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Enseigner la littérature en questionnant les valeurs (Grenoble)

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APPEL A COMMUNICATION COLLOQUE INTERNATIONAL "Enseigner la littérature en questionnant les valeurs" Organisé par l'UMR 5316 LITT&ARTS- CNRS(composante Litextra) Université Grenoble-Alpes,21-23 novembre 2017 Défendre et promouvoir les valeurs de la République est à l'ordre du jour, à une époque où le déchaînement de la violence terroriste et son onde de choc sur le public scolaire ont replacé la question de l'éducation à la citoyenneté au centre des préoccupations éducatives. La réflexion collective dans un premier temps s'est centrée autour des questions de la pédagogie de la laïcité à l'école et de l'enseignement du fait religieux, comme en témoigne le colloque interdisciplinaire "Transmission des valeurs de la République", qui s'est tenu à l'ESPE de Lyon en juillet 2015. En 2016 c'est "la fraternité en éducation et l'éducation à la fraternité" qui a fait l'objet d'une réflexion interdisciplinaire lors d'un colloque organisé par le laboratoire LIRDEF à l'Université Montpellier II. Or il est une question plus générale, qui dépasse de loin le cadre des croyances affichées et leur manifestation du moment : la nécessité d'une formation des élèves à une posture éthique d'interprète, quels que soient les discours auxquels ils ont affaire. Cette question ne se réduit pas à celle de l'éducation aux médias, même si cette dernière s'avère également nécessaire. Il s'agit d'une préoccupation d'ordre politique, en ce qu'elle réintroduit la question de l'effet de vérité des textes et la question des valeurs que le lecteur actualise à leur contact. Depuis une trentaine d'années,en France, ces questions restent trop souvent délaissées par l'école, qui favorise plutôt une certaine neutralité axiologique, le refuge dans une approche formaliste de la littérature, quitte à donner aux élèves le sentiment de l'absence de sens actuel face aux textes du passé. Une telle posture pourrait bien se révéler sur le long terme plus périlleuse pour l'institution, qu'un affrontement sérieux avec ces questions. Car l'on assiste à un phénomène de fond d'une toute autre ampleur : une sourde sécession à l'égard de la discipline des lettres, qui est de moins en moins perçue comme une école d'humanité. Les théories littéraires formalistes des années 60-70 et surtout leur transposition rigide dans le cadre scolaire, à partir des années 80, en méthodes et techniques pédagogiques, ont sans doute pesé lourd dans ce désenchantement. Du côté de la théorie, la légitime remise en cause de la mimésis comme théorie naïve du reflet, en insistant sur l'autonomie de la littérature par rapport au référent et au monde, s'est radicalisée jusqu'à parvenir au dogme de l'autoréférentialité du texte littéraire. Or, note Martha Nussbaum, "lorsque perdure l’idée que les textes ne se réfèrent pas du tout à la vie humaine, mais seulement à d'autres textes et à eux-mêmes, l'élément éthique disparaît plus ou moins dans sa totalité [1] ". A la suite du post-structuralisme, la philosophie déconstructionniste, en faisant peser un soupçon radical sur le langage, a pu sembler dénier à ce dernier tout pouvoir de présence ou toute valeur de vérité. Couplé aux théories postmodernes sur la fin des méta-récits englobants (Lyotard, 1979), une sorte de doxa s'est constituée autour du rejet de l'idée de vérité ou de morale en littérature, au prétexte d'évacuer une conception psychologique, idéologique, essentialiste, voire métaphysique de cette dernière. La littérature n'aurait alors d’autre fin que de révéler le non-sens sur lequel se fonde toute volonté de vérité. Certains chercheurs comme Jean-Louis Dufays ont pu parler à ce sujet d'une nouvelle forme de "littérairement correct" et en pointer les effets dommageables pour l'enseignement, "dans la mesure où elle censure a priori les pratiques de lecture les plus spontanément mises en oeuvre par les apprentis lecteurs" [2] . Du côté des pratiques scolaires, le formalisme de l'enseignement a favorisé "une conception étriquée de la littérature, qui la coupe du monde dans lequel on vit", constate Tzvetan Todorov, alors que "le lecteur, lui, cherche dans les œuvres de quoi donner sens à son existence" [3] . En France les dérives technicistes de la lecture méthodique, dans les pratiques scolaires des années 80-90, n'ont été que très partiellement corrigées, depuis les années 2000, par la mise en oeuvre de la lecture analytique dans les classes. Depuis 1996-1998 pour le collège et 2000 pour le lycée, les programmes ont pourtant opéré un recentrage conséquent vers une dimension plus humaniste de la culture : étude des "textes fondateurs" au collège (199 6), transversalité du questionnement sur "littérature et place de l'homme" au lycée, ou encore enseignement de spécialité sur "littérature et société". De surcroît, à partir de la rentrée 2016, le nouveau programme d'enseignement moral et civique (EMC), pour l'école et le collège, accorde une place inédite à l'éducation à la sensibilité, en tant que composante essentielle de la vie morale et civique. Aux côtés des autres composantes que sont l'éducation au droit et à la règle, l'éducation au jugement, et la formation de l'esprit d'engagement et de coopération, la reconnaissance de la dimension sensible a pour corrélat une attention renouvelée aux langages de l'art, à l'expression artistique et littéraire des émotions, ainsi qu'aux récits fictionnels pour questionner les valeurs. "La prise de conscience des dérives des approches formalistes n’est pas nouvelle", rappelle Anne Vibert [4] . Les programmes du reste mettent en garde contre l'apprentissage d'un vocabulaire technique qui ne serait pas au service de la compréhension et de la réflexion sur le sens. Mais il s'agit là d'un sens envisagé au singulier, "sans que soient questionnées les conditions de son élaboration ou de son épiphanie, les types de connaissances ou de vérités que les lecteurs construisent" note François Quet [5] . En pratique, il arrive souvent que la portée éthique, politique ou philosophique des textes soit escamotée. Soit qu'elle ne figure pas comme objectif explicite des séquences d'enseignement des professeurs, soit qu'elle soit abordée en surface ou reléguée en fin de progression, ou bien qu'elle ne soit pas construite par les élèves mais donnée, et dans ce cas il s'agit souvent, dans une logique purement causale, d'un apport culturel sur le contexte historique de production. L'effet de sens est rarement rendu actuel pour les élèves, en résonance avec le monde où ils vivent. La coupure culturelle est telle, que la rencontre avec les textes bien souvent ne se fait pas. Simultanément, l'exigence des élèves que le lien au langage soit un rapport de vérité, et partant de justice, n'a sans doute jamais été aussi vive. Redonner un fondement théorique solide, à la présence en littérature d'une logique de vérité, s'avère donc une nécessité de premier ordre, si l'on ne veut pas que cette demande soit comblée par des discours totalitaires prospérant sur un sentiment vécu d'exclusion ou de désymbolisation. Fort heureusement, le travail théorique pour relier poétique et éthique a été mené en profondeur, qui plus est selon des voies très différentes. Tout d' abord, la philosophie éthique d'inspiration aristotélicienne, qui a connu un regain à partir des années 60 dans le monde anglo-saxon à travers les travaux d'Elizabeth Anscomb, Philippa Foot et Geoffrey Warnock, a contribué à modifier l’attitude des philosophes, à l’égard de la littérature et des liens qu’elle entretient avec la philosophie morale. Hilary Putnam et Iris Murdoch ont ainsi ouvert la voie au «tournant éthique» des études littéraires intervenu dans les années 1990. A l’exemple des travaux de Martha Nussbaum sur les romans d’Henry James (1990, 2006), nombre de philosophes ont développé le projet d’établir la lecture philosophique de la littérature comme une voie légitime de la réflexion morale: en témoignent les travaux de Jacques Bouveresse sur l’œuvre de Robert Musil (1993, 2001), de Vincent Descombes sur Proust (1987, 2004), d’Aline Giroux sur les romans de Saul Bellow (2012), ou de Frédérique Leichter-Flack sur la littérature comme "laboratoire des cas de conscience" (2012). Dans sa grande trilogie Temps et Récit (1983-1985), le philosophe Paul Ricoeur a réinterprété la mimésis d'Aristote comme une "imitation créative" dévoilant une structure d'intelligibilité des événements permettant une connaissance humaine sur le monde. La mimésis est une activité cognitive, une mise en forme de l'expérience du temps, qui produit le sens de ce qu'elle représente. Elle fonde notre propre identité comme identité narrative, en ce que l'histoire d'une vie ne cesse d'être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu'un sujet se raconte sur lui-même. Cette idée rejoint du reste celle de Lacan pour qui le sujet est quelque chose qui émerge sous la forme d’un événement du sens, à la faveur d’effets qu’on peut dire poétiques, de telle sorte que "les créations poétiques engendrent plus qu’elles ne reflètent les créations psychologiques [6] ". Par ailleurs une relecture de Bakhtine permet de sortir la notion de dialogisme de la conception étroite où l'ont réduite la narratologie et la stylistique structurale, pour réintroduire dans le texte la réalité, le monde et la société, entendus comme une structure polyphonique complexe où interagissent socialement des discours. C'est la réalité comme texte social, dans tout son poids axiologique et politique qui "entre" dans l’objet esthétique et en devient un élément constitutif. Au coeur de la sociologie du texte, la notion de sociolecte intègre ainsi les dimensions idéologiques et dialogiques (Zima, 1985). La sémiotique de son côté a interrogé les procédés par lesquels le texte rend sensible les valeurs dont il se réclame ouvertement. A la suite du carré sémiotique de Greimas et des propositions de Philippe Hamon pour analyser la mise en place des valeurs textuelles (1984), Vincent Jouve (2001) a modélisé dans le récit la manifestation des valeurs au niveau local (l'univers axiologique des personnages) et global (le point de vue de l'autorité énonciative, la structure globale de l'histoire et les indications de lecture). Mais c'est sans doute les derniers développements des théories dites "de la réception", qui s'avèrent les plus prometteurs pour renouveler le questionnement des valeurs en littérature, par l'articulation qu'elles permettent avec la réflexion didactique. A la suite des travaux de H.-R . Jauss (1972 ; 1982), de Wolfgang Iser sur le lecteur implicite (1976), et dans une perspective différente d'Umberto Eco sur le lecteur modèle (1979), Michel Picard (1986) puis Vincent Jouve (1992 ; 1993) ont mis en évidence l'importance du lecteur réel, ou lecteur empirique, à travers différentes instances de lecture qui interfèrent dans un jeu subtil de participation et de distanciation. La didactique de la littérature a réinterprété ces modèles en termes de modes de lecture (Dufays, Gemenne et Ledur, 1996), de postures de lecture (Dominique Bucheton, 1999) et d'activités fictionnalisantes (Langlade & Fourtanier 2007), donnant toute sa place à l'investissement subjectif, intellectuel, émotif et sensoriel des élèves, afin de recréer dans les classes un rapport heureux à la lecture et à la littérature. Des dispositifs comme le carnet de lecture, ou comme l'écriture d'invention revisitée, offrent une place à l’expression subjective des élèves, à leurs émotions, à leur activité imageante, à leurs possibles identifications ou projections. Le passage formatif vers un lecteur expert, capable d’une analyse distanciée, s'effectue par l'entremise de la communauté interprétative que forme la classe, où se discute le degré d'acceptabilité des lectures, lors d'aller-retours entre les compréhensions individuelles et le texte. Cette ouverture est décisive, car elle permet de sortir l'enseignement de l'approche formaliste. Mais les théories du sujet lecteur ont encore peu questionné la part des réactions axiologiques dans l'activité de lecture, alors même que cette dimension est un moteur essentiel de l'investissement des élèves comme sujets : les enfants veulent savoir qui sont les bons et les méchants ; les lecteurs plus experts cherchent à "situer" les personnages sur une échelle ou dans un système de valeurs. A quoi s'ajoute le besoin fondamental souvent informulé de tirer du texte une "leçon", pour grandir et se construire. Dans son essai d'ontologie herméneutique en faveur des lectures actualisantes (2007), Yves Citton confère une place essentielle à l'investissement éthique dans l'activité de lecture. Toute fabula constitue un lieu de croisement incessant entre d'une part des événements fictifs que le lecteur juge à l'aune de son stock de préjugés tiré du monde tel qu'il se le figure, et d'autre part un état du monde actuel que le lecteur juge à l'aune des possibles, produits par la fiction. Par ce double mouvement inverse, le lecteur investit ses valeurs dans le récit pour lui donner sens, tandis que la fiction lui restitue ses valeurs dans une perspective nouvelle, qui entraîne de nouveaux jugements sur le monde actuel et ses valeurs. L'activité de lecture est ainsi conçue comme une activité de retraitement des valeurs, celles-ci pouvant aussi bien conforter le système de croyance du lecteur que l'ébranler pour les orienter vers leur reconfiguration. La fiction offre de surcroît au lecteur un laboratoire prospectif, pour mettre en scène des conflits de valeurs encore informulés et tester des hypothèses de résolution, en utilisant le détour du «comme si». L'acte interprétatif retrouve ici toute sa portée politique et éthique. Dans une perspective parallèle aux théoriciens de la lecture subjective, Yves Citton rappelle que la signification d’un texte n’est pas figée en amont, mais sans cesse actualisée et produite par les jeux collectifs de l’interprétation, les communautés de lecteurs qui en déterminent les normes d’acceptabilité. Ces questions revêtent une importance cruciale dans la période actuelle. Elles permettent de faire un lien avec l'éducation civique et morale et rejoignent le développement des discussions à visées philosophiques (DVP) dans les classes. Théorisées par Lipman au Etats-unis dans les années 1980 et développées par Michel Tozzi en France depuis les années 2000, ces dernières prennent volontiers appui sur les créations imaginaires que sont les mythes (Tozzi, 2006), les contes (Claudine Leleux et Jan Lantier, 2010), ou les albums de jeunesse (Chirouter, 2011, 2015). Si l'acculturation théorique et pratique à cet enseignement est dorénavant en marche en France à l'école primaire, il en va différemment au collège et au lycée. Pourtant, à partir de la rentrée 2016, l'Education morale et civique ne sera plus l'apanage exclusif du professeur d'histoire ou de philosophie, mais concernera aussi les professeurs de français. Dominique Bucheton, Michel Reddé et Michel Tozzi (2007) ont défini, décrit et comparé