» entre personnages issus des deux patrimoines cinématographiques; Le cas particulier de l’ex-soldat confédéré converti en un hors-la-loi ou «perdu» dans un univers westernien (ex. La Prisonnière du désert , Shane , The Outlaw Josey Wales , Dances with Wolves ). La question du gender ; Dixie chicks & frontier girls ; Calamity Jane & Scarlett O’Hara: convergences ou féminités à part?; Réinvestissements et travestissements; Female freaks dans l’Ouest & dans le Sud: la même peur ancestrale ou des variations territoriales ? Femmes sudistes dans un décor très westerniens (ex. Belle Starr , True Women , Thelma & Louise ). L’altérité ethnique et les questions raciales; représentation des minorités ethniques (ex. les personnages de couleur dans les westerns; les Amérindiens dans les southerns?); Les hommes et les femmes venus de l’étranger (l’Europe, l’Asie, l’Amérique du Sud); l’européanité, l’asianité, la latinité ; Couples mixtes, métissage, etc. Les problèmes de classe dans les westerns, moins visibles que dans les southerns? Hiérarchies sociales à l’époque du cinéma classique et aujourd’hui? Parodies et pastiches des classiques westerniens et southerniens au service du renouvellement du genre westernien & southernien ( western spaghetti , westerns comiques; Hillbilly movies , films à protagonistes multiples, etc.) Mises en musique de l’Ouest & du Sud au cinéma; Y aurait-t-il une identité musicale ou des musiques de film typiquement westerniennes et/ou southerniennes? (ex. “ Yankee Doodle ” vs. “ I Wish I Was In Dixie ”). Les réalisateurs qui ont abordé les deux genres (ex. John Ford, John Huston, Don Siegel, Joel et Ethan Coen, King Vidor): intersections entre l’Ouest & le Sud, ou territoires et expériences cinématographiques à ne pas confondre? Exploitation commerciale de l’Ouest & du Sud au cinéma? Phases et périodicités ; in/compatibilités dans l’émergence des succès westerniens et southerniens au box-office ? Tournants, succès et flops dans l'évolution de ces deux genres. Mélanges postmodernes ; redynamisations des archétypes; remises en circulation des effets westerniens & southerniens (ex. prochain film de Tarantino, Django Unchained , sortie prévue en 2013) ; Que gagne le cinéma à ce jeu inter-spatial et interfilmique entre l’Ouest & le Sud, en déjouant les attentes des spectateurs, en tissant des liens entre les « causes perdues » & les « causes plus illustres »? Lieu / location : Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Laboratoire Suds d’Amériques, Espaces Atlantiques (SUDS: http://www.sudam.uvsq.fr/ ) Dates : les 19 et 20 avril, 2013. Langues / languages : français & anglais / French & English Les propositions (250 mots) sont à envoyer à / Please send a 250-word proposal to Claire Dutriaux, HDEA-CATI, Université Paris IV-Sorbonne claire_dutriaux@yahoo.fr et à Taïna Tuhkunen, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines taina.tuhkunen@uvsq.fr avant le 31 décembre, 2012 / by December 31st, 2012.

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