les discussions à visées littéraires et les discussions à visées philosophiques dans les classes, mais l'articulation entre ces pratiques, ainsi que l'articulation avec les théories du sujet lecteur et des lectures actualisantes restent des chantiers ouverts riches d'enseignements (comme l'ont montré les journées d'étude de février 2015 à l'université Grenoble Alpes et de juin 2016 à l'ESPE d'Aquitaine). Bien entendu, les considérations que nous développons ici n'ont pas pour objectif de revenir à la fonction moralisatrice qui fut celle de l'enseignement de la littérature, avant les années 1960, ni de développer une morale prescriptive. Du point de vue de la situation scolaire où nous nous plaçons, la question de savoir si la logique de vérité relève de l’auteur, du sens propre du texte, ou de l’histoire littéraire, est du reste secondaire. Ce qui importe avant tout, c'est que les élèves puissent postuler le texte comme un événement, comme une effraction qui ouvre un pan de réalité, comme quelque chose susceptible de leur faire voir différemment le présent. La vérité de cette croyance première résidera dans les effets qu'elle suscite : le recueil de traces textuelles, la discussion et les échanges en classe, le retour au texte, dans un cercle vertueux que les discours de savoir peuvent nourrir après-coup. Dans le sillage de ces contributions, tout semble en place aujourd'hui sur le plan théorique et institutionnel pour répondre à une demande sociale présentée comme particulièrement urgente: l'enseignement de la littérature doit être capable de redonner toute sa dimension d'engagement éthique à l'acte interprétatif des élèves, en maintenant ouverts l'intervalle culturel qui nous sépare du texte lu, autant que les écarts d'acceptabilité entre les lectures, au sein de la communauté interprétative que forme la classe. Il s'agit que la littérature offre en classe le meilleur des détours, pour faire vivre en acte l'exercice civique et critique de la pensée. Dans le prolongement de la journée d'étude organisée par la composante LITEXTRA de l'UMR 5316LITT&ARTS-CNRS, "Enseigner la littérature avecles valeurs", le 16 novembre 2016 à l'Université Grenoble-Alpes, le présent colloque international vise à penser les modalités d'un enseignement de la littérature recentré sur la question des valeurs, au travail dans les textes et leur lecture. Les cycles scolaires visés sont ceux de l'enseignement secondaire, mais intègrent la liaison avec la fin de l'école primaire. Trois axes principaux seront envisagés : 1 ) Un axe épistémologique et historique : Quels sont les conditions de possibilité, les intérêts et les difficultés d'un enseignement de la littérature par l'éthique et de l'éthique par la littérature ? Il s’agira ici de croiser les points de vue issus de différents champs: la philosophie de l'éducation et la philosophie morale, la théorie et l'herméneutique littéraire, l’histoire de l’éducation (en particulier l’histoire scolaire de la discipline des lettres et celle de l'enseignement civique et moral à l'école), la sociologie de la lecture, ou encore la théorie psychanalytique. De fait les objections ne manquent pas. Certaines émanent de la philosophie morale : l'enseignement de la morale à l'école serait une idée socialement conservatrice, philosophiquement confuse et politiquement dangereuse (Ruwen Ogien, 2013). Certaines objections émanent quant à elles de certaines conceptions même du littéraire. "On ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments", disait Gide. Pour défendre et promouvoir les valeurs républicaines, quelle place l'école peut-elle accorder aux valeurs de transgression, de provocation, souvent présentes en littérature ?Par ailleurs les contenus de la littérature n'ont pas valeur de référence pour l'action ; l'écrivain n'étant pas un juge qui propose des normes, il ne serait donc ni possible ni souhaitable d'aller au-delà d'une simple éthique de l'interprétation. D'autres objections encore relèvent de la sociologie de la lecture : ne risque-ton pas de cantonner les lecteurs issus de milieu défavorisé dans une posture de participation psychoaffective aux référents du texte ? Enfin la critique socio-politique n'est jamais loin : la conception humaniste de la connaissance littéraire ne relèverait-elle pas de la vision idéaliste d'une classe sociale particulière ? 2 ) Un axesociologique et « po-éthique» de littérature générale et comparée a ) Sur les genres littéraires et les mouvements culturels Comment articuler la lecture éthique avec une poétique des genres : si tous les genres littéraires méritent d'apparaître comme autant de laboratoires où se formulent les possibles, comment configurent-ils a priori le «partage du sensible» (Rancière, 2000) ? Y aurait-il de ce point de vue un "savoir des genres" ? Quel rôle en particulier attribuer à la poésie, du point de vue éthique, lorsqu'elle ne s'affiche pas comme didactique ou engagée ? La réflexion sur le "savoir des genres" est inséparable d'une contextualisation au sein de mouvements culturels, qu'il faut interroger comme cadre a priori de configuration de valeurs historiques et sociales. b ) Sur le canon scolaire, son origine et ses effets Comment les valeurs sociales pèsent-elles sur la littérature légitime à l'école ? Comment les circuits sociaux produisent-ils pour les classes la valeur littéraire ou excluent-ils certains domaines de la littérature ? Dans ce processus, comment distinguer les influences liées aux valeurs de l'institution littéraire, les influences liées aux valeurs de classe (les habitus sociaux) et les influences liées aux valeurs contextuelles de la lecture en situation scolaire ? Par ailleurs si la littérature est une expérience de l'inter-langue, qui cherche à donner voix à quelque chose qui souffre de ne pouvoir être mis en phrase ou qui n'existe pas dans l'idiome et la culture de tous, est-ce le rôle de l'école que d'en donner témoignage ? Quelle place alors pour les littératures jugées "populaires" ou "subalternes" ( féministes, postcoloniales, etc )? Quelle est la responsabilité de l'enseignant dans le choix des textes et des problématiques ? En retour comment le canon scolaire pèse-il sur les mentalités, agit-il sur le monde et les valeurs sociales ? 3 ) Un axe de réflexion pédagogique et didactique : a ) Sur les corpus Quel corpus étudier en classe pour favoriser l’investissement éthique des élèves? Comment le choix des œuvres articule-t-il le questionnement sur les valeurs en jeu et l’illustration de problématiques littéraires? Comment décider du degré d’acceptabilité pour la classe de textes pouvant heurter certaines valeurs ? Sur quels critères proscrire les textes éthiquement controversés? b ) Sur les contenus d'enseignement : Si la question des valeurs devient une entrée pour renouveler/remotiver l'enseignement de la littérature, quelle place lui donner à l'intérieur de l'enseignement de la littérature ? Va-t-elle occuper toute la place ? Par ailleurs, si l'on fait un sort nouveau aux valeurs éthiques, qu'en est-il des valeurs esthétiques ? Comment les deux ordres de valeur peuvent-ils être articulés, au cas par cas, ou dans le projet annuel des enseignants? La distinction entre jugement de valeur et jugement de goût doit-elle être remise au centre de l'apprentissage ? La dimension rhétorique de l'enseignement de la littérature doit-il opérer un rééquilibrage en direction de la dispositio et de l' inventio , pour sortir d'une "rhétorique restreinte" (Genette, 1972) anciennement et souvent encore cantonnée à l' elocutio ? La poétique des valeurs modélisée pour le récit doit-elle être transposée pour devenir objet d'enseignement ? Les apports socio-historiques sur les valeurs qui entourent la production des textes doivent-ils trouver un pendant systématique dans une démarche d'actualisation des textes pour questionner le monde d'aujourd'hui ? Faut-il intégrer dans l'enseignement du français un pôle de formation à la pensée, où l'analyse notionnelle trouverait sa place aux côtés de l'apprentissage lexical ? La réflexion sur un dilemme moral, mis en fiction dans les textes, doit-elle devenir objet d'enseignement ? Du côté de la littérature, la prise en compte des valeurs renouvelle l'enseignement, mais cette question est abordée avec d'autres objectifs en Histoire-géographie-instruction civique, en philosophie... Quel rapport / quelle articulation entre la question des valeurs en littérature et dans les autres disciplines ? c ) Sur les démarches d'enseignement Comment reconnaître d'emblée le sujet moral qu’est l’élève, comme une condition de sa motivation ? Comment solliciter davantage la posture axiologique, non plus seulement au terme, mais tout au long de l'étude ? Seront accueillies ici toutes les démarches visant à mettre en mouvement le sujet lecteur vers l'axiologie, ainsi que l'analyse de leurs résultats dans les classes : interroger les élèves sur les personnages qui les touchent, qu’ils aiment, qu’ils détestent, faire formuler le jugement moral qu’ils portent sur leurs actions; leur demander quelle attitude ils auraient adoptée s’ils avaient été à leur place, s'ils sont d'accord avec eux, etc… Les questionner sur leur ressenti, leur vision du monde, leurs valeurs. Leur permettre de faire le lien avec le monde actuel, leur demander si les faits évoqués dans la fiction pourraient encore se produire, les inviter à prendre parti, à formuler et justifier une opinion. Au final comment sortir d'une pratique étapiste de la lecture analytique, postulant que l'interprétation vient à la fin, au terme d'un relevé de procédés ? d ) Sur les dispositifs Comment valoriser davantage le questionnement éthique sur les textes ? - dans la pratique des carnets et journaux de lecture - dans la mise en oeuvre des cercles de lecture et des discussions à visée littéraire et philosophique - dans le cadre des productions d'écrits : écrits provisoires, écriture d'invention et écrits argumentatifs - dans les pratiques de la lecture à haute voix et de la mise en scène des textes - dans la transmédialité (étude de l'image, étude filmique, chanson, opéra, etc) e ) Sur les postures de lectures Comment l’activité fictionnalisante du lecteur conduit-elle à construire et éprouver une réflexion axiologique ? La posture axiologique est-elle transversale aux autres postures de lecture que sont le "texte-action", le "texte-signe", le "texte-tremplin" et le "texte-objet" (Bucheton, 1999) ? Comment repenser alors une classification des postures de lecture, du point de vue de l'investissement éthique ? f ) Sur les postures et les gestes professionnels Quelles postures du professeur, pour susciter et conduire un questionnement sur les valeurs ? - en termes d'écoute de la parole des élèves - dans la mise en scène de son propre rapport à la lecture - dans la mise en scène de son propre rapport au savoir - pour faire réfléchir sur les fonctions de la lecture Quelle déontologie et quels garde-fous pour éviter que la conduite des discussions soit prétexte pour le professeur à développer un discours idéologique ? S'intéresser à la question des valeurs dans la lecture de la littérature, c'est se risquer à ouvrir des débats, dont on sait qu'ils peuvent être très vifs dans la société (voire déboucher sur la violence). Quelles postures les professeurs de Lettres doivent-ils prendre ? Quelles limites ont-ils à poser ? g ) Sur les programmations et les programmes : Les nouveaux programmes de littérature en collège, fondés sur de grandes entrées thématiques universalistes ne risquent-il pas de déstructurer la connaissance des genres et des mouvements culturels? Comment croiser de façon équilibrée les entrées générique, historique et éthique, pour repenser les programmations annuelles et les programmes? DATE LIMITE DE REMISE DES PROPOSITIONS DE COMMUNICATION : 15 février2017 Maximum 500 mots Bibliographie indicative de 10 références maximum Contact : litteval2017@gmail.com nicolas.rouviere@univ-grenoble-alpes.fr jean-francois.massol@univ-grenoble-alpes.fr Comité scientifique : CHIROUTER Edwige (Maître de conférences en philosophie à l'Université de Nantes) DAVID Jérôme (Professeur associé de littérature française et de didactique littéraire à l'Université de Genève) DUFAYS Jean-Louis (Professeur de Littérature française et de didactique littéraire à l'Université catholique de Louvain). FOURTANIER Marie-José (Professeur de littérature française, Université Jean Jaurès Toulouse II) LOUICHON Brigitte (Professeur de littérature française, Université Montpellier II) MASSOL Jean-François ( Professeur de littérature française, Université Grenoble-Alpes) PLISSONNEAU Gersende (Maître de conférences en littérature, Université Bordeaux III) PRAIRAT Eirick ( Professeur de sciences de l'éducation à l'Université de Lorraine) SNAUWAERT Maïté (Professeure adjointe de littérature française, Université de l'Alberta, Canada) Comité d'organisation : BRUNEL Magali (Litextra, UMR litt&Arts) MASSOL Jean-François (Litextra, UMR litt&Arts) ROUVIERE Nicolas (Litextra, UMR litt&Arts) Bibliographie indicative: AHR Sylviane, L'Enseignement de la littérature au collège , Paris, L'Harmattan, 2005. ARISTOTE, Ethique à Nicomaque , trad. du grec par J. Barthélémy saint Hilaire, revu par A. Gomez-Muller, paris, Ed. Le livre de Poche, 1997. 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Intervention d’Anne Vibert, Inspectrice générale de lettres Mars 2012, http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/litterature/public/Formation_sujet_lecteur_revue.pdf Revues : Contextes n° 2, L'idéologie en sociologie de la littérature , 2007. Pratiques n° 163-164, 2014 : Questions de morale : éducation, discours textes ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ [1] Nussbaum Martha, La connaissance de l'amour - Essais sur la philosophie et la littérature , Paris, Les éditions du Cerf, 2010. [2] Dufays Jean-Louis, "La dialectique des valeurs : le jeu très ordinaire de l'évaluation littéraire", in Les valeurs dans / de la littérature , Karl Canvat et Georges Legros (dir.), Namur, Diptyque , CEDOCEF, Presses universitaires de Namur, 2004, p. 109-110. [3] Todorov Tzvetan, La littérature en péril , Paris, Flammarion, coll. "café Voltaire", 2007. [4] Vibert Anne, "Faire place au sujet lecteur en classe : quelles voies pour renouveler les approches de la lecture analytique au collège et au lycée ?" Intervention d’Anne Vibert, Inspectrice générale de lettres Mars 2012, http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/litterature/public/Formation_sujet_lecteur_revue.pdf. [5] Quet François, « Entre posture et imposture, notes sur le fonctionnement symbolique », in Le texte du lecteur , Mazauric Catherine, Fourtanier Marie-José, Langlade Gérard (dir.), Bruxelles, P.I.E Peter Lang, 2011. [6] Cité par Camille Dumoulié à propos d'un séminaire de Lacan consacré à Hamlet, intitulé Le désir et son interprétation , partiellement publié dans la revue Ornicar (1983). Voir Camille Dumoulié, introduction à la conférence de Charles Melman "La poétique du sujet lacanien", revue Silène août 2006; http://www.revue-silene.com/images/30/extrait_46.pdf

L’entretien d’écrivain à la radio (France, 1960-1985): formes et enjeux (Montpellier)

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L’entretien d’écrivain à la radio (France, 1960-1985): formes et enjeux Organisateurs: Pierre-Marie Héron (Paul-Valéry Montpellier, IUF) & David Martens (Université de Louvain/KULeuven, MDRN) Université de Montpellier - 1-2 juin 2017 Dans l’immense logosphère créée par la radio au cours du XX e siècle, l’entretien d’écrivain est en France un genre «légion», abondant en quantité et en diversité. Un genre émergent d’abord dans les années 1930, où les Radio-dialogues de Frédéric Lefèvre sur Radio-Paris, dérivés de sa célèbre série Une heure avec… dans Les Nouvelles littéraires , lui donnent son premier lustre (1930-1940), rejoints avant la guerre par le Quart d’heure de la N.R.F ., créé sur Radio 37 pour faire entendre les voix de littérateurs et de poètes ne se produisant pas d’ordinaire à la radio (1938-1939). Un genre florissant dans les années 1950, qui voient naître à la fois le phénomène médiatiquement majeur des entretiens-feuilletons et l’entrée en scène de la télévision en noir et blanc, associant les écrivains dans son grand rendez-vous littéraire des Lectures pour tous (1953-1968). Dans les années 1970, radio et télévision se partagent les deux séries les plus populaires: Radioscopie de Jacques Chancel sur France Inter (1968-1982, 1988-1990), Apostrophes de Bernard Pivot sur Antenne 2, la chaîne couleur du service public (1975-1990). Les années 1990 marquent un tournant: si les écrivains continuent de répondre aux sollicitations des deux médias, les émissions culturelles grand public leur font moins de place, tandis que les émissions purement littéraires se raréfient hors de France Culture, transformée malgré elle en radio de niche. Une grande époque de la France littéraire s’éloigne alors, que semble prolonger nostalgiquement sur les ondes, à partir de 1984 l’essor d’une «radio de patrimoine» toutes directions incarnée par des séries comme Une vie, une œuvre (depuis 1984), Le bon plaisir de… (1984-1999), À voix nue . Grands entretiens d’hier et d’aujourd’hui , (depuis 1985), Les Nuits de France Culture et leurs six heures quotidiennes d’archives (depuis 1985), Profils perdus (1987-1995), Radio archives (1987-1999) ou Les Greniers de la mémoire (depuis 1994), et prolongée à la télévision par la collection de Bernard Rapp Un siècle d’écrivains sur FR3 (1995-2000), où les entretiens jouent un rôle documentaire important. À côté de Poésie sur Parole d’André Velter et Jean-Baptiste Para (1987-2008) et de Répliques d’Alain Finkielkraut (depuis 1985), fleurons de la poésie et de la pensée vivantes sur France Culture, une radio de nuit s’installe aussi dans le temps, inaugurée par les Nuits magnétiques (jusqu’à minuit…) en 1978, qui fait la part belle à la lenteur, au silence, à l’écoute paisible… et aux dialogues avec des écrivains, notamment avec Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (1987-2104). Dans le même temps, dans une télévision fortement massifiée (on est passé de 2 millions à 22 millions de postes entre 1960 et 1995, soit un taux d’équipement des ménages de 96%), les émissions littéraires ou culturelles subissent la concurrence des talk-shows et autres «plateaux bla-bla»: l’objectif de nombreux auteurs sortant un livre (ou de leurs attachées de presse) est de décrocher un passage chez Ardisson, Ruquier ou Delarue plutôt que chez Durand, Poivre d’Arvor ou Giesbert; la promotion commerciale à tout prix remplace la critique des livres. Internet depuis, en offrant un nouveau terrain de jeu, d’expression et de médiatisation aux écrivains mais aussi aux médias audiovisuels, a changé la donne. De cette histoire à épisodes, le colloque de Montpellier se propose d’explorer un moment particulier, les années 1960-1985, symboliquement balisé par deux dates de la radio en France: la naissance de France Culture en 1963, conçue comme une «radio du livre», du savoir et de la connaissance, et sa double inflexion patrimoniale et nocturne au milieu des années 1980. De façon à baliser la diversité des pratiques durant cette période, le colloque se déclinera en deux journées distinctes, l’une consacrée aux entretiens-feuilletons d’écrivains particuliers, l’autre à des émissions d’entretiens dans lesquelles les écrivains sont des intervenants potentiels. Workshop 1: Les entretiens-feuilletons d’écrivains La première journée du colloque sera consacrée aux entretiens-feuilletons, genre patrimonial par excellence à ses débuts (et radiophonique exclusivement…), inventé par Jean Amrouche en 1949, qui explose au début des années 1950 grâce au succès des entretiens Léautaud/Mallet et Claudel/Amrouche, en s’ouvrant déjà à des formules variées, avant d’entrer dans une phase plus routinière… Cet éclatement des formes ne l’empêche cependant pas de perdurer deux décennies encore, sur un format souvent réduit oscillant entre quatre et douze émissions, jusqu’à la stabilisation en 1985 au format d’ À voix nue (cinq émissions sur une semaine). Les écrivains qui bénéficient de ce traitement s’appellentAudiberti, Adamov, Aragon, Arland, Jacques Baron, Barthes, Berl, Camille Bryen (avec Michel Butor), Butor, Césaire, Clancier, Lise Deharme, Delteil, Étiemble, Gracq, Ionesco, Jouhandeau, Kessel, Leiris, Maurois, Neveux, Pieyre de Mandiargues, Nourrissier, Ponge, Queneau, Robbe-Grillet, Claude Simon, Soupault, Tardieu, Tortel, Jean Thibaudeau…: pourquoi, comment, dans quels contextes? Dans la suite d’ Écrivains au micro (PUR, 2010), centré sur la première décennie d’existence de cette formule historique, il s’agira d’esquisser un panorama des formes et enjeux du genre durant la deuxième partie de son existence, à une époque où il bénéficie désormais d’une tradition relativement bien fixée, qui conditionne les usages des écrivains aussi bien que des hommes de radio. Les propositions de communication pourront choisir de traiter d’une série particulière pour elle-même, afin de rendre compte de sa spécificité, ou d’étudier un aspect stylistique ou scénographique caractéristique de l’entretien-feuilleton, en analysant par exemple comparativement ses modalités de fonctionnement dans plusieurs séries. Elles pourront également se focaliser sur la façon dont une série contribue au façonnement de l’image publique de l’auteur et, notamment, sur le type de relations qu’elle noue avec la présence médiatique globale de l’écrivain au même moment. Enfin, elles pourront encore privilégier une figure intéressante d’intervieweur, comme celle de Georges Charbonnier (qui, de 1955 à 1976, a mené une vingtaine d’entretiens-feuilletons avec des grands noms de la culture contemporaine comme Merleau-Ponty, Borges, Butor, Étiemble, Queneau, Audiberti, Adamov, Barthes ou Balandier...), de façon à décrire et à rendre compte de la manière de tel ou tel intervieweur qui s’est particulièrement illustré dans cette formule. Workshop 2: Les entretiens d’écrivain dans les émissions littéraires et culturelles La deuxième journée du colloque sera consacrée à une autre forme sérielle de l’entretien d’écrivain, celle qui fait revenir non pas le couple de l’écrivain et de son intervieweur mais l’intervieweur seulement (producteur(s) de l’émission, animateur(s), chroniqueur(s)…). Les écrivains changent, l’intervieweur reste. Certaines séries privilégient le tête-à-tête, d’autres le plateau d'intervieweurs et/ou d’interviewés; certaines osent le direct, d’autres préfèrent le différé ou le faux-direct; certaines cultivent le format long, d’autres le format court, à destination d’une des n rubriques de l’émission; certaines obéissent aux rythmes de l’actualité littéraire ou culturelle, d’autres s’en émancipent plus ou moins, etc. Au regard du genre de l’entretien-feuilleton, un des intérêts de ces nombreuses séries est donc de montrer la richesse des usages et combinaisons possibles de l’entretien d’écrivain dans les médias audiovisuels, à l’intérieur peut-être de deux grands ensembles: les émissions uniquement constituées d’entretien(s) (avec lectures ou citations de livres) d’une part, d’autre part celles qui incluent seulement, à des endroits variables, une séquence dialoguée. Citons, pour les premières Radioscopie au début de la période, Du jour au lendemain à la fin; pour les secondes: La Semaine littéraire et sa rubrique «Un écrivain sur la sellette» (1963-1968), Un livre, des voix (1968-1999), Nuits magnétiques d’Alain Veinstein et son magazine «Bruits de pages» (1978-1999), Lettres ouvertes de Roger Vrigny (1984-1997), ou encore Nouveau Répertoire Dramatique (1969-2002) et Théâtre Ouvert (1971-1978) de Lucien Attoun, dédiées au théâtre contemporain, ou, dédiées aux poètes, Le Fil rouge de Luc Bérimont (France Inter, 1973-1974) et Poésie ininterrompue de Claude Royet-Journoud (1975-1984, vingt minutes de poésie quotidiennes dans la semaine, suivies d’un entretien le dimanche). Les angles d’étude possibles sont, là encore, variés: on pourra s’intéresser aux différentes apparitions d’un écrivain dans une série, ou à ses passages dans différentes émissions radiophoniques et télévisuelles sur une période donnée; aux formats, sujets et fonctions de la rubrique «entretien» au sein d’une série ou d’une série à l’autre; aux variations et/ou évolutions d’une telle rubrique au sein d’une série; aux rapports journaliste/écrivain induits par les places respectives occupées dans une émission sérielle; aux modèles et dispositifs de communication qui infusent ou structurent les séries (du tête-à-tête à domicile au débat de plateau, du salon littéraire et sa conversation à la française au talk-show et sa logique de divertissement en passant par le style de reportage hérité de la presse écrite)… On pourra aussi réfléchir à ce que signifie l’inclusion ou la promotion de l’entretien d’écrivain dans le genre (médiatique) de l’émission littéraire, en regardant du côté des émissions préférant la parole de lecteurs professionnels ou non à celle des auteurs, comme Le Masque et la Plume de François-Régis Bastide et Michel Polac (depuis 1955) ou Tribune des critiques , de Pierre Barbier (1963-1972). Les propositions de communication sont à adresser à Pierre-Marie Héron ( spm.heron@gmail.com ) et David Martens (martens.david@kuleuven.be) avant le 1 er novembre 2016. Les réponses seront adressées le 20 novembre. Ce colloque est le fruit d’un partenariat entre le RIRRA21 de l’Université de Montpellier ( http://rirra21.upv.univ-montp3.fr ), l’Institut universitaire de France ( http://www.iufrance.fr ), le groupe MDRN de l’Université de Louvain (KULeuven) ( www.mdrn.be ) et le Pôle d’attraction interuniversitaire Literature and Media Innovations , ( http://lmi.arts.kuleuven.be ) subventionné par la Politique scientifique fédérale belge ( www.belspo.be ).

Text/ures de l’objet livre: Accrocs/ Glitches (Paris)

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Appel à contributions / Call for papers (scroll down for English version) Colloque international avec le soutien du Labex Arts-H2H et de l’EA 1569, Université Paris 8.En partenariat avec les Archives nationales et l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs.Ce colloque bénéficie d’une aide de l’ANR au titre du programme Investissements d’avenir (ANR-10-LABX-80-01) Colloque international - 21, 22, 23 novembre 2016 Lieux : - Les Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) - École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris). - Université Paris 8 Vincennes-St Denis Porteurs du projet « Text/ures » : Gwen Le Cor et Stéphane Vanderhaeghe (Université Paris 8, Département des études anglophones, EA1569). Contact : textures2016@univ-paris8.fr Artistes invités: Mark Amerika (University of Colorado Boulder), Judd Morrissey (The School of Art Institute of Chicago) Ce colloque est le dernier volet du projet tri-annuel soutenu par le Labex Arts H2H « Text/ures : l’objet livre du papier au numérique » ( http://www.labex-arts-h2h.fr/fr/text-ures-l-objet-livre-du-papier.html ), qui explore la gamme d’objets hybrides que sont les livres d’artistes, les livres animés, les ouvrages composites de la littérature contemporaine, les livres sculptures ainsi que les nouveaux livres numériques, qui chacun à leur façon, par leur appartenance à la fois au domaine littéraire et à la culture graphique ou plastique échappent à toute tentative de classification. Par text/ures, on entend explorer le rapport entre le texte et sa matière, la façon dont il est mis en relief, voire activé par des mécanismes papier ou numériques. A qui s’adressent ces objets livres ? Quelle(s) temporalité(s) de lecture nécessitent ces ouvrages? Quels modes d’accès au sens convoquent-ils ? Plus largement, sont-ils voués à être vus, lus, exposés, dépliés, manipulés, collectionnés, conservés ? L’idée est de travailler au cœur de la matière pour explorer aussi bien les assemblages du texte que ses déploiements haptiques. Au cœur de ce dernier volet, nous souhaiterions placer la notion de glitch — l’erreur, l’accroc, le défaut ou la défaillance, voire la subversion du système — afin d’explorer la surface et la matière de l’objet-livre, qu’il soit papier ou numérique, dans la résistance que peuvent offrir ces notions à la manipulation et au toucher. À partir de quand l’erreur peut-elle faire partie intégrante d’une esthétique conçue comme la mise à mal de pratiques ou de réceptions conventionnelles de l’oeuvre (M. Amerika) ? Selon quelles modalités, forcément paradoxales, l’erreur peut-elle être amenée à faire système tout en déjouant la systématicité des pratiques artistiques contemporaines ? Comment programmer l’accroc et le rendre signifiant ou au contraire dévoiler d’autres modes d’approche de l’oeuvre déjouant tout rapport à la signification ? Qu’est-ce que l’erreur révèle dans le processus de l’oeuvre ? La met-elle en péril ou, au contraire, révèle-t-elle un mode opératoire qui lui soit propre sans être prévisible mais tout en lui étant nécessaire ? Il s’agira ainsi de s’interroger sur les divers modes d’ agentivité de l’objet-livre en questionnant notamment la notion d’interactivité — souvent utilisée improprement — et les diverses modalités/temporalités de boucles qui peuvent s’instaurer entre l’œuvre et le lecteur/joueur/programmeur. De la même manière, comment, dans les nouveaux modes d’archivage, éviter, éliminer ou préserver l’erreur, selon qu’elle soit signifiante ou involontaire ? Modalités de soumission Les propositions de communication sont à adresser en anglais ou en français sur easychair https://easychair.org/conferences/?conf=textures16 avant le 1er septembre 2016. Elles comporteront un résumé de 300 à 400 mots, un titre, une notice biographique et les coordonnées des intervenants. ###### Glitchy Textures:International Symposium – Paris, November 21-22-23, 2016. With the support of Labex Arts-H2H and EA 1569, Université Paris 8.Sponsored by ANR program Investissements d’avenir (ANR-10-LABX-80-0.) « Text/ures » Project Chairs: Gwen Le Cor and Stéphane Vanderhaeghe (Université Paris 8, EA1569). Contact: textures2016@univ-paris8.fr Performances by: Mark Amerika (University of Colorado Boulder), Judd Morrissey(The School of Art Institute of Chicago) The symposium will conclude the three-year project “Text/ures: Books as Objects, from Print to Digital” (http://www.labex-arts-h2h.fr/fr/text-ures-l-objet-livre-du-papier.html) sponsored by Labex Arts-H2H, and whose aim is to explore a wide scope of hybrid objects ranging from artist books, movable books and book sculptures to composite works of contemporary literature and digital books. Situated at a crossroads of literature and graphic and visual art culture, all these works elude labeling. We intend “Text/ures” as an investigation of the links between text and fabric—the way textual material is emphasized, activated even, by paper or digital mechanisms. Who are these objects intended for? Which reading temporality or which temporizing do these works necessitate? How is sense offered, proposed, displayed? More generally, are these book-objects destined to be seen, read, exhibited, unfolded, collected or archived? We would like the proposals to delve into the material and fabric of the textual compositions as well as to focus on the haptic dimension of such works. We would like to conclude the symposium series by focusing on glitches so as to question the surface and matter of print and digital book-objects. We would like to explore how the glitchy textures of works--whether they originate in malfunctions, glitches, defects, flaws or subversion of the system--create zones of resistance that challenge their manipulation and touch. What happens when flaws are conceived of as a “glitch aesthetics” or as a mission designed “to disrupt mainstream perceptions” and practices (Mark Amerika)? Along what necessarily paradoxical modalities can glitches become part of the system while concurrently undermining conventional artistic practices? How can glitches be programmed to signify or conversely reveal approaches that would refrain from trying to signify? To what extent do these hiccups unveil specific processes in the works they inhabit? Do glitches compromise the work or can they be considered as one if its specific operating modes, one in which unpredictability becomes necessary to the work itself? Papers can question different types of agency found in book-objects, while re-evaluating the generic notion of interactivity and the looped temporalities/modalities the work creates with its the reader/player/programmer. Papers can also address how new archival practices can either preserve significant glitches, eliminate unwanted ones, or avoid creating additional disruptions. Submission Guidelines Please submit your 300-400 word abstract using the EasyChair Conference system https://easychair.org/conferences/?conf=textures16 before September 1, 2016. Proposals should include a title, biography and contact information of contributors.

P. Morand, Carnets d'un voyage aux Antilles (1927, inédit)

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//www.fabula.org/actualites/documents/74874.jpgPaul Morand CARNETS D’UN VOYAGE AUX ANTILLES. Haïti / Jamaïque / Cuba Nov.-déc. 1927 Éditions Passages ISBN : 978-2-9532272-5-3 125 x 190 mm 204 pages 14 € En novembre et décembre 1927, Paul Morand et son épouse sont de retour dans les Antilles après un passage express effectué au début de l’année. Le but de Paul est de se « documenter » sur les Noirs des Antilles en vue de rédiger la partie antillaise du troisième volet de sa Chronique du XXe siècle : Magie noire . Ces Carnets d’un voyage aux Antilles correspondent aux notes prises au jour le jour par Paul Morand durant son séjour, consignées dans trois carnets conservés dans le fonds Morand des Archives de l’Académie Française, que l’auteur a remaniées pour former la première partie d’ Hiver caraïbe . Les éléments inédits contenus dans ces notes permettent d’appréhender, outre sa méthode de travail et ses humeurs du moment, l’évolution du regard porté par Morand sur les Noirs entre le début de sa « période nègre » en 1927 et sa fin en 1930. Dominique Lanni est maître de conférences à l’Université de Malte où il enseigne la littérature française, les littératures francophones et les théories postcoloniales ainsi que les dramaturgies francophones contemporaines.

P. Morand, Magie noire (rééd.)

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//www.fabula.org/actualites/documents/74875.gifMagie noire Paul Morand Date de parution : 24/02/2016 Editeur : Grasset Collection : Les cahiers rouges ISBN : 978-2-246-86096-9 EAN : 9782246860969 Format : Poche Présentation : Broché Nb. de pages : 221 p. Magie noire, recueil de nouvelles consacré à l'Afrique, paraît en 1928 chez Grasset, chez qui Morand a publié une grande partie de son oeuvre. C'est l'époque de ses grands succès parmi les "4 M" lancés par Bernard Grasset : lui, Mauriac, Montherlant et Maurois. Epoque où Joséphine Baker triomphe au music-hall, où l'on se précipite au Bar nègre pour écouter du jazz, et où masques africains et compositions cubistes ornent les murs des appartements parisiens. C'est toute cette "magie noire" ("Le jazz a des accents si sublimes, si déchirants que, tous, nous comprenons qu'à notre manière de sentir, il faut une forme nouvelle") que Paul Morand fait éclater à son livre, dans un style nerveux et moderne, à une époque où l'hypothèse même de la culture noire faisait ses débuts. A travers les destins d'Occide, provisoirement porté au pouvoir en Haïti, de la danseuse Congo et de tant d'autres personnages, Morand fait mieux que de l'exotisme contemporain : un livre jazzy, swinguant, qui donne envie de manger le monde.

G. Lafage, Charles Le Brun décorateur de fêtes

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//www.fabula.org/actualites/documents/74876.gifCharles Le Brun décorateur de fêtes Gaëlle Lafage Jérôme de La Gorce (Préfacier) Date de parution : 11/06/2015 Editeur : PU Rennes Collection : Art & Société ISBN : 978-2-7535-4014-9 EAN : 9782753540149 Présentation : Broché Nb. de pages : 321 p. Charles Le Brun (1619-1690), le Premier peintre de louis XIV, est resté fameux pour ses grands décors de palais, en particulier, ceux qu'il conduisit à Versailles. Cet ouvrage, consacré à ses décorations de fêtes et de cérémonies, met en lumière une partie encore méconnue de son oeuvre. Ces créations extraordinaires du Grand Siècle unissaient les arts dans de savantes mises en scène. Pendant quelques heures, les édifices ou les jardins se trouvaient métamorphosés grâce aux apparats conçus pour l'occasion, réunissant des peintures, des sculptures, des tapisseries ou de grandes structures, telles que des arcs de triomphe. Détruites à la fin des événements qu'elles accompagnaient, ces oeuvres ont reçu peu d'attention jusqu'à présent. L'analyse des sources contemporaines et des images des décors permet de restituer ces ouvrages, usais également de les replacer dans leur contexte. La genèse de ces oeuvres, leur conception et leur fabrication sont étudiées. redessinant les liens que I,e Brun avait tissés avec les hommes d'Etat (le roi, Séguier, Fouquet et Colbert), avec les hommes de lettres, ainsi qu'avec ses principaux collaborateurs, notamment à la Manufacture des Gobelins. L'une des particularités de Le Brun dans ce domaine fut d'ordonner lui-même des fêtes et des cérémonies, ce qui constitue peut-être un cas unique pour un peintre à cette période. Ces oeuvres oubliées complètent donc le portrait d'un des plus grands artistes français du XVIIe siècle. Plus que tout autre ouvrage, les décorations ordonnées par Le Brun donnent l'image la plus juste de ses recherches et de ses goûts. Enfin, l'étude de ces célébrations et de leur réception offre une meilleure compréhension de ces créations exceptionnelles, tout en leur conférant la pérennité qu'elles méritent. Gaëlle Lafage est docteur en histoire de l'art de l'université Paris-Sorbonne et boursière du Centre de recherche du château de Versailles (2014). *On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage : "Les coulisses de l'éphémères au temps de Louis XIV", par P. Valade.

Langues et Cultures de l'Antiquité : à quoi formons-nous les élèves ?

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Langues et Cultures de l'Antiquité : à quoi formons-nous les élèves ? Les Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA) contribuent à la formation des élèves, mais ce n'est pas suffisamment mis en valeur. Les enseignants de Latin et Grec eux-mêmes n'ont peut-être pas suffisamment conscience de l'efficacité de leur enseignement pour la formation des élèves, et les outils pour l’évaluer manquent. En proposant cette rencontre, nous visons donc à:faire prendre conscience aux enseignants, ou valoriser quand c’est déjà le cas, de quelle manière et à quel degré l’enseignement des LCA contribue à la formation des élèves;redéfinir/réactualiser les finalités de l'enseignement des LCA, au regard de la société contemporaine;sans rien renier de l’apport culturel des LCA, développer l’aspect des LCA qui correspond à un besoin social (étude du français et des langues romanes; interrogation sur sa propre culture et sur celles de son époque).Présentation Les enseignants de Latin et Grec ancien ont-ils suffisamment conscience de l'efficacité de leur enseignement? Ce n'est pas sûr. Dans les séances d'initiation au Latin auprès des élèves de 6e notamment, les enseignants soulignent les vertus de cet apprentissage pour l'orthographe, la grammaire, les langues vivantes, le raisonnement logique, l'imaginaire... Cependant, dans notre société régie par la vie d'entreprise, la productivité et la rentabilité, le bénéfice apparaît assez nuancé aux yeux de la société car des études mondiales et européennes semblent souligner les carences de l’Education française. L’instauration de tests, puis de cours de grammaire et d’orthographe à l'université et dans les grandes écoles semble mettre en question l’excellence de l’Education à la française telle qu’elle était connue autrefois. Au-delà de l'apport culturel des Langues et Cultures de l'Antiquité, cette rencontre proposera de prendre le temps de dresser un état des lieux de ce qui est effectivement réalisé par les élèves dans les cours de langues anciennes et d’évaluer précisément la qualité de l'apport des LCA pour les élèves. Que nous enseignions les Langues et Cultures de l’Antiquité au Primaire, au Collège, au Lycée, dans l’Enseignement Supérieur, nous souhaitons nous interroger et travailler sur l'efficacité de l'enseignement que nous dispensons. Il ne s'agit pas de parler de moyens (qui dépendent de l'Etat), mais de partir de ce que nous faisons déjà et pouvons faire à notre échelle, avec les compétences qui sont les nôtres: la pédagogie. En proposant cette rencontre, nous ne visons pas une simple efficacité matérielle; notre projet ne consiste pas du tout à n'étudier que des choses utiles pour la vie quotidienne et professionnelle. Ce projet ne consiste pas non plus à diminuer l’apport culturel que constituent les langues anciennes. Nous entendons nous intéresser à un certain nombre d’apprentissages qui sont mis en œuvre dans les cours de Langues et Cultures de l'Antiquité; pas seulement des apprentissages directs concernant l’étymologie ou la grammaire, mais surtout des apprentissages plus profonds, concernant la langue française et d’autres langues européennes, comme la capacité de décomposer des mots en composants linguistiques. Comme le suggère Pierre Judet de La Combe dans L'avenir des anciens (Albin Michel, 2016), il s'agit plus profondément de construire une relation historique avec la réalité qui nous entoure. Par conséquent, les quatre questionnements qui nous guident et que nous souhaitons mettre en lumière sont les suivants:Quels apprentissages les élèves réalisent-ils effectivement lorsqu'ils pratiquent les Langues et Cultures de l'Antiquité ?Quels «bienfaits» l’apprentissage des langues anciennes apporte-t-il aux élèves, jeunes du XXI ème siècle?Comment pouvons-nous rendre plus visibles auprès des élèves et de leurs parents les progrès que les collégiens latinistes et hellénistes réalisent tout au long de cet enseignement ?Comment pouvons-nous améliorer l'efficacité de notre enseignement ?Cette rencontre comptera plusieurs temps distincts: le premier pour définir ce que les enseignants de LCA apportent déjà à leurs élèves en terme de formation des élèves; le second sous la forme de contributions sur la société et sur les expériences pédagogiques de collègues. Cette rencontre pourrait se dérouler sur deux jours à la mi-février 2017, en France métropolitaine. *Modalités pratiques d'envoi des propositions de contributions Les contributions sont attendues pour le début des vacances de Noël (samedi 17 décembre 2016) à l'adresse suivante: rencontrelca2017@gmail.co mIl est demandé d'envoyer un texte d'explication de la démarche, dans la limite de 1000 signes. Il devra être accompagné d’une explication du parcours didactique du contributeur (500 signes). Comité de sélection des contributions Les propositions seront sélectionnées par les personnes à l'initiative de ce projet de rencontre:Marc Bubert – Enseignant de Lettres classiques en lycée et collège français au Luxembourg; précédemment initiateur, en France, de l'Enseignement Conjoint des Langues Anciennes (ECLA) avec Jean-Philippe CERDA; au Luxembourg, initiateur d'un enseignement de "Littératures Européennes et Société".Vincent Bruni – Enseignant de Lettres classiques dans l'académie d'Amiens; a assuré des formations en didactique des langues anciennes; président de l'ADLAP (Association pour la diffusion des langues anciennes en Picardie).Philippe Cibois - Professeur émérite de sociologie de l'université de Versailles-St-Quentin; membre de l'association Arrête Ton Char; réalisateur du site La question du latin .Thomas Frétard – Enseignant de Lettres classiques en collège dans l'académie d'Orléans – Tours; membre de l'association Arrête Ton Char.Benoît Jeanjean - Professeur de Langue, littérature et civilisation latines à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest); membre de l'Equipe d'Accueil 4249 HCTI (Héritages et Constructions dans le Texte et l'Image); vice-président de l'ARELA Bretagne; membre de l'APLAES; membre de l'association THAT (Textes pour l'Histoire de l'Antiquité tardive); coordinateur du projet pédagogique LIBROS (Latin : Initiation en Bibliothèque à la Recherche sur les Oeuvres des Savants) à destination des élèves latinistes des classes de 3ème à Tale; organisateur des Assises des langues anciennes en Bretagne (07.05.2015).Samuel Tursin – Enseignant de Lettres classiques en collège dans l'académie de Lille; membre de l'APLAAL (Association de promotion des langues anciennes de l'académie de Lille) et de l'association Arrête Ton Char.Patrick Voisin - Professeur de chaire supérieure dans les classes préparatoires littéraires aux ENS; fondateur du Concours CICERO et auteur de Il faut reconstruire Carthage. Méditerranée plurielle et langues anciennes , Paris, 2007.Création du projet Marc Bubert, Vincent Bruni, Philippe Cibois, Thomas Frétard, Benoît Jeanjean, Samuel Tursin et Patrick Voisin sont enseignants à divers niveaux du système scolaire français. Réunis au sein d'associations disciplinaires ou ayant fait connaissance via des blogs et des contributions de réflexion sur l'enseignement des langues anciennes, ils ont souhaité procéder à une synthèse ouverte et neutre des pratiques d'enseignement du latin et du grec. Leur projet est de parvenir à un état des lieux de ce qui est effectivement réalisé par les élèves dans les cours de langues anciennes et d'avoir ainsi une vision réaliste de ce que ces enseignements leur apportent. De ce fait, l'appel à contribution et la rencontre envisagée à sa suite se veulent ouverts à tous, sans donner d'importance aux éventuelles étiquettes associatives ou syndicales.

Littérature n°182: Aristote, l'aventure par les concepts

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LITTÉRATURE N° 182 (2/2016) Aristote, l'aventure par les concepts Armand Colin,juin 2016,128 page EAN :9782200930561 18€5-12 : Aristote au Seuil et au-delà, par Bérenger Boulay,Frédérique Fleck et Florian Pennanech Lire le résumé13-16: La Poétique : Histoire de la traduction, par Roselyne Dupont-Roc etJean Lallot Lire le résumé17-18: La Poétique d’Aristote dans la collection « Poétique », par Tzvetan Todorov Lire le résumé19-25: La Poétique et les lettres « modernes », par Yves Chevrel Lire le résumé26-28: Historia-chronique : Ricoeur et La Poétique, par Bérenger Boulay Lire le résumé29-32: La Poétique... ailleurs, par Roselyne Dupont-Roc Lire le résumé33-35: La Poétique au Seuil ou L’aventure par les concepts, par Christine Noille Lire le résumé36-39: Si c’était à refaire..., par Jean Lallot Lire le résumé40-52: Représentation ou répétition ? À propos de la traduction du mot mimèsis dans la Poétique, par Daniele Guastini Lire le résumé53-59: La valeur de l’objet de mimeisthai et ses enjeux, par Claudio William Veloso Lire le résumé60-77: Katharsis versus mimèsis : Simulation des émotions et définition aristotélicienne de la tragédie, parMarwan Rashed Lire le résumé78-88: Les lunettes du philosophe, par Bérenger Boulay Lire le résumé89-126: Aristote et la comédie, parFlorian Pennanech Lire le résumé

Interférences littéraires/Literaires interferenties , n° 18, mai 2016 : "Circulations publicitaires de la littérature"

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//www.fabula.org/actualites/documents/74881.jpgRéférence bibliographique : "Circulations publicitaires de la littérature", dans Interférences littéraires/Literaires interferenties , n° 18, mai 2016, KU Leuven / UCL, 2016. EAN13 : 20312790. Circulations publicitaires de la littérature , s. dir. Myriam Boucharenc, Laurence Guellec & David Martens, dans Interférences littéraires/Literaire interferenties , n° 18, mai 2016. Que s’est-il joué, du XIXe siècle à nos jours, dans la médiation marchande de et par la littérature, l’intégration de ses symboles et de ses emblèmes dans les univers de marques, les détournements tactiques de l’imaginaire lettré par la stratégie des désirs, dans cette circulation publicitaire des textes, des citations, des références, des formes littéraires, des figures d’écrivain et de leurs « signatures » ? Que s’opère-t-il dans la médiation marchande de la littérature aussi bien que dans la médiation littéraire des discours marchands ? Quelles dimensions de ces deux secteurs ont été affectées, et selon quelles modalités ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est véritablement à son autre que chacun s’est confronté, dans une relation rien moins que symétrique eu égard à la nature des finalités et des traditions respectives de ce qui apparaît comme deux domaines distincts, mais nullement isolés l’un de l’autre, et dont les rapports se nouent sur plusieurs plans : le plan de l’intertextualité, celui des formes médiatiques mises en œuvre et, enfin, celui des interactions d’ordre sociologique entre les agents de ces différents champs. Ce numéro d’ Interférences littéraires/Literaire interferenties se penche sur ces questions de façon à proposer une table d’orientation destinée à débrouiller ce complexe écheveau d’enjeux. Il constitue en outre la première publication collective de l’ANR Littépub : «Littérature publicitaire et publicité littéraire de 1830 à nos jours». Table des matières Myriam Boucharenc, Laurence Guellec & David Martens Les circulations publicitaires de la littérature. Table d’orientation Laurence Guellec Quand Mercure commandait des prospectus à Apollon. Littérature publicitaire et genre littéraire au xix e siècle Álvaro Ceballos Viro Flores del árbol de la publicidad. La poesía publicitaria en España Mathilde Labbé Slogan poétique et jouissance du texte. Des Hugobjets au château Chasse-spleen Sarah Bonciarelli “Bisogna fare della pubblicità come si fa un’opera d’arte”. Gabriele D’Annunzio e i percorsi della scrittura letteraria in pubblicità Myriam Boucharenc Étranges fleurs publicitaires. Littérature publicitaire et publicité littéraire dans l’Entre-deux-guerres Anne Reverseau La description d’objets: catalogue, inventaire et rhétorique publicitaire. À partir du Catalogue de l’antiquaire de Pierre Albert-Birot (1923) Kristof Van Gansen Literature and Advertising in Arts et métiers graphiques Pascale Hellegouarc’h Conte et publicité : les voyages du Petit chaperon rouge Sylvie Fabre De la réécriture à la production littéraire. Les nouvelles formes du discours de marque Myriam Boucharenc, Laurence Guellec & David Martens La littérature au pays de la publicité. Circulations intertextuelles, médiatiques et sociologiques Varia Nadja Cohen Charlot, poète malgré lui Usha Wilbers The Invisible Hand of the Editor. The Making of the Paris Review interview Fanny Lorent Robbe-Grillet va plus loin avec L’Express ... Le romancier face à l’entretien journalistique Valérie Dussaillant-Fernandes Le cancer au pays d’Alice : Lydia Flem et son conte à ne pas mourir debout

Noèsis , n° 30 : "Europe"

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Europe Appel à contributions pour le numéro 30 de la revue philosophique Noèsis à paraître à l’automne 2017 La revue Noèsis consacrera son trentième numéro au thème de l’Europe. Ce choix résulte du constat de l’accumulation de ce qu’il est convenu d’appeler «les crises européennes». Dites «grecque», «des dettes souveraines», «de la zone Euro», «ukrainienne», «des réfugié-e-s», «sécuritaire» ou encore «Brexit», leur violence et leur imbrication sont telles qu’elles paraissent relever d’une même crise plus profonde de l’Europe en tant que telle, et requérir, pour leur compréhension et leur surmontement, un examen global. La forme de ce constat n’est certes pas nouvelle: en 1935 déjà, dans La crise de l’humanité européenne et la philosophie , Husserl thématisait «la crise de l’humanité européenne», faisant d’ailleurs aussi remarquer la récurrence «du thème (…) de la crise européenne» [1] . Mais précisément, la récurrence de cette récurrence ne prouve-t-elle pas l’ancienneté et la radicalité de la crise actuelle de l’Europe, l’ancienneté de son irrésolution aussi et donc la nécessité, pour la surmonter, de répéter, différemment, la tentative de la comprendre? Le titre de ce numéro – Europe – signifie la proposition, pour cela, de procéder avec la simplicité adéquate à la radicalité supposée de la crise, en demandant pour commencerce qu’il faut comprendre sous le nom d’Europe. Il s’agit d’élaborer collectivement un concept correct d’Europe, dont nous savons au moins que, loin de la formulation proposée par Husserl comme «téléologie historique des buts infinis de la raison» [2] , il intègre l’incompréhension européenne de la situation européenne, et qu’il requiert donc, pour son élaboration, les perspectives des extériorités de l’Europe et une autre méthode. Pour organiser l’élaboration, six axes de réflexion sont proposés. Le premier peut être dit de philosophie générale: il s’agira de poser la question «Qu’est-ce que l’Europe?» comme une question philosophique, de la problématiser et d’y répondre. Il faudra tenir compte pour cela de ce que l’Europe a régulièrement été conceptualisée philosophiquement. Suivant un deuxième axe de réflexion, relevant de l’histoire de la philosophie, il s’agira donc d’expliquer les concepts d’Europe de Leibniz, de Kant, de Hegel, de Marx, de Nietzsche, de Husserl, de Heidegger, d’Arendt, de Fanon, de Patočka, de Derrida, d’autres encore, et de procéder à la généalogie de la conceptualisation de l’Europe. Le troisième axe de réflexion proposé peut être dit géophilosophique. De même que le constat de l’incompréhension européenne de la situation européenne, le simple rappel que l’Europe est dans le monde rend nécessaire de poser la question «Qu’est-ce que l’Europe?» depuis son dehors aussi. Que seraient donc un concept africain d’Europe, un concept amérindien, arabe, chinois, indien ou papou d’Europe, et un concept d’Europe d’autres et d’ailleurs encore? Il faudra tenir compte de ce que les modes d’extériorité de l’Europe sont eux-mêmes divers, et la penser aussi depuis les zones floues de ses délimitations géographiques ordinaires, depuis les extériorités violemment construites en dedans et depuis d’autres extériorités encore. Que seraient donc un concept balkanique d’Europe, un concept immigré, juif, musulman, noir, réfugié, russe, turc, tzigane d’Europe, et un concept d’Europe d’autres et d’ailleurs encore? Le quatrième axe de réflexion proposé est épistémologique. A quelles conditions logiques et méthodologiques un concept philosophique d’Europe est-il possible? A quelles conditions un concept philosophique est-il possible, en général, d’objets géographiques et géopolitiques tels que les continents, les pays ou les peuples? Que seraient les éléments d’une méthode géophilosophique, pourra-t-il également être demandé, éminemment avec Deleuze et Guattari? Le cinquième axe de réflexion proposé peut aussi être dit épistémologique, mais il ne relève plus tant de l’épistémologie de la philosophie que d’une épistémologie de l’interdisciplinarité, que la multidimensionnalité de l’Europe rend nécessaire: que seraient un concept juridique d’Europe, un concept anthropologique, économique, géographique, historique, psychanalytique ou sociologique d’Europe, et aussi, outre le droit et les sciences humaines et sociales, un concept artistique d’Europe, architectural, dansant, littéraire ou musical? Comment s’articuleraient-ils? Il s’agira enfin, conformément à la dimension intrinsèquement politique à la fois de la philosophie et d’une réalité telle que l’Europe, d’assumer politiquement la prétention structurante de la philosophie, c’est-à-dire, quant à l’Europe, sa prétention constituante, et d’engager une réflexion de type programmatique. Le projet d’une République européenne, ou de Lois européennes, peut-il avoir un sens? Faut-il une constitution de l’Europe? Si oui, quelle doit-elle être? La norme d’un concept correct d’Europe peut-elle être celle d’une institution correcte de l’Europe et de l’action la créant? L’unité politique de l’Europe est-elle possible avec les hétérogénéités européennes? Pourrait-elle, et comment, être agencée à d’autres unités géopolitiques? Que serait la bonne politique européenne, en Europe et relativement au monde? Quelles transformations produire, et comment, pour la réaliser? Un peuple européen existe-t-il seulement? Si non, peut-il, et comment, se créer? Les intériorités convenues de l’Europe, par exemple les Etats-nations, n’ont-elles pas été construites comme des extériorités relatives et inconciliables?Y aurait-il des concepts allemand, anglais, espagnol, français, hongrois ou polonais d’Europe, qui seraient contradictoires? Il faudra intégrer ici l’indissociabilité de la géophilosophie et de ce qui pourrait alors être appelé «la sociophilosophie», et exprimer les altérités non géographiques de l’Europe. Que seraient donc un concept féminin d’Europe, un concept homosexuel, jeune, prolétaire d’Europe, et d’autres encore? Il est entendu que, si, reconnaissant l’autonomie relative de la réflexion politique, un axe lui est consacré, la réflexion politique est transversale, et que chaque contribution, dans chaque axe de réflexion, pourra comporter une ou plusieurs propositions politiques. Elles seront rassemblées et comparées en conclusion, et, si possible, confrontées dans un colloque projeté au moment de la publication. Il est également entendu qu’une telle transversalité vaut pour tous les axes de réflexion: ils sont proposés sans prétention d’exhaustivité et suivant des distinctions et un ordre modifiables dans le cours de la réalisation du numéro. Indications pratiques Il est demandé que les propositions soient d’abord énoncées sous la forme d’un résumé de l’article prévu, en 3500 signes au maximum, dans un document en format Pdf, envoyé à l’adresse noesis@listes.unice.fr avant le 15 septembre 2016. Pour favoriser la neutralité de la sélection, il est également demandé que ce document soit anonyme, et transmis dans une pièce jointe à un message électronique indiquant quant à lui le nom et les coordonnées de l’auteur-e. Une réponse sera donnée avant le 30 septembre 2016. Il sera ensuite demandé aux auteur-e-s dont les propositions auront été sélectionnées de transmettre leurs articles, en 35000 signes au maximum, avant le 31 janvier 2017. Dans le cas où des modifications paraîtraient nécessaires, un compte-rendu de lecture leur sera remis avant le 15 mars 2017. Il sera enfin demandé aux auteur-e-s de donner les versions définitives de leurs articles avant le 15 mai 2017, la publication du numéro étant prévue en septembre 2017. Les résumés et les articles pourront être écrits en anglais ou en français. Toute demande d’information complémentaire peut être transmise à Salim Abdelmadjid, qui dirige l’édition du numéro, à l’adresse suivante: salim.abdelmadjid@unice.fr .Présentation de Noèsis La revue Noèsis ( http://crhi-unice.fr/revue-noesis ), créée en 1995 par Dominique Janicaud, est une revue de philosophie publiée par le Centre de recherches en histoire des idées (Crhi, http://crhi-unice.fr ) de l’Université Nice Sophia Antipolis (Uns). Ses numéros, thématiques, portent principalement sur les quatre axes de recherches du Crhi: esthétique, logique et épistémologie, phénoménologie et herméneutique, philosophie politique. Le directeur du Crhiest Pierre-Yves Quiviger, professeur au département de philosophie de l’Uns et au Crhi. La directrice de la publication de Noèsis est Carole Talon-Hugon, professeure au département de philosophie de l’Uns et au Crhi. Le directeur de l’édition du numéro 30, Europe , est Salim Abdelmadjid, attaché temporaire d’enseignement et de recherche au département de philosophie de l’Uns et au Crhi (2015-16), post-doctorant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (2016-17). Le comité scientifiquede Noèsis est composé de Miguel Garcia Barò, Angela Ales Bello, Magali Bessone, Michel Blay, Olivier Boulnois, Pierre Destrée, Benoît Frydman, Denis Kambouchner, Bruno Karsenti, Jerrold Levinson, Paisley Livingston, Gleen Most, Christian Nadeau, Charles Ramond, Gunnar Skirbekk, Giuseppe Tognon et Franco Trabattoni. Son conseil de rédaction est composé de Florence Albrecht, Philippe Audegean, Michaël Biziou, Christian Bracco, Ondine Breaud, Geneviève Chevallier, Ghislaine Del Rey, Jean-Luc Gautero, Elsa Grasso, Grégori Jean, Hervé Pasqua, Mélanie Plouviez, Sébastien Poinat, Pierre-Yves Quiviger, Jean Robelin, Christine Schmider, Carole Talon-Hugon et André Tosel. Son secrétariat d’éditionest assuré par Claire Gaugain, son administrationpar Laurence Fulconis-Loth et sa diffusion et sa distribution par la Librairie philosophique J. Vrin – 6, place de la Sorbonne – 75005 Paris. [1] Husserl, La crise de l’humanité européenne et la philosophie , trad. N. Depraz, Paris, Hatier, 1992, p. 50 [2] Id., p. 78

L. Corbel, A. Lontrade (dir.), La Critique : art et pratique

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//www.fabula.org/actualites/documents/74883.jpgRéférence bibliographique : La Critique : art et pratique Laurence Corbel et Agnès Lontrade (dir.), Presses universitaires du Midi, collection "L'Art en oeuvre ", 2016. EAN13 : 9782810704156. Année: 2016 — 21.00 € — 192 p. Laurence Corbel et Agnès Lontrade (dir.) , La Critique : art et pratique Aborder la critique comme art et comme pratique, c’est s’intéresser à sa dimension foncièrement ouverte et problématique, la concevoir comme «banc d’essai» dans une discussion sans cesse renouvelée sur sa nature, ses conditions d’existence et son efficience sur les modes de reconnaissance de l’art. C’est aussi revendiquer l’exercice dialectique de la théorie et de la pratique contre une critique ramenée à une forme figée coupée du vif de la création. Considérer la critique comme art implique de questionner une méthodologie particulière de la critique définie, moins comme discours second ou sur l’art, que comme discours dans l’art. En ce sens, la critique peut être perçue à la façon de la critique romantique comme une forme nécessaire de parachèvement de l’œuvre. C’est aussi l’envisager comme création à part entière, exercice poétique, littéraire ou plasticien. Ou encore, la comprendre dans les écrits d’artistes comme le réfléchissement de l’œuvre en création, son reflet conceptuel. Ce discours de l’art peut également être une manière de déjouer l’emprise de l’interprétation philosophique s’attachant moins à la singularité des œuvres et des démarches qu’au terme générique d’ art . Car, outre la difficile articulation de la théorie et de la pratique, c’est aussi celle de l’esthétique et de la critique qui est en jeu, lorsque l’esthétique – ou l’histoire de l’art – entre en conflit d’intérêt avec la critique. La critique comme art nous met face à un double défi: celui d’un équilibre, voire d’une identification, de la théorie et de la pratique, celui de l’acceptation d’une esthétique n’entravant pas la confrontation directe aux œuvres, mais au contraire la garantissant. En privilégiant cet axe créatif et en perpétuel mouvement du discours sur l’art, cet ouvrage examine les évolutions les plus récentes de la pratique critique, tout en les inscrivant dans une généalogie qui permet de dessiner, par-delà les ruptures qui marquent l’histoire de la critique, des continuités et des filiations. Sommaire Préface Laurence Corbel et Agnès Lontrade Introduction Laurence Corbel et Agnès Lontrade
 « La critique en acte, la critique à l’œuvre ». I. Évaluation et légitimation critique Jean-Pierre Cometti « Critique, légitimation et autolégitimation » Nicolas Thély
 « Digital Humanities et Happy Few : de nouveaux outils pour réinvestir un champ sous-estimé de la critique d'art ». Jean-Michel Frodon « La critique de cinéma et ses mauvais maîtres » Hélène Jannière 
« Jugement et évaluation dans la critique d'architecture : points de vue d'architectes et de critiques » II. La critique comme art Dominique Chateau
 « Analytique versus synthétique : la critique d’art comme expérience esthétique. Quelques remarques » Olivier Schefer
 « Critique romantique, réflexivité et poésie » Marianne Massin
 « La critique et sa mise “en œuvre” poïétique » Leszek Brogowski « Do It Yourself : articles de presse sur Hubert Renard » III. La critique en acte Jacinto Lageira « Rationalité esthétique et argumentation critique » Catherine Bernard « Faire corps : pensée, pratique et expériences limites de l'art ». Claire Brunet et Emanuele Quinz 
« Pour une critique du critical design . Sur les retours de l’ Ut pictura poesis
 et du design radical . Une conversation » Florent Perrier 
« Walter Benjamin, critique en temps de crise » Orientations bibliographiques http://pum.univ-tlse2.fr/~La-Critique-art-et-pratique~.html

M. M. Maftei, Un Cioran inédit. Pourquoi intrigue-t-il ?

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//www.fabula.org/actualites/documents/74886.jpgMariaMagdaMaftei, Un Cioran inédit. Pourquoi intrigue-t-il ? Fauves éditions, 2016. 318 p. EAN9791030200331 25,00 EUR Présentation de l'éditeur : On dit que la jeunesse nous marque pour toujours, que le passé ne s’oublie jamais. Qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’un écrivain controversé, avec une double culture, franco-roumaine, et surtout né dans un contexte historique agité? S’appuyant sur des textes roumains non publiés en français et une analyse rigoureuse de son œuvre, Mara Magda Maftei s’attache en premier lieu à l’image de Cioran, l’accueil de ses livres par sa génération, ses commentaires sur ses propres écrits, la réception critique de son œuvre en Roumanie avant 1989, ainsi que la distance qu’il prit avec le « légionarisme » et les attaques qu’il subit en Occident de la part de ses anciens idolâtres. Mais Cioran se détache comme étant l’écrivain qui déploie toutes ses forces dans une philosophie politique, une philosophie expérimentale et une philosophie religieuse. Dimension politique, mysticisme, expérience personnelle, mort, suicide, absurde, solitude, échec – autant d’axes de réflexion que Mara Magda Maftei aborde dans un second temps, avant d’éclaircir la relation de Cioran avec Dieu. Car au-delà du simple constat de son athéisme, d’où provient son absence de croyance, lui né dans une famille très religieuse, qui se complaît dans une souffrancelégitime, déterminée par le contexte historique, mais aussi une souffrance intérieure, maladive, organique? Un essai qui dessine les contours d’un Cioran inédit, à travers des aspects méconnus du public français émanant de son passé révolutionnaire, de ses amitiés et de son pays d’origine. Mara Magda Maftei , auteur franco-roumaine, est actuellement maître de conférences à Bucarest et chercheur associé à Paris-III (Sorbonne). Elle a consacré une thèse sur Cioran ( Cioran et la jeune génération ) en 2009 avant de s’intéresser à la période de l’entre-deux-guerres ( Cioran et le rêve d’une génération perdue, l’Harmattan, 2013). Elle a été invitée dans plusieurs universités estrangères sur le thème de la littérature engagée - écrivains de la résistance versus écrivains de la collaboration (Garde de Fer versus régime de Vichy) pendant la période de l’entre-deux-guerres en Roumanie et en France et elle collabore également à des revues littéraires roumaines ( Viața românească , Contemporanul ).

H. Jaime, Le Rêve dans la littérature, la musique et la science

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HeliosJaime, Le Rêve dans la littérature, la musique et la science Fauves Editions, 2016. 224 p. EAN 9791030200324 19,00 EUR Présentation de l'éditeur : Depuis que l'homme a pris connaissance de sa vie psychique, le rêve n'a cessé de jouer un rôle essentiel dans son monde intérieur, conditionnant non seulement ses rapports avec son environnement mais encore sa vision du temps et de l'espace. Conceptions cosmogoniques, prémonitions, création artistique, voire révélations scientifiques : pour Hélios Jaime, autant de manifestations possibles des songes… Existe-t-il des liens entre les visions du temps et de l'espace oniriques et les images de l'espace-temps de la cosmologie ? Est-il possible d'établir des relations entre l'hypothèse scientifique et la création littéraire ? Comment se manifeste le rêve dans la composition musicale ? En étudiant les correspondances entre physique, astrophysique, neuropsychologie, création littéraire et composition musicale, Hélios Jaime nous invite à découvrir les sens et les itinéraires insoupçonnés du rêve selon une approche interdisciplinaire, complétée par une bibliographie thématique et une discographie.

Littérature publicitaire et publicité littéraire

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//www.fabula.org/actualites/documents/74882.jpgPremière publication collective du projet ANR Littépub "Littérature publicitaire et publicité littéraire de 1830 à nos jours", la dernière livraison de la revue Interférences littéraires porte sur les Circulations publicitaires de la littérature , sous la direction de M. Boucharenc, L. Guellec et D. Martens. Que s’est-il joué, du XIXe siècle à nos jours, dans la médiation marchande de et par la littérature, l’intégration de ses symboles et de ses emblèmes dans les univers de marques, les détournements tactiques de l’imaginaire lettré par la stratégie des désirs, dans cette circulation publicitaire des textes, des citations, des références, des formes littéraires, des figures d’écrivain et de leurs «signatures»? Que s’opère-t-il dans la médiation marchande de la littérature aussi bien que dans la médiation littéraire des discours marchands? Le sommaire cherche à proposer une table d’orientation destinée à débrouiller ce complexe écheveau d’enjeux.

Œuvre collective et auctoritas professorale dans les milieux scolaires et universitaires en France et aux Pays-Bas (XV e - XVII e s.)

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Œuvre collective et auctoritas professoraledans les milieux scolaires etuniversitaires en France et aux Pays-Bas(XV e - XVII e siècle) Louvain-la-Neuve, 27-28 avril 2017 Journées d’étude organisées par M. Ferrand, P.Desmoulière et A.Lionetto Université catholique de Louvain, GEMCA Université Paris-Sorbonne Ces journées d’étude louvanistes constitueront le deuxième volet d’une réflexion engagée au mois d’octobre 2016 en Sorbonne, sur l’«Œuvre collective» du XVe au XVIIe siècle. Nous souhaitons à cette occasion limiter le champ de recherche à un milieu relativement homogène, celui des écoles et de l’université, en France et aux Pays-Bas. La création littéraire et artistique des écoles a longtemps souffert du mépris de la critique (cf. Lucien Febvre et les «Apollons de collèges»). Pourtant, on s’accorde aujourd’hui à reconnaître le rôle essentiel que certains maîtres (Ravisius Textor, Jean Dorat, Etienne Binet, etc.) ont joué dans le développement intellectuel de l’Europe moderne: l’École fut, par excellence, le lieu où s’affirma l’ auctoritas de grandes figures. La place éminente de ces professeurs-auteurs ne doit pas dissimuler toutefois ce que furent les modalités concrètes de la création dans leurs classes et leur entourage. Sous l’autorité du maître, l’école est, comme l’atelier d’artiste, un lieu authentique de création à plusieurs mains. La fête scolaire, par exemple, mobilise des compétences diverses qui se mettent au service du projet commun. Quel est alors, concrètement, le rôle de chacun? L’autorité du maître est-elle partagée, déléguée? Est-il un «auteur», au sens moderne du terme, un maître d’œuvre, ou simplement le garant de l’œuvre à accomplir? A travers l’étude de cas concrets, dans deux espaces culturels à la fois distincts et connectés, nous nous proposons ainsi de comprendre comment se définit et se construit l’œuvre poétique, musicale, artistique, à l’articulation du travail scolaire et de l’œuvre magistrale. Nous serons particulièrement attentifs, dans nos analyses, à ce qui distingue le milieu scolaire d’autres milieux de création collective : le travail à plusieurs mains, le partage éventuel de l’autorité, ont-ils en soi une fonction pédagogique, voire parénétique? Quelle est la place, en particulier, de l’ exercitatio dans le processus de création artistique ? En quoi, enfin, le milieu et la nature de cette production singulière modèlent-ils la réception du public d’alors et d’aujourd’hui et expliquent-ils les préjugés dont a longtemps souffert notre objet ? La réflexion pourra s’appuyer sur une documentation variée, témoignant de la collaboration active des maîtres et des élèves : - Archives administratives sur la vie de établissements ; - Récits et témoignagesd’élèves, de maîtres, de spectateurs, etc.; - Ouvrages commémoratifs d’événements organisés par l’institution; - Plaquettes de circonstance publiées au nom de l’institution; - Réalisations picturales (recueil d’emblèmes, adfixiones ) et musicales; - Pièces de théâtre, compositions littéraires (poétiques, oratoires, etc.). Les propositions de communication (500 signes environ) devront être envoyées aux deux adresses suivantes mathieuferrand@yahoo.fr et adelinelionetto@hotmail.com avant le 30 septembre prochain. Elles pourront être rédigées en français ou en anglais.

Pierre Bayle, Correspondance , vol.13 : janvier 1703–décembre 1706

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Correspondance de Pierre Bayle , vol.13 janvier 1703–décembre 1706, Lettres 1591–1741 Ed.†Elisabeth Labrousse et Antony McKenna, Wiep van Bunge, Edward James, Bruno Roche, Fabienne Vial-Bonacci ISBN 9780729410694, xxx+625 pages, 15 illustrations, £125.00 La dernière période de la vie de Bayle est d’une grande intensité intellectuelle et d’une grande fécondité. Grâce au répit conquis au moyen des Eclaircissements , il peut composer son œuvre philosophique la plus accomplie, la Continuation des pensées diverses (1705), accompagnée de la Réponse aux questions d’un Provincial (1704-1707) et suivie par sa réfutation (inachevée mais décisive) de la théologie rationaliste, Entretiens de Maxime et de Thémiste (1707). C’est une période de conflit philosophique et religieux, parfois âpre, contre tous ceux qui élèvent des objections contre les analyses du Dictionnaire : dom Alexis Gaudin et William King, d’abord, Isaac Jaquelot, Jean Le Clerc et Jacques Bernard, ensuite. Bayle tient à réfuter tous les arguments de ses adversaires avec sa précision scrupuleuse habituelle. Pierre Des Maizeaux établi à Londres, lance, avec l’imprimeur Jacob Tonson, le grand projet la traduction anglaise du Dictionnaire . Bayle reste également en relation avec Lord Shaftesbury, qui soutient financièrement Des Maizeaux et John Toland, s’entretient avec Pierre Coste, correspond avec Benjamin Furly et avec son fils Arent ainsi qu’avec Jean Le Clerc. Un véritable ‘sous-réseau’ de correspondance se constitue ainsi entre les anciens amis de John Locke, décédé en 1704. Autre ‘sous-réseau’: celui de l’abbé Dubos, qui compose des pamphlets favorables à la politique étrangère du ministre Colbert de Torcy. La correspondance de Bayle reflète l’actualité politique et militaire. Quelques nouveaux correspondants font leur apparition au cours de cette période. Mathurin Veyssière La Croze, ancien bénédictin devenu bibliothécaire du roi en Prusse à Berlin, apporte une érudition extraordinaire aux informations qu’il fournit à Bayle pour le Supplément du Dictionnaire . Samuel Crell, correcteur d’imprimerie chez Leers, et dont le frère est un protégé de Shaftesbury, fournit une explication très savante du rokosz de Gliniany . Autre correcteur à l’imprimerie de Leers, le ‘chevalier Destournelles’, apparaît dans le cercle des amis intimes de Bayle au cours des toutes dernières années de sa vie. La fin de la vie de Bayle reflète sa carrière intellectuelle tout entière, car il a toujours été d’une curiosité inlassable à l’égard de tous les aspects de la culture de son temps. Il meurt, le 28 décembre 1706 vers 9 heures du matin, quasiment la plume à la main. Sa correspondance reflète parfaitement la lucidité philosophique, l’exaspération polémique, la finesse analytique, l’audace philosophique et l’industrie féconde du philosophe de Rotterdam. Parution de la Voltaire Foundation, dans la Correspondance de Pierre Bayle .Pour des renseignements complémentaires sur ce volume:http://xserve.volt.ox.ac.uk/VFcatalogue/details.php?recid=6641 Pour tout autre renseignement, ou pour passer une commande: http://www.voltaire.ox.ac.uk/www_vf/books/orders.ssi Pour tout renseignement complémentaire merci de contacter email@voltaire.ox.ac.uk

J. Drigny, S. Pellet et C. Thomas (éds.), Dialogues schizophoniques avec Louis Wolfson .

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Juliette Drigny, Sandra Pellet et Chloé Thomas (éds.), Dialogues schizophoniques avec Louis Wolfson , Paris, Éditions L'Imprimante, 2016. EAN13 : 9782955145418 15€ Le Schizo et les langues de Louis Wolfson , paru en 1970 chez Gallimard, a connu un large écho critique dès sa parution, mobilisant entre autres Gilles Deleuze, Raymond Queneau ou Michel Foucault. La publication, en 2009, du Dossier Wolfson , revenant sur l’histoire de la publication du Schizo et reprenant des textes critiques majeurs, atteste d'une certaine continuité dans l'intérêt porté à l'auteur. L'ouvrage Dialogues schizophoniques avec L ouis Wolfson ne se veut pas tout à fait un addendum à une réception critique déjà longue et riche. Il présente des études émanant de champs universitaires différents (littérature, philosophie, sociologie, psychanalyse, arts du spectacle...), certaines strictement consacrées au texte, mais aussi des réactions plus libres, qu’elles soient plastiques, cliniques ou critiques. Le propos se veut donc dialogique: il y a ce que Wolfson nous dit, et puis ce qu’il nous évoque et qui nous emmène vers des comparaisons variées, avec des pratiques (thérapeutiques, dramatiques) et des terrains (sociologiques, géographiques) qui s’en nourrissent. L'ouvrage est mis en valeur par la conception graphique de Jules Vaulont, ainsi que par les dessins d'Anna Schlaifer, qui enluminent (fût-ce sombrement) ce livre, témoignant d'une lecture à la fois précise et passionnée du Schizo .Comité scientifique : Maurizio Balsamo, Aude Béliard, Claire Davison-Pégon, Guillaume Sibertin-Blanc, Matthias Verger. L'association LETAP, fondée par de jeunes chercheurs issus de disciplines variées, a pour objectif de mêler travaux de recherche et création. Nous encourageons, sans le rendre obligatoire, le dialogue entre les chercheurs et les créateurs (plasticiens, comédiens, musiciens), en maintenant une exigence à la fois sur le plan scientifique et créatif. Le «Projet Wolfson» a également donné lieu à un travail théâtral de mise en voix du texte de Louis Wolfson, La Forge .La maison d'édition associative Les Éditions l'Imprimante a pour objet d'éditer des ouvrages aux formats rarement représentés dans les maisons d'édition classiques. Originaux par la forme et le fond, ces ouvrages promeuvent la rencontre entre travail de recherche théorique et artistique. Sommaire Introduction , Chloé Thomas Retours sur la réception De la « monstruosité » au « livre extraordinaire » : la réception littéraire contemporaine du Schizo et les langues, Juliette Drigny L'Anti-Hegel : Deleuze lecteur de Wolfson, un tournant épistémologique dans l’histoire de la réception des « fous littéraires » ,Raphaël Koenig Louis Wolfson en Italie, chroniques mineures d’une planète infernale ,Pérette-Cécile Buffaria, Pietro Barbetta et Enrico Valtellina Nouvelles approches critiques Louis Wolfson ou la langue en horreur ,Isabelle Alfandary Métaphore et référent de Babel — Le statut narratif ambigu du yiddish dans Le Schizo et les langues de Louis Wolfson ,Cécile Rousselet Interactions urbaines et écriture de soi :le rôle de la ville dans la quête identitaire de Louis Wolfson ,Samuel Harvet La production artistique de personnes en situation de handicap psychique ou mental, un statut au croisement d’enjeux esthétiques et sociaux ,Marie Astier Résonances Le monde privé de Louis Wolfson et de ses proches ,Pauline Blum Atelier d’enseignement d’une langue étrangère. L’enseignement d’une langue étrangère dans un but thérapeutique ,Violeta Arce Le Journal 1976-1988 ,Agnès Bertomeu Conception graphique : Jules Vaulont Illustrations : Anna Schlaifer http://editionlimprimante.wix.com/letap

A. Evstratov, Les Spectacles francophones à la cour de Russie (1743-1796) :l’invention d’une société

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//www.fabula.org/actualites/documents/74892.jpgRéférence bibliographique : Alexeï Evstratov, Les Spectacles francophones à la cour de Russie (1743-1796):l’invention d’une société , , collection "Oxford University Studies in the Enlightenment", 2016. EAN13 : 9780729411820. Les Spectacles francophones à la cour de Russie (1743-1796):l’invention d’une société Alexeï Evstratov 978-0-7294-1182-0, xx+396 pages, 18 illustrations, £75.00 Oxford University Studies in the Enlightenment 2016:07 Le théâtre en langue française, qui fut au centre des occupations quotidiennes de la cour et des élites urbaines russes au XVIII e siècle, n’a jamais été exploré de manière systématique. L’ouvrage d’Alexeï Evstratov vient combler ce manque, en proposant une étude interdisciplinaire des spectacles représentés en français dans la capitale de l’Empire de Russie de 1743 – date de l’installation de la première troupe permanente de comédiens français en Russie – à la mort de Catherine II en 1796. Cette reconstitution du théâtre francophone joué à Saint-Pétersbourg, envisagé comme phénomène artistique, social et politique,met en évidence les interactions entre le projet des autorités, les troupes de comédiens, le répertoire et les pratiques sociales à l’œuvre dans la salle. Alexeï Evstratov propose une vision d’ensemble des multiples aspects des spectacles francophones: il dresse le répertoire des pièces jouées en langue française à la cour et dans la ville, analyse le déroulement des représentations et les discours théoriques quiles accompagnent. Il montre ainsi que les spectacles francophones étaient au cœur de la politique culturelle de Catherine II, et que l’importation de nouvelles pratiques culturelles a permis de créer une société locale supervisée par la cour. Les spectacles jouent en effet un rôle primordial dans la définition des frontières mouvantes entre la cour et la ville, la scène et la salle, la sphère publique et la sphère privée. Dans cet ouvrage, la réflexion de l’auteur s’articule d’une part autour de l’expérience théâtrale, notamment par la reconstitution du cadre de réception du répertoire francophone par les différents publics, et d’autre part autour des transferts culturels entre la France et la Russie au XVIII e siècle. Son enquête sur les comédiens, les spectateurs, les œuvres et les représentations des spectacles contribue ainsi au récit de l’invention d’une société. Introduction 1. La compagnie française de ‘S.M.I. de toutes les Russies’ 2. Spectacles pour un nouvel empire: civiliser la Russie 3. Les spectacles francophones parmi les autres spectacles à la cour 4. La structure du répertoire francophone 5. Le(s) public(s) face aux spectacles: les conditions matérielles et les conventions de la salle 6. L’espace des spectacles de cour: architecture et hiérarchies sociales 7. Les Ermitages de CatherineII 8. De la cour à la ville: le théâtre francophone en dehors du palais impérial Conclusion Appendice 1: Histoire de la Russie au dix-huitième siècle: chronologie Appendice 2: Liste alphabétique des œuvres représentées en français à Saint-Pétersbourg et autres lieux de résidence de la cour (1762-1796) Appendice 3: Liste alphabétique des comédiens français de la troupe impériale Bibliographie Index Parution de la Voltaire Foundation, dans la collection des Oxford University Studies in the Enlightenment .Pour des renseignements complémentaires sur ce volume:http://xserve.volt.ox.ac.uk/VFcatalogue/details.php?recid=6640 Pour tout autre renseignement, ou pour passer une commande: http://www.voltaire.ox.ac.uk/www_vf/books/orders.ssi Pour tout renseignement complémentaire merci de contacter email@voltaire.ox.ac.uk Image de couverture:http://www.voltaire.ox.ac.uk/www_vf/_siteimages/bookcovers2016/OSE-2016-07-50pc.jpg

K. Martin-Cardini (dir.), Le néo

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Le néo Sources, héritages et réécritures dans les cultures européennes Karine Martin-Cardini (dir.). Avec le concours de Jocelyne Aubé-Bourligueux Presses Universitaires de Rennes, 2016 Collection : Interférences Format :15,5 x 21 cm Nombre de pages :558 p. Illustrations :N & B ISBN :978-2-7535-4997-5 Prix :26€ Signe ambigu d’une aspiration au nouveau fondée sur la reprise du passé, le «néo» participe grandement de l’histoire de la culture européenne. Ce phénomène polymorphe est ici questionné en étroite corrélation avec les concepts d’identité et de mémoire qui lui sont consubstantiels. Les vingt-sept études réunies dans ce volume explorent sous des angles variés – théorie ou critique littéraire, esthétique, philosophie du langage, musicologie… – les visages et enjeux du «néo» dans les domaines britannique, français, hellénique, italien, slave, hispanique et lusophone, de l’Antiquité à nos jours. Publié avec le soutien de l’ université de Nantes .

J. Châteauvert et G. Delavaud (dir.), D'un écran à l'autre, les mutations du spectateur

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Référence bibliographique : Jean Châteauvert et Gilles Delavaud (sous la direction de) D'un écran à l'autre, les mutations du spectateur , Co-édition Ina/L'Harmattan, collection "Les médias en actes", 2016. EAN13 : 9782343093024. De la multiplication des écrans, faut-il conclure à une mutation du spectateur ? C’est à cette question que tentent de répondre les auteurs de cet ouvrage, issu d’un colloque international organisé en 2014 par l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), l’Université Paris 8 et l’Université du Québec à Chicoutimi. Une première partie réunit des contributions qui interrogent la notion même de spectateur face à la multiplication des écrans et des plateformes. Dans la seconde partie, les auteurs explorent ces nouveaux dispositifs dont les frontières sont parfois difficiles à cerner, et qui offrent de nouvelles possibilités expressives. La troisième partie décrit des usages récemment apparus qui changent le regard que nous portons sur l’image animée. Enfin la quatrième partie nous introduit à de nouveaux secteurs de recherche, à l’interface des trois précédents. Les auteurs décrivent ces pratiques qui combinent plusieurs écrans, se prolongent entre les plateformes et créent des expériences inédites. SOMMAIRE Introduction Jean Châteauvert, Gilles Delavaud I. SPECTATEURS Du dispositif à l’expérience du spectateur. Qu’est-ce qu’avoir vu un film ? Bruno Trentini Le téléspectateur, un ciné-spectateur comme les autres ? Les apports de l'histoire de la réception télévisuelle Géraldine Poels Alfred Hitchcock d’un écran à l’autre. Comment diriger le téléspectateur Gilles Delavaud Quand le spectateur prend le pouvoir sur les images Thierry Lancien Corps à corps télévisuel : Danse avec les stars Céline Ferjoux La télévision braconnière. La place du spectateur dans la télévision sociale Christophe Lenoir Pratiques d'écran brouillées. Le fansub d'anime en France Françoise Paquienséguy Éléments pour une « écranalyse ». Pratiques et réflexivité des pratiques d’écrans Olivier Aïm, Pauline Escande-Gauquié Les mutations du regard. Spectacles et spectateurs à l’ère d’Internet Julie Alev Dilmaç La pornophilie en contexte numérique Chloé Delaporte Du spectre à l'automate. Deux figures du spectateur Matteo Treleani Document et fiction. L'expérience spectatorielle des écritures documentaires du web Amanda Rueda « Tutoyer le spectateur ». Le renouvellement de la posture spectatorielle par Edgar Morin Séverine Graff Faut-il en finir avec la notion d’identification ? François Jost II. DISPOSITIFS L’écran entre fascination et déspécification des dispositifs Dominique Chateau D’un spectateur captif (absorbé) à un spectateur attentif (dans les conditions appropriées) Marie-Dominique Popelard Les nouvelles plateformes de diffusion. L’expérience spectatorielle Jean Châteauvert D’une relation ludique ? Quand le cinéma se remet en jeu Loig Le Bihan La mise en scène de l’interface. YouTube et l’esthétique de la règlementation Jan Distelmeyer Quelle posture spectatorielle pour le design de l'expérience utilisateur d'un webdocumentaire ? Samuel Gantier Webdocumentaire et spectateur mutant. Le cas de Peau d’Âne, Demy et le merveilleux produit par la Cinémathèque française Marianne Charbonnier et Jean-Michel Denizart D’un écran à l’autre, le documentaire revisité. Une analyse sémio-pragmatique des formats transmédiatiques, participatifs et interactifs de non-fiction Anna Wiehl Le webdocumentaire interactif en tant qu’objet de participation Beate Ochsner III. USAGES Le spectateur de cinéma. Une espèce en pleine mutation face à un média en perte de repères André Gaudreault Espaces de communication physique, espaces de communication mentaux Roger Odin La diffusion d’opéras, de l’écran de télévision aux nouveaux écrans Marie Auburtin Du roman à l’écran connecté, Orgueil et Préjugés en réseau. L’histoire d’une forme web-narrative d’implication du spectateur Marida Di Crosta L’art vidéo et la télévision. Retour sur des conceptions antagonistes de l'écran Jacques Guyot Le spectateur mobile et le (non-)temps de l’œuvre Jonida Gashi Les « flâneurs » ou les spectateurs des œuvres nouveaux médias dans l’exposition d’art contemporain Jieun Park La haute personnalisation de la télévision japonaise Lingzi Ding Sport et vertus du virtuel à la télévision et sur les nouveaux écrans Barbara Laborde Les technologies du numérique au service de l’enseignement. Vers un apprentissage instrumenté et visuel Michaël Bourgatte, Olivier Fournout, Vincent Puig IV. PRATIQUES ET PLATEFORMES La convergence médiatique en question. Critique d’une notion discursive au regard des pratiques audiovisuelles domestiques Guillaume Blanc Les jeux télévisés face à la convergence numérique. De l'écran à l'interface ludique ? Laurence Leveneur Twitter, l’avenir de la télévision ? Virginie Spies Voir et dire la fiction. Vers un double agir communicationnel, #blackmirror #LT Laurence Allard La pyramide de la convergence. Une carte des pratiques de vision de la télévision numérique contemporaine Luca Barra, Massimo Scaglioni Jeux d'écran(s). Noob et ses spectateurs internautes participatifs Julien Péquignot Traversée des écrans de la pièce Théâtre sans animaux . La diffraction du spectateur de théâtre Lucie Alexis Regarder des séries en ligne. Les formes de l’attachement chez de jeunes adultes québécois Florence Millerand, Christine Thoër, Caroline Vrignaud Les pratiques télévisuelles du jeune public à l’heure du multi-écrans. Vers une reconfiguration de la posture spectatorielle ? Amandine Kervella, Elodie Kredens, Marlène Loicq, Florence Rio L’espace relatif de l’utilisateur face aux écrans Lorenzo Vilches
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